Chapitre 78 : Viens

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Le soir même, j'attends Alastor dans son appartement, un verre de jus d'orange à la main et les yeux pétillants face à la vue impressionnante sur boulevard. Mon coeur palpite à l'idée de lui faire découvrir la surprise que nous avons orchestrée avec Eve et Ruben. Nous sommes certains qu'il appréciera, et ce, grâce aux efforts combinés de ses deux amis qui m'ont aidé à monter le projet. Je parle de projet car je vous assure que l'idée est folle et mérite de porter l'appellation de « projet ». Eve nous a raconté que depuis qu'Alastor a été envoyé en Enfer, il n'a plus jamais fêté son anniversaire, c'est donc avec une joie immense que nous nous apprêtons à rectifier le tir tout en comblant toutes ces années sans anniversaire. De plus, cette fête n'a pas seulement pour but d'honorer Alastor mais aussi de le remercier pour sa dévotion. Eve et Ruben ont d'ailleurs beaucoup insisté sur ce point, et je commence à rejoindre leur point de vue. Alastor mérite qu'on le remercie comme il se doit, qu'on lui offre ce qu'il y a de meilleurs pour toutes ces fois où il nous a tant aidés.

Je finis donc mon verre de jus d'orange d'une traite, un sourire béat sur les lèvres. C'est alors que la porte d'entrée s'ouvre. Je me retourne tout en obligeant mon corps à ne pas effectuer une danse de la joie, et me dirige vers Alastor dont les traits sont tirés.

– Tout va bien ? demandai-je.

Il lève son regard vers moi, la surprise de ma présence le traversant une seconde tandis que celle d'après la chaleur de sa joie et de sa malice refait surface.

– Oui. Et ça pourrait te faire plaisir.

Je l'interroge du regard, mais il me fait languir en retirant sa veste en cuir avant de l'accrocher au porte manteau situé à côté de la porte d'entrée.

– Accouche !

Alastor m'offre son plus beau sourire innocent avant de me contourner pour aller se servir un verre du jus d'orange que j'ai laissé traîner sur le comptoir du bar.

– J'aime bien te faire languir, s'amusa-t-il de moi après avoir bu une gorgée.

– Tu es diabolique !

Devant ma réplique, le Diable en personne éclate de rire. Heureusement pour moi, il finit enfin par cracher le morceau après avoir vidé le contenu de son verre.

– On a retrouvé l'identité du type qui se fait appeler « Satan ».

Soudain, l'espace-temps se fige en moi. Ils l'ont retrouvé... L'assassin de ma soeur va enfin pouvoir avoir un nom et donc un visage. Je vais pouvoir le confronter. Mais est-ce vraiment ce que je veux ? Bien entendu, je souhaite retrouver son meurtrier, je ne tolérerais pas qu'il se cache dans l'ombre. Mais au fond de moi, est-ce que je veux vraiment le voir ? Il a tué ma soeur, après tout. Tout ce que je veux c'est qu'il répare son erreur. Je ne suis pas sûre de pouvoir croiser le regard de celui qui a tué ma jumelle et m'endormir tranquillement le soir.

– Il s'appelle James Marrow. Nous le connaissons bien, ce n'est qu'une question de temps avant que nous l'arrêtions.

– Je sais, répondis-je d'un air absent.

Alastor me jette un coup d'oeil intrigué et je lui explique :

– J'ai rencontré un Marrow à mon arrivée. Peut-être que ce n'est pas le même Marrow, mais les Démons qui m'ont amenés ici l'ont présenté ainsi en disant que vous le surveillez de près à cause de ses activités douteuses. Mais peut-être y a-t-il plusieurs Marrow en Enfer.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant