Chapitre 58 : Cache-moi

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Alastor éloigne mon visage de son torse mais m'oblige toujours à lui faire face, son corps dissimulant une scène sûrement trop sanglante pour ma pauvre âme meurtrie. Avec délicatesse, il reprend mon bras couvert par son mouchoir en soie maintenant plus rouge sang que blanc neige. Minutieusement, il écarte les pans du tissu, dévoilant deux perforations dans mes veines qui n'ont pas encore cessé de saigner. Je vois sa mâchoire tressauter mais je ne relève pas. Il jette un bref coup d'oeil par-dessus son épaule, puis fait un tour circulaire de la pièce avant que son regard ne se pose sur Cassiopé, aussi tremblante que sanglotante.

– Va chercher de quoi soigner sa blessure.

– Monstre ! hurla l'Esprit de Famille, la voix enrouée par la haine et les pleurs.

Sur ce, Cassiopé s'évapore. Pourquoi a-t-il fallu qu'on tombe sur elle ? Ça ne pouvait pas être quelqu'un de prévenant et d'attentionné, au lieu d'un Esprit complètement enamouré de Gabriel au point de ne jurer que par lui.

Face à son comportement enfantin, Alastor soupir. Pour ma part, cela fait déjà plusieurs fois de trop que j'ai affaire à elle, donc je ne tiens plus rigueur de son attitude. Au moins, elle ne m'a pas insulté avant de se dérober, un miracle à inscrire dans le marbre.

– Tes blessures devraient rapidement guérir, du moins plus rapidement que la normale. Mais cela serait embêtant que tu te vides de ton sang ou que ta plaie s'infecte avant que tu aies réussi à guérir.

Alastor jette un nouveau coup d'oeil par-dessus son épaule puis soupir d'agacement.

– Et lui ne veut toujours par dégager le plancher.

Sa main qui ne maintient pas le mouchoir pressé contre mon avant-bras se pose sur le haut de ma tête, et ses poumons se vident.

– Il n'y a plus qu'à appeler Ruben.

La seconde d'après, une silhouette se matérialise aux côtés d'Alastor. Son grand corps aux épaules tombantes, ses cheveux striant son regard grisonnant, son attitude aussi nonchalante que distante, je le reconnais aussitôt, il s'agit de l'ombre d'Alastor.

– Peux-tu aller me chercher de quoi soigner ses blessures, s'il te plaît ?

Le jeune homme réservé hoche la tête puis quitte la chambre, nous laissant une fois de plus tous les deux.

La douleur pulse dans mes veines, brûlant mes jambes, ma poitrine, mais surtout mon avant-bras. Toutefois, je n'y prête pas vraiment attention, bien trop étonnée par l'attitude d'Alastor à mon égard. Et si je m'étais trompée ? Et si Eve avait raison ? Et si Gabriel avait tort ? Qui croire ou ne pas croire ? A l'heure actuelle, je ne peux me baser que sur des faits, et l'arrivée d'Alastor au moment opportun en est un de taille. Je doute que Gabriel puisse rivaliser, à moins bien sûr qu'il m'aide à retrouver ma soeur. Néanmoins, Gabriel n'est pas là et Alastor est à mes côtés. J'aurais bien voulu laisser à Gabriel le bénéfice du doute, il a tout de même été attentionné au début de notre relation amicale. Malheureusement pour lui, il a dégringolé dans mon classement lorsqu'il m'a traité avec une prétention horripilante. Classement qui, soit dit en passant, ne compte qu'Alastor et Gabriel.

– Merci, finis-je par dire du bord des lèvres.

– Garde tes remerciements pour plus tard, miss.

– Non, je veux te remercier pour être arrivé à temps. Et je veux aussi m'excuser pour t'avoir aussi mal parlé et dénigré. Si tu n'avais pas été là...

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant