La silhouette nouvellement apparue se précipite sur le type avachi sur moi. Je sens quelque chose de pointu presser mon ventre tandis qu'un liquide chaud se répand sur mon abdomen. Autant paniquée que dégoûtée, des larmes m'échappent et je me redresse brusquement pour me plaquer contre ma tête de lit, donnant, au passage, des coups de pied à Monsieur Sol dont le corps ensanglanté s'écroule aussitôt par terre. Je ne parviens pas à voir le visage de ce nouveau venu, la lune n'éclairant que sa chevelure foncée. Néanmoins, je ne cherche pas en savoir plus lorsque le type — qui, j'espère, est dès à présent aveugle — pousse un grognement guttural, la bouche déformée par une faim inhumaine. Le nouveau sort immédiatement une arme de son dos avec la plus grande fluidité, pointe le type de son canon, puis tire dans la même seconde. Un bruit assourdissant résonne, provoquant de sévères acouphènes à mes oreilles, si bien que le gémissement plaintif du monstre ayant écrasé mes livres me semble bien lointain. Je me tourne toutefois dans sa direction et il en va de même pour la mystérieuse silhouette qui n'hésite pas un instant à lui envoyer ce qui semble être un poignard, selon l'éclairement du corps céleste, en plein dans l'épaule. L'homme pousse un affreux gémissement entre le cri et le grognement.
Après un dernier regard dans ma direction, permettant à la lune de me dévoiler des yeux verts, la silhouette s'avance vers le type avachi et saignant contre ma bibliothèque, tous les livres étalés autour de lui.
– Qui t'envoie ?
Sa voix, bien qu'aussi tranchante que la lame enfoncée dans l'épaule de l'homme, est loin de m'être inconnue. Et en y réfléchissant bien, je ne voyais pas Gabriel se salir ainsi les mains.
La lune éclairant le visage de l'intrus, je l'aperçois baisser honteusement les yeux, des éclairs d'effroi les traversant. Sa terreur est si grande qu'elle se manifeste jusque dans sa voix tremblante.
– Pe... Personne, Grand... Grand Maître.
Dans deux secondes, il fond en larmes et dans trois, il se pisse dessus. Ne semblant ni convaincu par sa réponse ni par sa peur palpable, Alastor point le canon de son arme à feu dans sa direction.
– Par pitié... Je vous en supplie... Je vous le jure, ce n'est que la stricte vérité ! s'empressa d'ajouter la victime lorsque son bourreau retira la sécurité de son arme.
Des larmes inondent ses joues et tout son corps se met à trembler.
– Comment puis-je m'assurer que tu ne mens pas ?
– Je n'oserais jamais vous mentir, Grand Maître. Je vous l'assure !
Et alors qu'il allait continuer sa phrase, une nouvelle détonation nous assourdit, accompagnée par le hurlement du blessé. Je réouvre les yeux, fermés sous le coup de l'effroi, et découvre qu'une tache s'étend sur son pantalon tandis qu'il enserre sa cuisse de ses mains tremblantes, les larmes gouttant sur celles-ci.
– Ayez pitié... Grand Maître... Jamais je ne me jouerais de vous.
– Vous êtes venus par vous-même ?
– Oui oui oui, tous les trois !
Sous la douleur qui doit affreusement le faire souffrir, l'homme gémit mais continue de parler, ignorant les spasmes qui le parcourent :
– On a voulu vérifier la rumeur. En Enfer, le bruit circule que cette fille aurait reçu l'immortalité de la part de votre frère. Vous savez comment nous sommes... laissa-t-il traîner en tentant un sourire qui se veut complice, bien que déformé par la douleur. Nous n'avons pas tous cette chance.
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De l'Autre Côté
Übernatürliches« Vous connaissez l'expression « être une grenouille de bénitier » ? Eh bien je peux vous assurer que tous les membres de ma famille sont des batraciens. Par là j'entends : croix en folie et messes à gogo. Ma famille est si religieuse que Satan lui...