Chapitre 90 : Le corps du Christ

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Nous sortons de la bouche du Diable en rigolant, une glace diaboliquement rouge dans la main et le ventre bien rempli après le burger de l'enfer qu'on vient d'engloutir.

– Comment est-ce qu'ils ont pu te croire ? demandai-je entre deux rires. Tu n'as pas de... caractéristiques physiques qui pourraient faire penser au Diable.

– Ces types étaient perchés, que veux-tu ? J'ai juste eu à entrer en clamant haut et fort : « Je suis Satan ». Je pensais qu'ils allaient me refouler aussitôt mais ils se sont tous agenouillés devant moi.

– Et ils t'ont offert des biquettes et des vierges ?

– Ils ont juste tous levé leur poing tatoué en l'air en criant : « Gloire au Maître ». Je te jure, on aurait dit des Power Rangers, sauf qu'ils étaient presque à poils.

J'éclate de rire et observe Alastor d'un œil amusé, l'imageant entouré de tous ces types dévêtus qui l'acclament.

– Tu as dû te sentir vraiment honoré.

– Et comment ! rétorqua-t-il jovialement.

– La suite, j'imagine qu'on la connaît tous : ça a fini en entremêlent de corps pas très catholique dans la drogue et l'alcool ?

Les lèvres d'Alastor se fendent en un sourire en coin tandis qu'un air rêveur s'imprime sur son visage, puis il dit-il avec légèreté :

– Le bon vieux temps... Pour ma défense, j'étais jeune. J'avais quoi... 500 ans ? T'aurais été à ma place—

– Je n'aurais jamais participé à ce... culte trop chelou.

Mon interruption le fait sourire et il reprend avec une curiosité espiègle :

– C'est vrai, je te vois mal dans ce genre d'endroit. Tu es une personne modèle selon les critères bibliques, ajouta-t-il.

– Tu ne crois pas si bien dire, laissai-je malicieusement traîner.

Soudain, Alastor hausse les sourcils et m'accorde toute son attention. Je ne peux réprimer mon sourire, alors je croque dans un bout de mon cornet.

– Quand nous étions petites, commençai-je. Ma sœur et moi prenions toujours tout à la légère. Tous ces trucs religieux nous agaçaient un peu, on voulait juste s'amuser. Comme tous les dimanches, on allait à l'église. C'était l'église d'une autre ville, elle était bien plus grande et riche que la nôtre. C'était un peu notre sortie de la semaine. Et ce jour-là, quand on est arrivée, on a vu que les hosties étaient à disposition à l'entrée et que tout le monde en prenait un en arrivant. Nos parents nous en ont donc donné, et je te l'ai dit : cette église avait de l'argent, les hosties étaient carrément trop bonnes.

– Ne me dis pas que...

– On les a toutes mangées avec Victoire.

Alastor éclate de rire et je ne peux m'empêcher de l'accompagner.

– On était enfant, on ne savait pas que c'était aussi sacré.

– Vilaine Angèle. On dit que je suis diabolique, mais en réalité, tu es pire que moi. Oser manger tout le corps du Christ... il faut être fou. Je pense même que mes fans t'auraient appréciée.

– Ils m'auraient surtout coupée en rondelles, oui.

– Toujours plus, se moqua-t-il de moi.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant