Face à moi et par je ne sais quel moyen, surement la grâce de Dieu ou la Mort, monsieur Tueur Psychopathe est tranquillement avachi dans un immense canapé et en très charmante compagnie. Toutefois, je ne me laisse pas déstabiliser par mon sentiment soudain de solitude dans cet enfer, littéralement. Et puis de toute manière ce n'est pas comme si ce type était armé lors de notre dernière rencontre, non ? Dans ce cas, c'est parfait, rien ne peut aller de travers. Je veux des réponses, et monsieur m'a l'air bien trop à l'aise en ce lieu pour ne pas le connaitre comme sa poche. Vous vous demandez sûrement comment il s'est retrouvé là alors qu'il était vivant il n'y a pas si longtemps ? Eh bien moi aussi, toutefois je suspecte fortement une overdose combinée à un taux d'alcool important ou à un assassinat dû à un règlement de comptes entre trafiquants d'armes. Grand bien nous en fasse, si vous voulez mon avis. Car je préfère le voir croupir ici-bas plutôt qu'en présence des vivants où il joue le rôle d'un psychopathe typique des films hollywoodiens. Peut-être devrais-je arrêter de lui cracher dessus, non ? Après tout je compte sur sa coopération exemplaire.
D'un pas décidé, je m'approche de lui, ou plutôt d'eux, devrais-je dire. Les deux femmes affalées sur son torse à le caresser et l'embrasser ne me remarquent nullement, pas plus que Monsieur Psychopathe, d'ailleurs, qui rend l'attention que lui portent ces femmes.
L'une d'entre elles a toute la panoplie pour le parfait style « rock » dont je m'en fais l'idée : des piercings sur le visage, des tatouages sur les mains, des cheveux rouges coupés court tombant sur ses yeux envieux, ou encore un joli collant noir sous son short pour laisser transparaitre sa peau tatouée à la vue de tous. Sa beauté sauvage contraste avec celle de l'autre femme se tenant sur Monsieur Psychopathe. Cette dernière a tout de la femme fatale : de longs cheveux d'ébène passant par-dessus son épaule pour glisser sur la veste de monsieur, une sublime robe tout aussi noire qu'hors de prix, ainsi que de mortels talons aiguilles. Ses gestes sont lents, calculés, et sensuels. Ses ongles parfaitement manucurés glissent sur la jambe du psychopathe, tandis qu'elle jette des regards aguicheurs à l'autre homme derrière eux qui m'avait complètement échappé jusque-là. Entre ces deux Démons grimpe une tension, dès que la femme fatale glisse une main sur lui ou pose ses lèvres sur sa peau, la seconde la fusille silencieusement du regard en précipitant ses gestes qui deviennent plus possessifs qu'ils ne le sont déjà. La première éclate alors de rire, puis lance un nouveau coup d'oeil à l'autre homme, l'invitant au plaisir.
Je m'arrête à un mètre d'eux, les mains sur les hanches et ignorant l'affreuse tension sexuelle qui règne ici. Le psychopathe pose lentement ses yeux sur moi et un petit rire lui échappe, tandis que les deux demoiselles me toisent du regard, l'une plus que l'autre.
- Vous ! m'exclamai-je en le pointant du doigt. Dites-moi où est ma soeur.
Il me dévisage une seconde puis explose de rire la suivante. Je fronce immédiatement les sourcils en croisant mes bras sur ma poitrine. Certes, j'y suis peut-être allée un peu fort... Mais sachez que je pars de rien du tout pour retrouver ma soeur à part du fait qu'elle soit ici. Et encore, cela repose sur les dires de ma mère et les sous-entendus de Tantine.
- Je te trouve bien gonflée. Comment puis-je savoir où est ta soeur ? Et puis je n'en ai rien à faire de ta soeur. Mais tu m'envoies ravi de te trouver ici-bas, tu as donc réussi à passer la porte d'entrée de ce lieu. Tu vois... j'ai tenu parole.
- Puisque vous ne savez pas où est ma soeur, cherchez-la avec moi. Vous qui semblez si... incroyable et digne de confiance, aidez-moi à la retrouver.
- Tu rêves, miss, je ne fais pas d'avance. Tu remplis ta part du contrat et on en refait un.
- Quel contrat ? demandai-je plus agressivement que je ne l'aurais voulu.
- Oh mais rien n'est gratuit dans la vie, je pensais pourtant avoir été clair. Je t'aide à atterrir en Enfer, et tu me devras un service.
- Depuis quand—
- Depuis le début, ne le nie pas tu l'as accepté. La preuve, tu es ici.
- Alors passons un autre contrat puisque vous ne semblez rouler qu'à ça.
- Ce n'est pas faux, commenta-t-il avec un petit rire. Mais c'est non. Comme je l'ai déjà dit, et je déteste me répéter : je ne fais pas d'avance.
- Dans ce cas demandez-moi quelque chose qu'on en finisse. Je n'en sais rien, je peux vous payer un restaurant par exemple ? Mais je dois retrouver ma soeur.
- Ça ne marche pas comme ça, c'est moi qui choisis ta contrepartie et ce, quand j'en ai envie. Et là... bah je n'en ai pas envie.
En disant cela, l'homme plonge son regard dans le mien. C'est à cet instant que je les remarque : ses yeux, ils ne sont pas normaux. Ses yeux d'un vert émeraude m'observent étrangement, et pour cause, leurs pupilles sont verticales.
- Alastor... minauda la femme fatale, ce qui me tire de ma constatation déroutante à propos de l'étrangeté oculaire de ce type.
Voilà, c'est Alastor qu'il s'appelle, son prénom m'échappe constamment.
Il attrape la jambe de la femme pour la mettre sur la sienne, ce qui déclenche la jalousie de la seconde qui tente de s'accaparer son torse. J'assiste à la scène, et croyez-moi, j'aurais préféré ne pas y assister.
- Vous... commençai-je avec répugnance. Vous me dégoutez. Il n'y a donc que votre petite personne qui vous intéresse ? Vous êtes à ce point insensible à ce que je vous demande ?! Ma soeur est morte ! m'emportai-je en l'attrapant par le col de son blouson. Elle n'avait aucune raison de mourir ! On l'a tué ! Satan l'a tué !
Alastor échange un rapide coup d'oeil avec le mec derrière lui tapit dans l'ombre, mais je ne le relève pas, l'émotion bien trop longtemps refoulée commençant à m'emporter.
- Alors on est au bon endroit, non ?! Parce que vous savez quoi ? Je vais aller chercher Satan moi-même par la peau des fesses avant de lui faire regretter son immortalité ! Et vous, vous n'êtes qu'un imbécile qui ne vaut rien de plus qu'—
Je suis soudainement interrompue par une main qui me saisit brutalement par la nuque tout en y plantant ses ongles. Sous la surprise, je relâche Alastor tandis que des milliers d'images m'assaillent, toutes baignées dans un brouhaha infernal.
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De l'Autre Côté
Paranormal« Vous connaissez l'expression « être une grenouille de bénitier » ? Eh bien je peux vous assurer que tous les membres de ma famille sont des batraciens. Par là j'entends : croix en folie et messes à gogo. Ma famille est si religieuse que Satan lui...