Personne ne peut prédire les actions de Gabriel, et c'est ce qui le rend redoutable. Du moins... c'est l'une des raisons, car je pense que pleins d'autres vous viennent, vous aussi, à l'esprit.
Avec calme, il étudie ma chambre : d'abord la croix posée sur ma table de chevet, puis la Bible ouverte reposant sur ma bibliothèque et enfin mon lit. Ma chambre ne m'a jamais paru si étroite qu'en cet instant, et je déteste ça.
– Va-t'en, Gabriel. Tu sais très bien que tu n'obtiendras rien de moi.
Un rire de gorge lui échappe et il fait un pas de plus dans ma direction, les mains dans ses poches. Un désagréable frisson remonte mon échine pendant que je recule d'un pas avant de me rendre compte que je suis acculée contre ma fenêtre.
– Ce moment ne t'est-il pas familier ? Ne m'oblige pas à recommencer...
– Dégage de ma chambre !
– De vilains mots dans une si jolie bouche... ça ne te vas vraiment pas, Angèle. Mais il y a plus vilains, ajouta-t-il sèchement en m'attrapant brusquement le poignet.
Je me débats immédiatement, mais que faire contre une force divine ? Même un champion de culturisme ne pourrait le battre au bras de fer. Néanmoins, une volonté ardente brûle en moi lorsque je réalise ce qu'il tente de faire. D'une main, il maintient mon poignet, tandis que de l'autre il essaie de retirer la bague que m'a offerte Alastor. Je ferme le poing, l'empêchant au mieux d'accéder à mon index, tout en lui griffant le bras dans une vaine tentative de dissuasion. Malheureusement, je dois avoir l'air d'un petit chaton qui griffe et qui crache.
– Lâche-moi, putain ! Sale psychopathe de merde !
Il se peut que je tende à la vulgarité lorsque je suis contrariée... Mais puisse le Seigneur me pardonner.
Avec la violence de ma rage, je gifle Gabriel. Le contact de ma paume avec sa joue claque à travers ma chambre et ébranle mon agresseur. Qui l'eut cru que j'oserais gifler Dieu ? Je profite de son moment d'ahurissement pour me dégager de sa prise et me jeter sur mon bureau, fouillant tous les tiroirs. Le bruit monstre que je fais tire probablement Gabriel de sa léthargie car je sens sa main s'enrouler autour de mon biceps. Heureusement, j'ai juste le temps d'attraper l'objet de ma convoitise avant qu'il ne me retourne face à lui, les yeux brûlant d'indignation.
– Comment as-tu osé lever la main sur moi ?
– Oh ferme-la ! Tu es mal placé pour me parler de principes moraux.
Sa prise autour de mon muscle se resserre, m'arrachant une grimace. Une douleur sournoise commence à grimper en moi, s'immisçant dans chaque recoin de mon âme. J'écarquille les yeux sous la violence de la douleur qui n'a rien à voir avec sa poigne, des images commençant déjà à affluer dans mon cerveau. Pas cette fois ! Je suis plus forte !
Dans un mouvement qui se voulait menaçant si ma main ne tremblait pas autant, je pointe le ciseau vers Gabriel. Celui-ci éclate de rire, bien qu'un voile de tristesse parcourt son regard.
– Tu comptes faire quoi avec ces ciseaux ? Un origami ? se moqua-t-il de moi avec amertume. Tu ne peux pas lutter contre moi, mon amour.
– Ne m'appelle pas comme ça !
– Je t'appelle comme je veux, mon amour, tu es mienne.
Sa main vient caresser ma mâchoire avec la rudesse de ses émotions, provoquant chez moi un brusque mouvement de recul. Malheureusement, je ne peux pas m'éloigner davantage, la fenêtre dans mon dos et sa main sur mon biceps m'en empêchant.
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De l'Autre Côté
Paranormaal« Vous connaissez l'expression « être une grenouille de bénitier » ? Eh bien je peux vous assurer que tous les membres de ma famille sont des batraciens. Par là j'entends : croix en folie et messes à gogo. Ma famille est si religieuse que Satan lui...