85. Cher journal ❕ (réécriture)

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Il y aura un avant et un après ce 19.10.2014.

Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là.

Je dois écrire ce qui s'est passé, maintenant, même si mon corps me supplie d'aller me reposer, que tenir un stylo entre mes doigts flageolants est une gageure ; j'emploierai mes dernières forces à tout dénoncer.

Commençons par remonter le temps.

L'évènement qui m'a tant choqué s'est produit tout à l'heure, mais cela fait des semaines que j'ai épuisé mes réserves. La direction de la Pak m'avait promis qu'à la fin de ma tournée internationale j'aurais un peu de congés, afin de reprendre des forces. Dans cette perspective, j'ai donné tout ce qu'il me restait lors des deux dernières dates, en Australie. C'était au mois d'Août. Deux mois que j'attends ces vacances promises. Deux mois que j'enchaine des plateaux télé, des interviews et des galas. Moi qui n'aime pas parler de mes faiblesses, j'ai réaffirmé plusieurs fois ma demande de repos auprès de la Pak. Gong transmettait la réponse, toujours la même : « Bientôt »

Hier, les premiers symptômes de la crise du 19 avaient commencé à se manifester. Je me suis écroulé plusieurs fois. La tête qui tourne. L'inconscience. Des difficultés à tenir debout. L'air qui m'échappe et la sensation de perdre pied.

— Quand as-tu mangé la dernière fois, Minsuk ? grondait Gong. Quand ?

— Je n'ai pas faim.

C'était la vérité, j'ai perdu l'appétit. La nourriture m'écœure. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens mieux quand je saute le repas. Pour mon manager, mes pertes de connaissance s'expliquaient par la sous-alimentation. Sous la contrainte, j'ai dû absorber trois cuillères de compote et un pot entier de ramen. Un effort de volonté, chaque bouchée me soulevant l'estomac. Tout ça pour rien : un quart d'heure plus tard, sur le trajet qui nous menait à Changwon, j'ai tout rendu dans les toilettes du train.

~

Le lendemain matin, j'étais officiellement malade ; je ne pouvais rien avalé, même pas de l'eau. Une gastro, une grippe, une simple indigestion ? Impossible de savoir, car je n'avais pas le temps de me rendre chez le médecin. Coïncidence du calendrier, ou pas, nous participions à un grand évènement. Ce type de rendez-vous immanquable et prestigieux, diffusé en direct sur une grande chaine devant une foule comptant des milliers de spectateurs. Ce genre de concert qui fait bien monter la pression.

Souvent, je me produis devant des admiratrices qui ont payé pour venir me voir. Elles m'applaudiraient même si je décidais de leur lire le dictionnaire ! Là, c'était différent : je devais convaincre un nouveau public.

J'allais participer au « K-pop world festival ». Il y a quelque temps encore, cette perspective qui m'aurait ravi, mais ce matin, j'étais bien trop malade pour apprécier quoi que ce soit.

Lorsque j'ai posé mes pieds sur la gigantesque scène du complexe sportif de Changwon, j'avais des objectifs modestes : arriver au bout du concert. J'ai fait mes repérages pendant que le metteur en scène me donnait ses instructions. Même en pilote automatique, j'ai essayé de rester attentif jusqu'à la fin des répétitions, puis j'ai rejoint les vestiaires bouillonnants du complexe.

Je ne sais pas comment je tenais encore debout. Mon état d'épuisement était tel que mes souvenirs de ce moment sont comateux. Le soleil avait commencé à décliner, il devait donc être 16 heures 30.

À cause d'une très forte nausée, je me suis dirigé vers les toilettes, mais avant de les atteindre, j'avais perdu connaissance.

Pour MinsukOù les histoires vivent. Découvrez maintenant