Alors que nous nous avançons vers la porte derrière laquelle Victoire se repose sûrement encore, j'entends la respiration lourde d'Alastor. Inquiète, je m'arrête et le regarde. Intriguée par mon comportement, il s'arrête à son tour et se tourne face à moi en m'interrogeant du regard.
– Est-ce que tu te sens bien, Alastor ?
Pour toute réponse, il m'offre un sourire mystérieux, captivant mon regard avec le vert du sien. C'est alors que je remarque que ses égratignures sont différentes, elles me semblent... disposées différemment sur son cou. Pour ce qui est de ses cernes, elles se sont encore plus teintées, accentuant les traits tirés qu'il n'avait pas auparavant. Le voir ainsi, si... exténué, me met la boule au ventre.
Je m'approche donc de lui et glisse mes mains dans son cou.
– Qu'est-ce qu'il t'arrive ? lui demandai-je en le sondant, comme si j'allais pouvoir trouver des réponses dans la profondeur de ses yeux.
Il ne répond toujours pas, mais étrangement, cela ne me donne pas envie de lui hurler de me répondre. Au contraire, j'ai envie de lui caresser la joue, de la rassurer, et de le prendre dans mes bras pour qu'il s'endorme. Néanmoins, la seule chose que je fais est lui retirer sa veste qui est plus lourde qu'elle n'y paraît, sûrement à cause des fameuses armes qui s'y cachent. Mais je n'y pense pas, toutes les armes qu'il peut porter sur lui ne me détourneront pas du mal-être qu'il essaie de dissimuler sous ce sourire mystérieux. Heureusement, il n'essaie pas de me repousser ou de m'empêcher d'agir. Et lorsque sa lourde veste se retrouve entre mes mains, je ne peux retenir un hoquet de surprise. Des tas d'égratignures similaires à celles de son cou parsèment ses bras. Le cœur cognant contre ma poitrine, je relève les yeux vers lui. Son expression s'est adoucie, il me regarde maintenant avec tendresse.
– Alastor... soupirai-je de désespoir. Comment peux-tu être blessé ?
Son sourire s'élargit quelque peu et il se penche vers moi pour poser son front contre le mien. Alors que je pensais qu'il allait encore éviter de répondre, il dit :
– Je me suis battu avec Gabriel. Ça finira par s'estomper, ne t'en fais pas.
Puis il pose délicatement ses lèvres sur les miennes, comme si ce simple contact pouvait le guérir.
– Et si on allait tous au restaurant ? proposa Alastor après m'avoir caressé la joue.
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C'est Alastor qui a choisi le restaurant, et je dois avouer qu'il a du goût. Non pas que j'ai douté de lui un instant, mais... cela ne fait que le confirmer.
Nous sommes sur une terrasse à côté de laquelle dansent des jets d'eau avant de retomber dans la sublime fontaine éclairée. Des piliers, qui me rappellent ceux des temples grecs, soutiennent une tonnelle en tissu ondulant à chaque brise. Cette dernière ne nous amène aucun bruit infernal, sûrement grâce aux arbres qui forment une alcôve insonorisante autour de la terrasse, nous plongeant dans un moment féérique. Les convives, bien que démoniaques, respectent le calme et la sérénité du lieu en parlant d'un ton bas.
La nourriture est à la hauteur de la beauté du lieu, du moins, pour mon sublime et succulent râpé de courgettes accompagné de gnocchis parfaitement poêlés. Pour ce qui est des autres, ils semblent plus que satisfaits de leur repas, surtout Eve et ses 5 plats. Et voir Victoire aussi souriante et heureuse me réchauffe le coeur.
– Je te jure, j'ai cru qu'il allait la tuer, dit Eve à ma jumelle qui semblait apprécier la jeune fille. À la base, j'étais là pour les choux à la crème, pas pour assister à un meurtre. Et encore moins celui d'Angèle !
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De l'Autre Côté
Paranormal« Vous connaissez l'expression « être une grenouille de bénitier » ? Eh bien je peux vous assurer que tous les membres de ma famille sont des batraciens. Par là j'entends : croix en folie et messes à gogo. Ma famille est si religieuse que Satan lui...