Chapitre 6: Dans l'Au-Delà

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19h30 pile, on sonne à la porte. J'ajuste ma robe bustier noire et enfile des ballerines à la va-vite, avant de descendre les escaliers.

- J'arrive ! criai-je depuis les escaliers.

Je traverse le salon et ouvre enfin la porte d'entrée. Mon amie m'adresse un grand sourire avant de me prendre dans ses bras. Puis elle se recule pour remettre en place ses lunettes de vue décorant ses yeux bruns, afin de correctement m'observer.

- Prête ?

- Oui.

Ou peut-être pas... Maman arrive jusqu'à la porte en trottinant.

- Tu n'as pas oublié ta croix, trésor ?

- Non non, je l'ai.

Pour preuve, je me tourne face à elle. Elle pose son regard sur la fine croix en or qui pend autour de mon cou, et un sourire étire ses lèvres.

- Ne rentrez pas trop tard, les filles. Et je compte sur toi pour bien te comporter, Angèle.

- Comme toujours, maman.

- Parfait ! Alors bonne soirée !

- Merci, madame Roy.

Anaïs m'attrape par le bras et m'entraîne vers la route sur laquelle est garée sa petite voiture de ville. Je prends place du côté passager, tandis que mon amie s'installe derrière le volant et démarre.

- J'adore ta coupe de cheveux, lui dis-je en souriant.

- Merci ! En vrai j'ai mis super longtemps à la faire, mais j'avais pas cours aujourd'hui alors ça m'a amusé de tenter des trucs.

Deux tresses acajou plaquées contre son crâne lui parcourent le côté de la tête, et finissent dans un joli chignon qui est, lui aussi, fait de tresses.

- Oh, je t'ai pas dit, s'exclame Anaïs. Le mec avec qui je bosse au café, celui de la semaine dernière, il n'arrête pas de me faire des avances douteuses. Je pensais qu'à force il allait s'épuiser, mais tu parles ! Il tient la longueur. Je te jure, des fois j'ai carrément envie de le foutre dans le mixeur.

- Ta patronne adorerait découvrir cette nouvelle boisson, j'en suis certaine.

- Arrête de me tenter...

- Mais qu'est-ce qu'il te dit ce condamné à mort ?

Un rire jaune échappe à mon amie, avant qu'elle n'énumère les faits sur le même ton:

- Alors je te préviens c'est affligeant. J'ai eu le droit à un: « on se dit 21h chez toi, ce soir » sorti de nulle part. Un coup c'était: « en une fois je te ferais regretter de ne pas m'avoir connu plus tôt ». Ou encore: « passe me voir dans la réserve, qu'on fasse l'inventaire à deux ».

J'explose de rire, et Anaïs boude, malgré qu'un léger sourire étire ses lèvres.

- Ce mec n'a pas froid aux yeux, dis-je en calmant mon rire.

- Et il ne s'épuise jamais ! Donc ne t'étonne vraiment pas si je le fous dans le mixeur après l'avoir broyé à mains nues.

- Ce soir, ce type n'existe plus.

- Ouais, t'as raison. Ce soir, c'est notre soir, dit-elle avec entrain.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant