Chapitre 50 : Alastor

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Bien décidée à me changer les idées et aussi à remercier Marlène pour leur soutien, je me rends à l'orphelinat. En arrivant devant la grande bâtisse, un sentiment familier m'apaise et je frappe le battant de la porte à l'aide du heurtoir. Aussitôt, de petites voix et une cavalcade de pas s'élèvent derrière le bois avant que la directrice calme les ardeurs de ces tornades. Puis la porte s'ouvre sur Marlène, un nouveau sur sa hanche et tous les anciens accrochés à ses jambes. Alors que son visage est tiré par l'âge et la fatigue de son travail, ses yeux s'illuminent et ses lèvres s'étirent en un sourire brillant lorsqu'elle croise mon regard.

– Je suis si heureusement de ta visite.

En réponse, je souris à la vieille femme, quand soudain, une voix fluette traverse le couloir aussi vite que ce boulet de canon.

– Annnngèèèèle !

Brusquement, la fillette dépasse la directrice et me saute à la taille. Je m'empresse de l'enserre dans mes bras en retour, ravie de la revoir dans de telles circonstances.

– Tu vas revenir avec nous ?

– Je vais voir ça avec Marlène.

Eve s'éloigne mais saisit ma main pour m'attirer à l'intérieur de l'orphelinat. J'entends la porte se refermer, mais n'ai pas le temps de jeter un regard à Marlène qu'une salve d'orphelins m'encercle déjà, si bien que je manque de perdre mon équilibre.

– Calmez-vous les enfants ou alors Angèle risque de repartir sans même avoir pris le goûté avec nous.

Telle une formule magique, tous les jeunes me laissent respirer. Tous, sauf Eve qui reste collée à moi, m'observant avec une profonde affection. Je lui souris et pose ma main sur sa tête, avant de m'adresser à mon audience :

– Qui veut des madeleines ?

Immédiatement, toutes les mains se lèvent, tentant d'être plus haute que leurs voisines. Je sors alors de mon sac la boite de madeleines que je suis passée prendre et la dépose sur la table. Tous habitués à ce genre d'événement, la file indienne se forme en quelques secondes et les orphelins se servent un à un. Je donne personnellement une madeleine à Eve, ne voulant pas qu'elle en profite pour en prendre deux, car vous et moi savons qu'elle en est tout à fait capable puisqu'elle n'est pas à son premier coup.

Une fois tout le monde servi, le bâtiment se plonge dans un calme apaisant et Marlène se laisse finalement lourdement tomber dans un grand fauteuil.

– Bastien et Suzanne ne sont pas là ? la questionnai-je.

– Bastien est à l'infirmerie avec un petit qui ne se sentait pas bien, et Suzanne est au bureau avec un jeune couple d'adoptant. Et toi, ma grande, comment vas-tu ?

– Disons que j'essaie de régler des affaires familiales car tout s'est un peu précipité ces derniers temps.

– J'ai appris pour ta tante, je suis sincèrement désolée. Je compatis avec toi, et sache que si tu as besoin de quoi que ce soit tu peux taper à notre porte.

– Merci beaucoup Marlène, mais c'est plutôt à moi de vous apporter mon aide. Je vous ai laissé géré tous les trois bien trop longtemps.

– Oh ne te tracasse pas, nous nous en sortons. Nous avons eu quelques nouveaux arrivants récemment mais les grands nous aident volontiers, donc ne te préoccupe pas trop de nous. Et puis tes repos sont bien mérités depuis toutes les années où tu t'acharnes à nous aider. Prends un peu de toi pour toi, d'accord ? Ça ne fait pas longtemps que tu es sortie de l'hôpital, donc repose-toi. Je vais prolonger tes congés, et c'est non négociable.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant