– C'est une violation du domicile, va-t'en de chez moi.
Alastor m'ignore avec un simple sourire et vient s'asseoir sur le lit à mes côtés. Montée sur des ressorts, je bondis du matelas et me place face à lui, les bras croisés sur la poitrine et le regard noir rivé dans le sien qui n'exprime ni moquerie ni effronterie, pour changer.
– Je t'ai dit de partir.
Toujours sans répondre, Alastor observe attentivement ma chambre. En plus d'être un mufle, ce type n'a aucun respect de l'intimité. Comment Eve veut-elle que je fasse confiance à un goujat pareil ? Et puis rappelons-le : je suis seule à la maison, alors le terrain neutre de confiance on en est loin. De plus, le Diable n'est pas vraiment une personne qu'on souhaite avoir chez soit, encore moins dans une maison remplie de symbole religieux. Se moque-t-il à ce point de la religion qu'il en est devenu insensible ?
Soudain, il se lève. Je l'observe comme on observerait un lion imprévisible. Car même si j'élève la voix et que je me renfrogne, son calme posé n'est qu'avant-coureur de danger, et pour cause... c'est le Diable. Donc vous voyez, la confiance est à plusieurs kilomètres. Surtout qu'il doit encore être armé et je dois bien vous avouer que je n'ai pas trop envie de faire les gros titres. « Une jeune femme se fait poignarder chez elle. Abattue à l'arme blanche, le meurtrier n'a laissé aucune trace. L'enquête est en cours mais l'affaire risque d'être classée sans suite par manque de preuves ». Je n'ai définitivement pas envie de faire les gros titres, mais mon état mental me rend un tantinet bourrue, donc peut-être que je risque de faire une bêtise à tout moment.
Alastor s'approche de ma bibliothèque et regarde les livres qui y trônent, jusqu'à poser ses yeux sur la Bible. A ce moment, un sourire amusé étire ses lèvres et il me jette un coup d'oeil en pointant le gros bouquin qui fait office de cale livre.
– C'est pour allumer le feu ?
Exaspérée par son être, je m'interpose entre lui et ma maigre bibliothèque. Toutefois, il ne bouge pas et m'adresse ce même sourire qu'à la Bible.
– Non, ça me sert de parpaing. Je te l'envoie à la tête si tu fais une connerie, alors recule-toi.
Alliant la brusquerie de mes mots à mes gestes, je le repousse d'un coup sur le torse, ce qui déchire immédiatement ma psyché. Puis, à ma plus grande surprise, il ne résiste pas et recule vers le centre de la pièce, près de la chute de mon lit. Mais son comportement aurait pu paraître plus étrange encore, s'il n'y avait pas eu... comment pourrais-je qualifier ce ressenti ? Cet assaut émotionnel ? Car je ne sais pas si j'étais supposée recevoir cette salve d'émotions pures qui n'étaient pas les miennes, mais elles étaient aussi inévitables qu'une décharge électrique. Lorsqu'on touche le file, on se prend un coup de jus... et j'aurais préféré que ça soit de l'électricité. Toutes ses émotions se répercutent dans mon corps, cognant chacune de mes cellules par leur brutalité pure. Toutes les émotions existantes se bousculent, créant un brouhaha infernal en moi. Mon coeur se serre d'une douleur si réelle que mon souffle se coupe. Puis la seconde d'après, tout m'échappe. Je ne récupère rien, je subis simplement leur passage renversant.
– Tu as fait passer un mort ?
Sa voix, tintée d'un sentiment que je ne le pensais pas posséder avant cet étrange expérience, me tire de ma stupeur. Je lève les yeux vers lui, quittant mes paumes que je m'étais mise à contempler.
– Non, mais ça ne m'étais jamais arrivée avant.
– Et que t'est-il arrivée ?
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De l'Autre Côté
Paranormal« Vous connaissez l'expression « être une grenouille de bénitier » ? Eh bien je peux vous assurer que tous les membres de ma famille sont des batraciens. Par là j'entends : croix en folie et messes à gogo. Ma famille est si religieuse que Satan lui...