Chapitre 28 : La rancune

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Vous vous rappelez de ce type qui m'a sauté dessus à l'orphelinat ? Celui qui voulait retrouver sa mère ? Celui qui est mort dans un accident de voiture ? Eh bien c'est lui qui se tient là, face à moi, complètement furibond.

- Toi ! Où est ma mère ?!

L'Enfer ne l'a pas aidé... Vous me direz, cela n'aide personne.

Le type se précipite vers moi tandis que Lidia tente de s'interposer tant bien que mal :

- Thomas, ne fais pas ça !

Ce Thomas ne semble pas disposé à l'écouter, et me saute tout de même dessus en criant sa rage. Complètement sous le choc, je ne comprends pas trop ce qu'il m'arrive jusqu'à ce que mon crâne heurte le parquet. C'est la deuxième fois en moins d'une heure que j'ai un contact intime avec ce foutu parquet, et je préfère en éviter un troisième.

Je grince des dents au sifflement de mes oreilles, et tente de repousser l'enragé. Toutefois, sa colère lui grille complètement les neurones et il resserre sa prise sur mes bras avant de me cracher à la figure :

- Où est ma mère ?!

- J'en sais rien, moi !

Et je n'ai pas que ça à faire, régler les petites histoires familiales des autres ce n'est pas mon truc, j'ai déjà la mienne à gérer. Je le repousse de toutes mes forces, mais ce mufle reste stoïque, enfin... jusqu'à ce qu'il se prenne un bon coup de tisonnier en pleine tête. Sous l'affreuse douleur que ça doit lui procurer, il gémit et porte sa main à sa tête en se dégageant de moi. Je m'empresse de me lever, mais ce Thomas m'attrape violemment par le poignet.

- Thomas, ça suffit ! s'écria Lidia.

Mais encore une fois, il l'écoute autant qu'un brin d'herbe écoute les oiseaux chanter. Je me retourne donc vers lui, prête à lui décocher la droite de sa vie. Cependant, je me stoppe lorsque je vois son arcade sourcilière proprement ouverte se referme en quelques secondes, sans aucune goutte de sang y perlant. Oh-mon-Dieu.

- Où est—

Il est brusquement interrompu par la porte du salon qui s'ouvre en fracas. A cet instant, tout le monde se fige, même Thomas n'ose plus rien faire, d'ailleurs je ne suis même pas sûre qu'il respire encore. Mais... est-ce qu'il respire en temps normal ? Les morts ça respirent, vous pensez ? Angèle, reprends-toi !

- C'est quoi ce raffut ?! gronda la voix à l'entrée.

Je tourne ma tête dans sa direction, et aperçois le vieux aux cheveux grisonnants et à la peau ridée, paré de son meilleur costume. Il nous fusille tous les trois du regard avant d'avancer à grandes enjambées vers nous. Lidia baisse aussitôt la tête et recule jusqu'à tomber dans le fauteuil. Quant à Thomas, il me relâche et détourne le regard. En fin de compte, il n'y a que moi qui fixe ses yeux aussi ternes que vides.

Le vieux s'approche de Lidia et l'empoigne par la gorge pour la soulever à plusieurs centimètres du sol, ses pieds battant vainement dans le vide.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? l'interrogea-t-il d'un ton glacial.

- Un... Un incident, lui répondit-elle d'une voix brisée par la poigne du maître des lieux.

Une vague de chaleur me parcourt en même temps qu'un regain d'énergie. Je me lève prestement et me dirige vers eux d'un pas déterminé.

- Lâchez-la !

Lidia me regarde avec une profonde inquiétude, les yeux écarquillés, puis le vieux la jette au sol avec mépris avant de s'avancer vers moi. Souris, Angèle, tout ira bien... Peut-être pas si bien, finalement.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant