Billet IV, de Monsieur au Roi d'Angleterre.

4 1 0
                                    

Mon cher beau-frère,

Je suis au regret de vous informer du décès de votre sœur, mon épouse.

Nous n'avons jamais été proches, vous et moi, pourtant, je sais qu'à cet instant nos deux cœurs saignent à l'unisson de sa disparition. Je suis resté à ses côtés jusqu'au bout. Je crois qu'elle est partie en paix et heureuse, elle parlait d'amour, elle nous souriait malgré sa douleur évidente, elle a été d'un rare courage, masquant jusqu'au bout sa douleur pour ne pas nous attrister. Sachez qu'elle a été entourée jusqu'au dernier instant, par tous ceux qui l'aimaient en la Cour de France, et ils sont nombreux, ceux l'admiraient.

Je sais que vous aurez du mal à me croire étant donné ce qu'elle a pu vous raconter de notre couple désharmonisé, de nos éclats et disputes, de nos caractères bien souvent incapables de s'harmoniser, pourtant, je vous prie de croire que nous nous aimions, à notre façon. Votre sœur a été pour moi plus qu'une épouse, elle a été une amie, une confidente et j'espère en avoir été autant pour elle. La perdre m'a brisé le cœur, et je ne puis songer à l'état du vôtre après mon annonce.

J'ose espérer que vous me pardonnerez toutes les erreurs que j'ai pu commettre, j'aurais aimé être un meilleur époux, un meilleur beau-frère. Que sa mort, aussi terrible soit-elle pour nous tous, nous rapproche. Je sais que cela aurait été son souhait. J'honorerai sa mémoire en ce sens, j'espère que vous en ferez de même.

Tristement vôtre,

30 juin 1670, Saint Cloud.


A l'ombre du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant