Chapitre 83 : Une pomme ?

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Tu regrettes ton geste ?

À ses mots, je me stoppe net et me retourne pour lui faire face. Droit dans ses chaussures, il m'observe avec curiosité et... quelque chose que je n'arrive pas à déchiffrer. Je plonge alors mon regard dans le sien, puis après un silence suspendu, je réponds :

– Non.

L'expression d'Alastor change du tout au tout et une étincelle se met à briller dans son regard tandis qu'un sourire étire le coin de ses lèvres.

– J'aurais juste préféré que tous ces regards ne soient pas braqués sur nous, ajoutai-je. Je déteste être au centre de l'attention.

Sur ce, Alastor réduit la distance qui nous sépare et pose tendrement sa main sur ma joue, son regard vert émeraude aux étranges pupilles verticales plongeant dans le mien avec une profondeur à faire pâlir la fausse des Mariannes.

– S'il n'y a que ça... Il suffit de recommencer.

Alliant les paroles aux actes, il dépose délicatement ses lèvres sur les miennes. Je m'empresse de passer ma main dans son cou pour approfondir notre baiser et il y répond immédiatement en glissant sa main sur ma hanche.

C'est seulement après de longues secondes de tendre partage que nos lèvres se séparent. Néanmoins, nos regards semblent refuser de se détourner, comme liés par une force invisible contre laquelle lutter serait impossible et bien trop douloureux. Le souffle court, nous sommes baignés dans la mélodie de notre silence. Et comme si mon corps subissait le contrecoup des événements, mes muscles commencent à s'alourdir et mon esprit à flotter.

– Grand Maître, nous interrompit soudainement la voix rappeuse d'un vieil homme.

Alastor fronce les sourcils et rompt notre contact visuel avec un soupir agacé. Je détourne moi aussi le regard vers cet intrus et me fige en le voyant. Papi. Revêtant son masque impassible sauf à l'ennui que lui procure cette future discussion, Alastor prend les devants :

– Que voulez-vous ?

– Ma compagne m'a prévenu que vous tiendriez une fête ici et je comptais justement vous apporter une offrande.

– Cette fête est privée, Eve n'a invité que certains Démons.

– Oui, bien entendu, répondit-il en essayant de cacher sa déception de ne pas avoir été convié. Je ne compte d'ailleurs pas vous importuner plus que ça, mais je vous prie, avec tout le respect que je vous dois, d'accepter mon présent.

En même temps que le vieux schnok sort les violons et caresse Alastor dans le sens du poil, j'aperçois Lidia entrer dans les toilettes. Je jette un coup d'oeil à Alastor qui m'observe alors en coin, déjà las de la conversation avec papi Richard. Rassurée qu'il me voit partir, je me dirige vers les toilettes, à la suite de Lidia.

Aussitôt dans cette espace clos aux spots lumineux contrastant tant avec ceux du hall qu'ils sont agressifs, j'interpelle mon « amie infernale», si on peut la qualifier ainsi bien qu'elle ne le souhaite pas.

– Je suis contente de te voir.

La jeune femme à l'apparence hispanique m'étudie de haut en bas avant d'hausser les sourcils et de sourire avec amusement.

– Si je m'attendais à ça... Tu m'épates, vraiment. Je t'ai dit de ne pas t'approcher du Diable, mais toi, tu fricotes carrément avec lui. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi suicidaire.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant