Ses yeux verts rieurs plongent dans les miens qui se dissimulent derrière mes mèches. Il enlève sa casquette, dévoilant des cheveux presque noirs du fait du faible éclairage, avant de les ébouriffer.
– Je suis quand même sacrément bon si t'as pas réussi à me reconnaître. Z'avez d'jà était plus pertinente qu'ça, ma p'tite dame, ajouta-t-il de son accent emprunté.
J'étais supposée rire, mais tout ce qui monte en moi est un sanglot. Je me pince les lèvres pour le contenir et lève les yeux aux ciels afin d'empêcher les larmes de couler. Je ne vais quand même pas pleurer une fois de plus, j'ai déjà passé une bonne partie de la matinée à le faire. Remarquant mon étrange comportement, Alastor pose l'outil qu'il tient dans sa main et se relève en fronçant les sourcils, l'inquiétude perçant sa voix :
– Angèle ?
Comment ai-je pu croire à de telles sottises ?! Comment Gabriel a-t-il osé... Ne suis-je qu'un simple bien sans valeur humaine ?
Je prends une grande inspiration et parle enfin, au risque d'éclater en sanglots :
– Qu'est-ce que tu fais ici ?
– Je suis venu pour faire bisquer mon frère, comme il surveillait ta maison.
Cette fois c'est trop, les sanglots m'échappent. Je couvre immédiatement mon visage, les larmes déferlant sur mes joues et mes épaules tressautant à chacun de mes spasmes respiratoires. Dans la même seconde, des bras m'entourent, m'offrant un réconfort inestimable. Je me blottis contre son torse, le visage dissimulé dans son cou, à pleurer comme une madeleine. D'une main, il me maintient fermement contre lui tandis que l'autre caresse chaleureusement mes cheveux et mon dos.
– Ça va aller, me murmura-t-il d'un ton aussi doux que rassurant. Tu vas t'en sortir, tu t'en es toujours sortie.
Un soubresaut saisit mes épaules. Alastor resserre son emprise sur moi, ne faisant qu'accentuer mon état émotionnel.
– Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Les Démons sont revenus ?
Ne me sentant pas le courage de répondre de manière audible, je secoue la tête contre son torse.
– Tes parents ont rencontré votre sacro-saint Esprit de Famille et ont donc décidé de déménager pour ne plus jamais le rencontrer ?
Un petit rire m'échappe, bien qu'accompagné d'un sanglot.
– Tu sais ce qu'il te dit l'Esprit de Famille ? rétorqua soudainement l'Esprit en question.
Alors que l'interruption de Cassiopé aurait dû briser le cocon apaisant qui nous entoure, un air chaud vient caresser ma peau, comme pour nous maintenir éloignés d'elle. La température grimpe, et alors qu'en temps normal je me serais libérée de toute étreinte par peur d'avoir encore plus chaud, je n'en fais rien. Au contraire, je me blottis un peu plus contre Alastor, ne voulant pas quitter cette agréable sensation me donnant l'impression qu'avant cette chaleur qui peut paraître étouffante, mon corps n'était qu'un petit glaçon frigorifié.
– Laisse-moi deviner... qu'il m'emmerde ? répondit Alastor avec autant de dédain que de moquerie. Aller, retourne chez toi, petite. Tu nous fatigues avec tes histoires.
– Bande de...
– Insignifiants ? Egoïstes ? Traitres ? Monstres ? Sales Démons ? énuméra Alastor à sa place. Tu as sûrement plein d'autres qualificatifs affectueux pour nous mais vois-tu, nous n'avons pas de temps à te consacrer.
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De l'Autre Côté
Paranormal« Vous connaissez l'expression « être une grenouille de bénitier » ? Eh bien je peux vous assurer que tous les membres de ma famille sont des batraciens. Par là j'entends : croix en folie et messes à gogo. Ma famille est si religieuse que Satan lui...