Chapitre 24: Prise en étau

22 4 0
                                    

- Arrête tes bêtises, Alastor, et laisse Angèle repartir, l'avertit Gabriel avec tout le sérieux du monde.

- Je n'ai pas d'ordres à recevoir de toi.

- Alors on va avoir un problème.

- Les problèmes c'est ton truc, pas le mien. D'ailleurs j'en ai un excellent pour toi, et il tient en un mot, ou plutôt un prénom: Angèle.

Les sourcils de Gabriel passent de l'énervement à l'inquiétude en une fraction de seconde. Son changement d'attitude arrache un sourire à Alastor.

- Tu es si prévisible, Gabriel... rigola-t-il.

- Si tu oses me mentir, je—

- Je ne te mens pas. D'ailleurs pourquoi penses-tu que notre chère Angèle est venue me voir ? demanda Alastor en caressant innocemment mes cheveux.

- Que lui—

- Moi ? Rien du tout, tu me connais.

- Justement !

Alastor éclate d'un rire franc, et me rapproche encore un peu plus de lui, tant est que cela soit possible sachant qu'il me colle déjà contre son torse.

- Disons que quelqu'un la trouve... intrigante. Et puis les choses arrivent si vite...

- Qui ?

Un nouveau rire retentit, proche de mon oreille.

- Réponds-moi, Alastor !

Ce dernier rigole de plus belle, avant de me chuchote à l'oreille:

- Sache que je tiens toujours parole, miss.

Il me relâche et s'éloigne de moi, toutefois son dernier murmure me parvient:

- Lorsque nous nous reverrons, nous ne serons plus les mêmes.

Gabriel s'empresse de venir vers moi pour vérifier que j'aille bien. Il tâte mes bras et observe attentivement mon visage, l'inquiétude perçant sur le sien.

- Je vais bien, Gabriel.

- Ne te laisse pas avoir par Alastor, cela pourrait être dangereux pour toi.

Gabriel cesse enfin de m'inspecter sous tous les angles, et pose sa main sur mes omoplates pour m'avancer vers mon amie. Celle-ci me sourit malgré l'anxiété qui marque ses traits.

- Je vais vous ramener chez vous, ça vaut mieux.

- Merci beaucoup, Gabriel.

Les remerciements d'Anaïs flottent paisiblement entre nous, et Gabriel nous offre un grand sourire bienveillant, avant que nous entamions notre route du retour sans nous retourner.

~~~~†~~~~

Nous nous arrêtons au pied de mon perron, après avoir déposé Anaïs chez elle.

- Merci, Gabriel. Comment est-ce que je pourrais te remercier une nouvelle fois ?

Il me sourit avec une bienveillance infinie, et pose sa main sur ma joue, son regard bleu plongé dans le mien.

- Ne t'en fais pas, dit-il, vous faites déjà beaucoup. Prends juste soin de toi.

- Et, Gabriel... ?

- Qui y'a-t-il ?

- Après tout ce que tu as fait pour nous j'ai entièrement confiance en toi.

- Tu le peux, je ne te trahirai jamais.

- Hum, hésitai-je un instant avant de me lancer. Alastor a sous-entendu que quelqu'un me cherchait. Est-ce que tu sais pourquoi il a dit ça... ?

Son pouce caresse ma pommette tandis que son sourire me rassure.

- Garde la foi, Angèle, et les mauvaises personnes ne pourront pas t'atteindre.

Garder la foi... Victoire aussi avait la foi, même plus que moi, et pourtant la voilà en Enfer, surement à souffrir le martyre. Malgré tout... je garde la foi.

Je porte ma main à ma poitrine et saisis la croix qui s'y trouve, puis je baisse la tête. Mais Gabriel la relève, captivant mon regard de sa bonté.

- Tu ne dois pas t'en faire, le Seigneur veille sur toi.

- Des fois j'ai du mal à y croire...

Soudain, Gabriel se penche sur moi et dépose ses lèvres sur les miennes. J'écarquille les yeux sous la surprise, mais les ferme rapidement lorsque d'agréables fourmillements parcourent tout mon corps avant d'embaumer mon esprit. Je me laisse aller à cette sensation d'exquise douceur, ignorant complètement les avertissements de ma famille.

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin comme on dit. Gabriel sépare nos lèvres en caressant ma joue de son pouce, un sublime sourire sur le visage.

- Fais-moi confiance, et je te guiderai.

Je ne dis rien, encore sous le choc de ce qu'il vient de se passer et des sensations qui courent agréablement en moi.

- Prends soin de toi, Angèle.

Puis il repart, comme ça, me laissant les bras ballants. Au même moment, une voix féminine retentit depuis la maison:

- Angèle, te voilà enfin rentrée.

Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce qu'il est bien arrivé ce que je pense ? Est-ce que Gabriel vient juste de m'embrasser ? Quoi ?! Gabriel m'a embrassé ! Pourquoi ? Oui, c'est la seule question qui me vient à l'esprit. Pourquoi est-ce qu'il a fait ça ? Il n'y a jamais rien eu entre nous, et... je le connais à peine ! Ohlala, en plus de ça j'ai l'impression de trahir Victoire, elle qui aurait tant voulu être à ma place. Et si mes parents avaient tout vu ? Je suis foutue ! Finalement, la princesse aurait préféré que le prince ne l'embrasse pas.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant