Des cheveux bruns presque noirs, des yeux aussi verts que perçants, une peau dorée par le soleil, et une démarche en terre conquise, voilà ce qu'il y a inscrit à côté de « tueur psychopathe ». Mon amie se recule contre le dossier de son siège, le visage complètement blême. Tandis que monsieur le tueur psychopathe nous adresse un sourire en coin.
- Ne t'approche pas plus ! l'avertis-je sans préambule.
Son sourire s'élargit et il s'avance vers nous. Je dépose alors un billet sur la table, prends mon amie par le poignet, et nous entraine loin du café. Derrière nous, j'entends le type continuer à nous suivre en toute tranquillité. Un vrai psychopathe ! Il va vouloir nous amener dans une ruelle sombre pour nous tuer toutes les deux, car je pense qu'il est important de le rappeler: hier, ce mec a tué une toxico sans aucun scrupule. Donc ne me trouvez pas impolie, je suis juste prise d'un élan de bon sens.
Les boutiques, restaurants, et hôtels défilent de chaque côté tandis que nous marchons rapidement à travers les rues pavées du centre-ville, évitant tant bien que mal la valse des touristes. C'est alors que ce psychopathe attire mon attention par une simple phrase:
- J'ai entendu que vous cherchiez un moyen d'aller en Enfer.
A ce moment, je me stop net, obligeant Anaïs à faire de même. Alors de une, il s'est permis de nous écouter, et de deux, non mais de quoi je me mêle ? Néanmoins, je me retourne vers lui, les mains sur les hanches et le regard de haut. Ne pas défaillir, ne pas défaillir tout en sachant que ce type cache des armes sur lui.
Il s'arrête à deux mètres de nous, son sourire en coin étirant toujours ses lèvres. Anaïs quant à elle, ne fait pas la fière, cachée derrière moi. Tout un tas d'émotions traversent son regard, mais sa peur la pousse à rester en retrait. Quant à moi ? Je vous l'ai dit, rien ne m'arrêtera pour retrouver ma jumelle.
- Qu'est-ce que tu sais sur l'Enfer ? lui demandai-je avec assurance.
- Je sais qu'il fait chaud, qu'il y a des lacs de lave, que des âmes en peine n'arrêtent pas d'y geindre, et que Satan dirige tout ça d'une main de maître.
- Comment on y va ?
- Pas si vite, miss, je ne vais pas non plus te dire tout ce que je sais.
Je fronce les sourcils, croise les bras sur ma poitrine, et m'avance d'un pas plus que déterminé, jusqu'à entrer dans son espace personnel. Je relève la tête pour plonger mon regard sans faille dans le sien, et lis l'amusement sur son visage. A ce moment, j'oublie ce qu'il a fait, j'oublie qu'il cache des armes, j'oublie qu'il s'agit d'un tueur psychopathe, à cet instant il n'y a plus que ma jumelle qui compte.
- C'est exactement ce que tu vas faire. Comment entre-t-on en Enfer ?
Son sourire s'élargit, et il évite une fois de plus ma question:
- J'admire ta bravoure, mais ça ne suffit pas toujours.
- Comment—
Soudain, il prend mon menton entre ses doigts et plonge son regard redevenu sérieux dans le mien. En cet instant, je suis quelque peu pétrifiée. Certes, j'adore ma jumelle mais si je veux la ramener il faut que je reste en vie, alors il vaut mieux éviter de faire de vagues car croyez-le ou non, ce type dégage actuellement une aura étouffante.
- On va passer un pacte, toi et moi.
Je le regarde de biais et il relâche enfin mon menton, mais ne recule pas d'un millimètre pour autant.
- Angèle, je ne suis pas sûre que ça soit une bonne idée... murmura Anaïs d'une voix incertaine.
Le type ne prête même pas attention à mon amie qui se tient à quelques mètres derrière moi. Toutefois, il m'intrigue avec son pacte, alors je ne prends pas en compte la mise en garde d'Anaïs. On verra plus tard si s'était une erreur ou non.
- Explique-toi.
- Je te dis comment entrer en Enfer et t'en donne les moyens. En échange, tu me devras un service.
- Quel genre de service ?
- Tu le sauras en temps et en heure.
- Et tu penses que je vais accepter sans même savoir dans quoi je m'engage ?
Un sourire en coin étire ses lèvres, apparemment je l'amuse, parfait... Toutefois, lorsqu'il reprend, sa voix est plus empreinte d'assurance que d'amusement:
- Bien sûr. Personne ne souhaite aller en Enfer, alors pour le vouloir ta raison doit en valoir tout l'or du monde.
- Qu'est-ce qui me dit que tu vas tenir parole ?
- Je ne brise pas mes serments, miss. De plus, ton souhait sera réalisé avant le mien. Donc si quelqu'un devrait briser son serment ce serait toi.
- Hum.
- Alors, tu acceptes maintenant ou dans 3 ans ? Sache que j'ai tout mon temps, moi. En revanche... ce que tu convoites en Enfer n'en a peut-être pas autant que moi.
- J'accepte.
- Parfait, ainsi soit-il, dit-il en m'offrant un grand sourire. Le moment venu, tu me rendras service.
Sur ce, il tourne les talons et s'éloigne. Non mais je rêve, il ne va pas nous planter là ?! Je m'élance immédiatement à sa suite, et c'est alors que je l'entends ricaner.
- Tu ne peux déjà plus te passer de moi ?
- Comment je vais en Enfer, réponds-moi !
- Angèle, tu es complètement folle ! déclara Anaïs en s'empressant de nous rattraper pour venir marcher à mes côtés, non sans jeter des coups d'oeil suspicieux au mec. Pourquoi tu pactises avec lui ?
- Je dois retrouver ma soeur, et tu le sais.
- Il ne tiendra pas parole.
- Je tiendrai parole, pourquoi ne le ferais-je pas ?
- Vous êtes... le mal incarné ! s'écria mon amie.
Il éclate d'un rire franc avant d'adresser un regard amusé à Anaïs qui n'a toujours pas repris ses couleurs.
- Je ne te trouve pas très reconnaissante, toi qui avais pourtant passé une bonne soirée grâce à moi.
- J'ai passé la pire soirée de ma vie, à cause de vous !
A ce moment, il fronce les sourcils et le ton de sa voix devient tranchant:
- Toi seule es responsable de tes actes, jamais je ne t'ai poussé à quoi que ce soit, mets-toi bien ça dans la tête.
Il accélère le pas lorsque nous délaissons le centre-ville pour des rues plus tranquilles. En revanche, monsieur Pas-Responsable ne m'a toujours rien dit sur comment aller en Enfer. Il ne m'a d'ailleurs rien dit d'autre sur l'Enfer ! Mais bien que je sois exaspérée au plus haut point d'avoir espéré, je reste émotionnellement distante afin que ma gorge ne rencontre pas sa lame. Et je sais qu'elle est cachée quelque part dans sa veste, vous aussi vous l'avez vu, cette psychopathe zombie encore plus. Alors on va rester courtois même si j'ai envie qu'il embrasse le bitume.
- Dis-moi comment on fait p—
- Mademoiselle Roy ?
Je me retourne brusquement au son de cette voix râpeuse. Un vieil homme aux cheveux blancs, au visage ridé, au dos vouté, et à la chemise à carreaux me fait face.
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De l'Autre Côté
Paranormal« Vous connaissez l'expression « être une grenouille de bénitier » ? Eh bien je peux vous assurer que tous les membres de ma famille sont des batraciens. Par là j'entends : croix en folie et messes à gogo. Ma famille est si religieuse que Satan lui...