Chapitre 82 : Je dois te le dire

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Alastor se rapproche de moi et vient poser ses mains sur mes hanches avant de me parler à l'oreille, par-dessus « Heal the world ».

– On dirait que j'ai enfin un moment pour te parler sans les oreilles indiscrètes de notre table.

Un petit rire m'échappe et j'entre dans le jeu d'Alastor en passant mes bras autour de son cou. Je ne sais pas ce qui me pousse à agir ainsi, sûrement mon stupide égo qui veut se manifester dans le but de m'élever à la hauteur de mon charmant adversaire. C'est d'ailleurs ce même égo qui me pousse à répliquer :

– S'il n'y avait que les oreilles... Moi je sens pleins de petits yeux de vautours se poser sur toi.

Son rire fait vibrer mon tympan puis mon corps entier. Je pense qu'une douche froide me ferait le plus grand bien.

– Ils n'ont qu'à se rincer l'œil, je n'y peux rien si notre vie est plus passionnante que la leur. Mais je n'ai pas envie de parler des autres.

Je ne dis rien et le laisse parler, notant pour moi-même que je lui pardonne bien rapidement son comportement. Non mais comment puis-je avoir de telles pensées ? Au risque de me répéter — et je pense que ça ne me fera pas de mal — Alastor fait bien ce qu'il veut, d'ailleurs il l'a toujours fait. C'est un étalon sauvage. Ma comparaison me fait rire, mais je me retiens, de peur de faire croire à Alastor que je me moque de lui. Cependant, le comparer à un étalon sauvage n'est pas moqueur, sauf si je l'imagine en train d'imiter un cheval qui se cabre et hennit.

– Je voulais te remercier.

Soudain, toute comparaison animalière est chassée de mon esprit, seul son timbre de voix rendu rauque par l'émotion me parvient.

– Ce que tu as fait, ce que vous avez fait tous les trois... Ça me touche énormément. Je suis désolé de ne pas avoir été très expressif ou d'avoir gardé le silence pendant le repas mais... j'étais boulversé et mes mots n'étaient pas à la hauteur de mes pensées.

Sans plus attendre, je le serre dans mes bras, rassurée que notre projet ait porté ses fruits. Alastor me rend aussitôt mon étreinte et les regards des Démons nous paraissent maintenant bien futiles.

– Merci, l'entendis-je murmurer une nouvelle fois, la gorge nouée. Vous êtes un cadeau merveilleux.

Alastor recule son buste pour pouvoir prendre mon visage en coupe et contempler mes yeux qui doivent probablement être rougis par l'émotion, tout comme les siens. Il pose son front contre le mien, mon visage toujours entre ses paumes chaudes, puis rajoute :

– Je te promets de tout faire pour t'aider à retrouver ta soeur. Jamais je ne te laisserai tomber, tu as ma parole. Je serai là, quoi que tu me demandes. Je te le promets, murmura-t-il du bout des lèvres.

Je pose mes mains sur les siennes, mon regard plongé dans le vert du sien, et confesse sur le même ton :

– Je te crois.

Ses yeux se ferment tandis qu'il vient embrasser mon front. Au fond, je m'attendais à un vrai baiser, je ne vais pas vous mentir. À ma place, vous espéreriez la même chose. Mon cœur martelant ma poitrine à m'en faire mal calme sa cadence pendant que ma respiration reprend. Je n'avais même pas remarqué que je ne respirais plus, comme dans l'attente d'un moment bien précis né de longues secondes de tension et de vibrations que seuls les victimes peuvent ressentir jusqu'aux tréfonds de leur âme.

C'est alors que le temps reprend au murmure d'Alastor :

– Je ne veux pas te blesser.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant