Chapitre 36 : Entre conviction et contestation

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D'un pas plus que déterminé, je gravis les trois marches sur lesquelles se déroule un tapis rouge, puis affronte le regard perçant des deux vigiles. Je prends une grande inspiration avant de m'avancer vers les portes tambours en verre comme si j'avais fait ça toute ma vie. Oui, j'ai déjà passé plusieurs fois des portes tambours, là n'est pas le problème. Voyez-vous, le challenge réside dans le luxe et la haute société que dévoilent ces fameuses portes en verre. Et face à cette grandeur qui me paraissait jusque-là inatteignable, je me dois de me montrer assurée face aux vigiles.

Toutefois, je déchante en quelques secondes lorsque l'un d'entre eux saisit mon coude pour me retenir. Si près, et pourtant si loin...

- Pas de Démon pour accompagner, pas d'entrée. Rentre chez toi, gamine.

Ne pas se démonter face à cet être déjà mort qui n'aurait aucun remords à m'ôter la vie, enfin... vous m'avez compris.

- Je suis attendue à l'intérieur, répondis-je avec un fier sourire.

- Ah oui ? Qui t'attend ?

- Monsieur Satan en personne.

Les deux vigiles échangent un regard. Eh ouais les gars, va falloir me laisser passer ou c'est avec le Big Boss qu'il va falloir régler vos comptes. Et une fourche aux fesses ne doit pas être très agréable.

Mais soudain, Monsieur Muscle et Monsieur Biceps lâchent tous deux un petit rire, avant que je sois envoyée au tapis, littéralement. Au sol, je les fusille d'un regard noir. Non mais je rêve !

- Allez, rentre chez toi, gamine.

D'un mouvement agacé, je me relève pour affronter les deux vigiles qui froncent maintenant les sourcils. Soudain, je l'aperçois à travers les portes en verre, en train de promener ses mains dans les airs pendant qu'elle parle à un homme. Elle n'a pas changé, enfin... en omettant que nous ne la connaissions pas aussi frivole et qu'elle nous l'a bien caché, alors la revoir en ce bas monde me fera toujours un choc.

Décidée, je me rue dans le tambour, me baissant lorsqu'un vigile tente de m'attraper, et pousse les portes de toutes mes forces. Dès que je le peux, je m'engouffre à l'intérieur de ce sublime casino de luxe. La douce musique d'ambiance, les voix étouffées par la moquette, les senteurs de parfums, et les rires à outrance contrastent brusquement avec l'ambiance extérieure qui est tout autre. Cependant, je ne m'arrête pas trop sur les détails, les deux vigiles passant déjà les portes. Je me précipite donc vers la femme à la robe fleurie entourée par plusieurs hommes musclés ne portant qu'un simple pantalon noir, des chaussures cirées, et une cravate ou un noeud papillon, c'est au choix. La dame aux cheveux d'ébène fait de grands gestes en élevant la voix, une cigarette à une main, surement à essayer d'impressionner son interlocuteur vêtu d'un costume gris très probablement confectionné sur mesure.

- Ne voyez vous donc pas ce qui vous pend au nez ou êtes-vous aussi bête qu'on le prétend ? s'exclama la femme, complètement courroucée.

- Je ne vous permets pas, madame. Allez donc vous faire soigner dans les Limbes, il parait que cela rajeunit.

Je ne leur laisse pas poursuivre leur conversation endiablée et les interromps brusquement, juste avant que les vigiles puissent m'attraper.

- Tantine !

La femme se tourne vers moi, et lorsque son regard croise le mien, son visage ridé par la colère se radoucit instantanément. Toutefois, cela n'empêche pas l'un des vigiles de me saisir le bras pour me tirer en arrière.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant