Billet V, du Chevalier à Monsieur.

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Si je ne suis fâché ?

Amour, j'ai préféré ignorer tes lettres pour ne pas m'en agacer. Tes mots accusateurs, même s'ils ne venaient de toi et n'étaient que l'écho de ceux prononcés par d'autres, m'ont grandement heurté. Je n'ai aucune peine à imaginer quel genre de rumeurs court à mon encontre comme à celle du pauvre marquis. Mais toi ? Mon doux prince, tu m'as habitué à mieux. Croire en ces gens-là et en leurs accusations perfides ? Même ton frère n'y a prêté l'oreille !

Lui au moins m'a parlé convenablement, a répondu à mes lettres et m'a expliqué ce qu'il se passait ici, de l'impossibilité qu'il avait de me faire revenir en ces instants, mais de son intention de le faire lorsque la guerre débutera, de son besoin qu'il a en des hommes tels que moi et mon frère. Je lui ai assuré que nous serons toujours là quand il nous mandera et qu'un seul mot de lui nous suffirait alors.

Ton frère a ses défauts, mais lui au moins ne croit en ces médisances qui m'offensent et me heurtent quand elles sont transmises de ta main tremblante. Je ne souhaite plus rien lire à ce sujet, aussi, à moins d'avoir autre chose à me dire, je te prie de ne plus m'écrire. Je ne souffrirai de lire encore des lettres de ce genre signées de ta main.

24 juillet 1670, Rome


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