Chapitre 39 : L'ordre du chaos

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Assise sur mon lit, je médite à propos de mon plan d'action. J'ai beau être déterminée, je m'apprête tout de même à m'en prendre à quelqu'un d'une certaine trempe. Mais après ça, tout sera fini, je n'aurais plus qu'à retrouver ma soeur et la ramener.

Il fut un temps où je voulais obtenir l'aide de ce type, mais... autant tendre l'autre joue, comme le disait un grand sage.

Travaillée par les incessantes pensées à propos de... Satan en personne, je me lève et m'avance vers la fenêtre qui a été verrouillée. Non mais vous y croyez, vous ?! Depuis le début, il était là, c'était lui. Je lui ai même parlé, qui peut se vanter d'avoir parlé au Diable, hein ? Oh mon dieu... mais j'ai fait bien pire que lui parler, et j'aurais préféré ne pas pouvoir m'en vanter. Sérieux, comment ai-je fait pour ne pas m'en apercevoir ? Ok, peut-être car c'est un être divin supposé n'être vivant que dans l'imaginaire collectif. Mais toute de même ! Depuis le début il est bizarre : alcool, drogue, sexe, violence, mort, tous ces trucs... diaboliques.

Je pousse un profond soupir. J'ai juste l'impression d'être une de ces héroïnes que l'on trouve tous stupide de ne pas avoir deviné plutôt que son voisin était un tueur psychopathe alors qu'il l'a invité à manger chez lui un repas douteux. Pour ma défense, le Diable n'est pas supposé exister. Ok, oui, je sais... Peut-être qu'il existe pour certains, tout comme Dieu, mais je ne suis pas ce genre de croyante. En fait, je ne suis même plus sûre d'être croyante. Peut-on encore se prétendre bon croyant lorsqu'on se retrouve en Enfer après avoir croisé le Diable maintes fois, et qu'on s'apprête maintenant à le tuer ? Après tout... Tantine dit bien avoir conservé la foi... Néanmoins, Tantine n'est visiblement pas celle que nous croyions tous : la femme parfaite et soignée qui ne fait jamais rien de travers, et qui protège sa famille contre les péchés les plus obscurs. Je crois que nous nous sommes tous fait avoir. Dieu lui-même a dû être surpris, enfin... peut-être pas tant que ça puisque monsieur sait tout, entend tout, et voit tout.

Maintenant que j'y pense... comment—

- Pourquoi t'as fait ça, Angèle ?

L'accent chantant de Lidia interrompt mes pensées bouleversées. Je me tourne vers l'entrée, et la jeune femme s'empresse de venir à moi pour me secouer comme un prunier.

- Pourquoi tu as fait ça ? Tu veux souffrir ad vitam aeternam ? Torturée par tes pires cauchemars.

Puis elle me relâche et se recule d'un pas avant de me dévisager avec ahurissement.

- T'es complètement folle. Folle, oui, tu es folle. S'en prendre au Diable, oh mais quelle bonne idée ! Complètement... insensée. Mais si excitant !! Bien sûr je ne veux pas te voir souffrir, se justifia-t-elle avec un soudain sérieux. Tu es géniale ! Comme je rêverais de le regarder dans les yeux et lui exposer le fond de ma pensée. Mais toi tu l'as fait !! « Votre personne est si petite que vous en avez vite fait le tour », m'imita-t-elle avec amusement. Du génie, et une condamnation à mort, mais du pur génie. Qu'est-ce que t'as ressenti ? me demanda-t-elle avec enthousiasme en s'arrêtant face à moi pour me fixer.

- Eh bien... À vrai dire je ne savais pas que c'était le Diable.

- Tu rigoles j'espère, lâcha-t-elle après qu'un rire gêné lui ait échappé.

- Pas du tout, répondis-je en la contournant pour partir fouiller dans les tiroirs de ma chambre.

Lidia tourne sur elle-même et me dévisage avant de bégayer comiquement :

- Non... Tu... Pas ?

- Absolument pas. Mais maintenant que je le sais, ça change tout, déclarai-je en me tournant vers elle, armée de mon plus beau sourire. Dis ? Tu saurais comment tuer  Satan en personne ?

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant