À cette voix familière, nous nous retournons vers Alastor qui s'approche de nous en nous observant à tour de rôle.
– Tu vas lui faire peur à parler ainsi de l'Enfer.
– Ramène-la, rétorqua Ruben avec gravité en se rapprochant de son ami. Tu sais aussi bien que moi les risques que tu lui fais courir.
– J'ai encore le droit de décider où je veux aller, m'interposai-je.
– Exactement, répondit Alastor.
Le blond vide son verre d'une traite et soupire avant qu'une femme et un homme affreusement provocants viennent soudainement se coller aux bras d'Alastor pour lui susurrer des choses au creux de l'oreille, tandis que leurs mains glissent sur les habits de leur cible. J'assiste à cette scène, les bras ballants, tandis que Ruben s'éloigne rageusement. L'homme au côté d'Alastor lui embrasse le cou pendant que la femme chuchote toujours à son oreille, ses lèvres frôlant effrontément sa peau à de nombres reprises.
– Foutez-moi la paix ! rugit Ruben qui était parti s'asseoir ailleurs.
Je jette un coup d'oeil vers lui et vois 3 jeunes femmes, du même style que celle d'Alastor, se reculer en fusillant Ruben du regard avant de s'avancer vers moi. À ce moment, je comprends que je suis leur nouvelle cible. Un frisson d'horreur remonte mon échine avec les souvenirs de Marrow et je recule d'un pas. Malheureusement, mon pied se cogne contre celui du fauteuil et j'y tombe à la renverse. Les femmes s'approchent de plus belle. Mon sang frappant mes temps, je m'empresse de me relever pour traverser l'étage et me précipiter vers l'ascenseur. Les femmes continuent d'avancer vers moi, arborant un sourire carnassier comme tous les autres Démons présents. Ma poitrine se comprime et ma gorge se noue. Je ne suis pas à ma place, je ne l'ai jamais été. Ce monde n'est pas pour moi, ce n'est pas le mien. Un horrible rire monte à la gorge d'une femme qui tend sa main vers moi, sûrement dans le but de m'attraper. Un frisson me glace et je me laisse tomber contre le mur pour me recroqueviller sur moi-même. J'ai l'impression d'être si faible... Non, je le suis. Je suis aussi minable, pathétique, égoïste et incroyablement vulnérable. Comment puis-je retrouver ma soeur alors que je n'arrive même pas à me sortir de mes propres problèmes ? Où est passée ma fougue du début ? Peut-être s'étiole-t-elle avec l'espoir de retrouver Victoire ?
Soudain, une assourdissante détonation retentit, accompagnée d'un hurlement d'agonie. J'ouvre les yeux que j'avais fermés sous le coup de la peur et contemple avec horreur une femme s'effondrer devant moi, un trou sanguinolent percé en plein dans sa tempe. Puis son corps disparaît en fine cendre avant que celles-ci ne se confondent avec l'air ambiant. Les deux autres se sont plaquées au mur, complètement terrifiées et dévisagent à présent Alastor qui se tient à cinq mètres de nous, un revolver pointé sur elles.
– Je déteste me répéter.
Un silence de mort règne, seulement interrompu par quelques gémissements apeurés des deux Démons au mur. Voyant qu'elles ne bougent pas, Alastor fronce les sourcils et crispe légèrement son doigt la gâchette de son arme. Aussitôt les deux femmes hochent frénétiquement la tête avant de déguerpir à toute vitesse hors de sa vue. Derrière lui, je vois Ruben se rapprocher de son ami, le regard brillant de fierté. Quant à Alastor, il jette un rapide coup d'oeil aux Démons alentours qui s'empressent de baisser la tête pour fuir son regard. Il range alors son arme à feu dans son dos et s'approche de moi. Il m'aide à me relever tandis que j'essaie de reprendre une respiration normale. C'est alors qu'Alastor me prend dans ses bras pour enfouir sa tête dans mon cou. Je me fige sous la surprise de son comportement soudain.
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De l'Autre Côté
Paranormal« Vous connaissez l'expression « être une grenouille de bénitier » ? Eh bien je peux vous assurer que tous les membres de ma famille sont des batraciens. Par là j'entends : croix en folie et messes à gogo. Ma famille est si religieuse que Satan lui...