Alors que je marche le long du trottoir, parcourant les dernières centaines de mètres qui me séparent de la maison, quelqu'un sort brusquement d'une ruelle. Je ne lui prête pas attention, d'une parce que si cette ruelle existe c'est bien pour être empruntée, et de deux parce qu'il n'a rien de rassurant. Par là je veux dire: pantalon de jogging gris, gros sweat à capuche noir, et... bah c'est tout ce que je vois de lui. Les mains dans les poches et le dos légèrement vouté, il s'approche de moi. Je fronce les sourcils, prêtre à refuser catégoriquement tous types de drogues que ce mec chelou s'apprête à me vendre. Car rappelons-le, ce n'est vraiment pas mon délire et Anaïs en a une fois payé les lourds frais.
- Joli sac.
Nouvelle technique d'approche ? Je n'ai jamais rien entendu d'aussi nul. Je ne tiens pas compte de la silhouette qui me suis, et continue mon chemin non sans un soupir exaspéré.
- Donne-le-moi, exigea le parfait inconnu.
- Rêve pas.
- C'était pas une question.
Les pas accélèrent dans mon dos, et le type tire brusquement sur mon sac. Toutefois, je le retiens et fusille du regard les billes qui lui servent d'yeux, enfin... ce que je pense être des yeux sous cette capuche. Dans ces moments-là, les gens crient, pleurent, ou insultent leur agresseur. Mais j'ai passé une bonne journée, alors ce n'est pas un type dans son genre qui va me la gâcher. Il me manque des cases ? Peut-être bien.
- Tant pis pour toi, on pouvait faire ça sans problème.
- Et moi, je suis désolée pour toi, répondis-je d'un ton faussement attristé.
Sur ce, j'enfonce mon talon dans son genou. Ce dernier craque et se plie en un angle anormal. Mais alors que ça doit faire un mal de chien, le type ne crie pas ou ne m'insulte pas. À lui aussi il doit lui manquer des cases. Toutefois, la surprise l'a fait lâcher mon sac, ce qui me permet de courir jusque chez moi. Le mec tente bien de me rattraper, mais avec ou sans douleur, un genou retourné ne vous aide pas à courir, et ici ce n'est pas un marathon paralympique.
J'entre chez moi à la volée, peut-être un peu trop brusquement pour mes parents qui sursautent.
- Oh Seigneur ! s'exclama ma mère en portant sa main à son coeur avant de m'interroger du regard.
En réponse je lui souris, puis monte dans ma chambre. Je me laisse lourdement retomber sur mon lit, l'adrénaline pulsant encore dans mes membres qui tremblent sous le contrecoups. Il me manque peut-être des cases mais je ne suis pas inhumaine non plus. Et ce que je viens de vire... n'est pas si surprenant étant donné la facilité avec laquelle j'attire les psychopathes.
~~~~~†~~~~~
Tout le long du repas, Victoire ne cesse d'être joyeuse. Nos parents tentent bien de la questionner, mais elle abrège les interrogations, prétendant avoir passé une super journée avec ses amies. Il n'y a que moi qui ne lui demande rien, sachant éperdument qu'elle m'avouera tout une fois le repas terminé. Alors je prends mon mal en patience... Jusqu'à ce que nous nous retrouvions enfin toutes les deux dans sa chambre. Je m'assois sur son lit et ne peux m'empêcher de sourire.
- Raconte-moi tout ! m'exclamai-je telle une enfant surexcitée à qui l'on aurait promis une surprise.
Victoire se détourne brusquement de son miroir pour venir se planter devant moi, une joie pure émanant d'elle.
- C'était su-per !
- Je veux des détails !
Elle s'assoit à côté de moi avec un sourire qui se veut contenu, ce qui au final donne quelque chose d'étrange entre le sourire et la grimace.
- On a fait un tour dans la ville et on a fini au parc. Il a été adorable ! On a parlé de notre enfance... Tu savais qu'il avait vécu en Australie ?! Je rêve d'y aller ! Il m'a aussi dit qu'il est actuellement inscrit dans une école d'art. Bon du coup tu t'en doutes, on a parlé art presque tout le long.
- Et il s'est passé un truc entre vous ?
- Tu me connais...
- Aller lui proposer un rendez-vous c'était déjà un grand pas pour toi, alors on ne sait jamais que tu lui aies sauté dessus, proposai-je en rigolant.
- Je ne suis pas comme ça, je suis bien éduquée. Mais... on se revoit dans trois jours.
- Je suis trop contente pour toi, m'enthousiasmai-je avec un grand sourire.
- Moi aussi !
J'enlace ma soeur qui sautille de bonheur. Ça me rend réellement heureuse de la voir ainsi, elle mérite ce qu'il y a de meilleur dans ce monde, et dans les autres aussi.
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De l'Autre Côté
Paranormal« Vous connaissez l'expression « être une grenouille de bénitier » ? Eh bien je peux vous assurer que tous les membres de ma famille sont des batraciens. Par là j'entends : croix en folie et messes à gogo. Ma famille est si religieuse que Satan lui...