Chapitre 73 : Je t'en prie

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Marrow pose une main sur mon épaule et mon corps se retrouve libéré de l'emprise invisible qui me maintenait figée. Je m'empresse de me lever, bien qu'encore un peu ankylosée par ce tour de passe-passe, et défis du regard le propriétaire des lieux.

– Sois sage, Sonia, me devança-t-il. Je t'ai apporté une jolie robe pour ce soir, alors mets-la.

– Tu rêves, mon gars.

C'est hors de question que je me plie aux volontés de ce type. Et cette fois, Lidia n'est pas là pour gentiment réprimander mon refus d'obtempérer.

Maintenant libre de mes mouvements, je m'échappe et file vers la porte d'entrée. Malheureusement, le Démon qui n'a pourtant pas l'air vif d'apparence m'attrape le bras dès que je passe à côté de lui. Je reçois le contre-coup de ma vitesse et manque de perdre l'équilibre si cette foutue paralysie n'était pas revenue. A nouveau immobile, je voudrais crier et me débattre, mais je ne peux rien faire d'autre que de fusiller Marrow d'un regard noir lorsqu'il vient se placer face à moi.

– C'est bien plus amusant lorsque vous vous montrez dociles. Mais bon... tu sembles être un peu plus récalcitrante que les autres.

Sur ce, il commence à ôter mon gros pull bleu marine taché de peinture. J'essaie de hurler ou me débattre, mais comme la première fois cela ne fait qu'accentuer ma paralysie. Avec une habilité effrayante, le type passe mes bras, qui semblent se modeler à son contact malgré mon refus catégorique d'obtempérer, à travers les manches. Et en seulement quelques secondes, je me retrouve en sous-vêtements devant lui et ses yeux brillants. A cet instant, je prie pour me trouver partout sauf à ses côtés et ceux de Gabriel. Un frisson tant d'horreur que de dégoût court le long de ma peau avant que cette ordure ne glisse ses lèvres sur ma poitrine. Je me débats intérieurement, luttant comme une lionne, mais mes muscles deviennent douloureux. Ils semblent vouloir m'obéir mais l'étau qui les en empêche se resserre autour de leur contraction, m'arrachant un grognement mécontent. Je ne dois pas paraître très menaçante, ainsi figée, puisque ses lèvres glissent jusqu'à mon ventre pour mordiller mes hanches tandis que ses mains arpentent mon corps. Si je le pouvais, je lui vomirais dessus, croyez-moi. Malheureusement, que puis-je faire de réalisable si ce n'est prier ? Et je n'ai surtout pas envie d'implorer Gabriel, déjà car ce serait lui accorder une victoire bien trop importante, mais aussi car il n'a aucune emprise sur l'Enfer. C'est alors qu'une idée fulgurante et désespérée me traverse l'esprit.

Je tente d'oublier ce pervers et ses intentions... réprimandées par la religion, pour implorer le seul espoir qu'il me reste. Je déteste devoir faire appel à lui telle une demoiselle en détresse dans son château, mais à cet instant, je préfère mettre ma fierté de côté. J'implore donc Alastor de ton mon coeur et de toute l'âme qu'il me reste. Je l'appelle désespérément, le supplie de me retrouver, le conjure de m'aider. Je l'implore tellement que son image se forme nettement dans mon esprit. Ses cheveux bruns froncés se dévoilant sous le soleil, ses yeux verts malicieux, son sourire en coin et sa peau légèrement hâlée. Malheureusement, il n'y a que son image et la réalité est bien désagréable.

La main de Marrow remonte ma cuisse, tandis qu'il vient embrasser ma pommette, puis mes lèvres, avant d'y murmurer contre :

– Ne pleure pas, Sonia.

C'est alors que je comprends la femme dans la ruelle, sa peur, ses sanglots, ses tremblements. Même si je le pouvais, je ne pourrais pas bouger.

~~~~†~~~~

Nous entrons dans un petit bar dont la petitesse n'enlève rien au luxe du lieu. La pièce est séparée en un côté bar et un autre tables basses. De nombreux Démons circulent, frôlant tous leurs voisins tant l'endroit est étroit. Les ampoules au faible éclairage créent un jeu de lumière sur les moulures dorées décorant le plafond et les murs. Une musique est diffusée, mais le brouhaha des conversations l'outrepasse.

De l'Autre CôtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant