Chapitre 3

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Comme c'était ma première année en temps qu'enseignante, je n'avais pas d'autre classe à m'occuper, j'aurais pu rentrer immédiatement si je le voulais, au lieu de ça, je sortis par l'entrée administrative et cachée derrière ce qui devait être un hangar à vélos, je m'allumai une cigarette. Nous n'avions pas le droit de fumer à l'intérieur du collège, les élèves évidemment mais les enseignants non plus. J'avais presque arrêté de fumer, en allumant une après les repas et quelques fois quand je me sentais fatiguée ou que j'avais besoin de réfléchir. Ce matin, je ressentais les deux. Je n'avais toujours pas l'esprit clair lorsque j'écrasai le reste de ma cigarette sur le sol et remis le mégot dans le paquet en me disant tant pis pour l'affreuse odeur de tabac froid qui allait envahir mon sac à main, puis pris un bonbon à la menthe, histoire de ne pas me faire remarquer si je venais à croiser un élève.

« On dirait un gamin qui ne veut pas se faire prendre par ses parents. »

J'avais dit cette phrase en murmurant et en ouvrant la porte par laquelle j'étais sortie. Dans le Hall je vis le groupe d'Élodie près des distributeurs, elle me remarqua aussi et me sourit en me regardant directement, ce qui fit se retourner deux de ses camarades. Je me demandais ce qu'elles faisaient encore là, alors qu'elles aussi pouvaient rentrer chez elles et rejoignis la salle dans laquelle j'avais donné mon premier cours, si on peut appeler ça un cours, mon sac d'enseignante y était toujours, contenant mon ordinateur portable et quelques documents que le lycée nous avait donné la veille. Je sortis la machine et appuyai sur le bouton de mise en marche, rien ne se passa. Paniquée, je cherchai une prise et y branchais le chargeur tout en priant pour que ce ne fusse qu'une batterie déchargée. Ça l'était, heureusement. J'attendis un peu, dans le calme de la pièce d'un collège qui se vidait petit à petit, que la machine ait suffisamment d'énergie pour démarrer correctement. Pour tuer le temps je me mis à lire le règlement intérieur de l'établissement, la version enseignante, que j'avais signé la veille sans vraiment voir autre chose que le nom du document quand on frappa à la porte. Je criais d'entrer, me demandant qui cela pouvait être et rangeant mes papiers dans mon sac. Élodie passa la tête par la porte, ce qui ne me surpris même pas.

« On ne vous dérange pas, Mademoiselle Dumur ?

- On ? »

Elle ouvrit la porte et je vis qu'elle était avec les trois autres filles du groupe du distributeur, je leurs dis d'entrer et de ne pas faire trop de bruit, elles s'exécutèrent.

« Les profs peuvent ramener leur ordi, dit l'une d'elles que je ne connaissais pas, vous jouez à quoi ?

- Sarah ! Tu crois que Mademoiselle Dumur joue aux jeux au collège, vraiment ?

- En effet Élodie, je ne joue pas. Chez moi non plus d'ailleurs. »

La fille perdit alors tout intérêt pour la machine et revint avec son groupe de copines. La grande blonde reprit la parole, à mon intention cette fois.

« Je vous présente Sarah la curieuse et là c'est Noa et ici Marine, on est toutes dans la même classe.

- Bonjour à toutes.

- On peut bouger les chaises et s'asseoir Mademoiselle ? »

J'acquiesçai et les quatre filles se placèrent autour de la table située la plus près du bureau auquel j'étais toujours puis se mirent à discuter entre elles. J'ouvris mon ordinateur et repris la rédaction du texte que je travaillais en ce moment. Une demi-heure passa quand une sonnerie de téléphone se fit entendre.

« Oh, dit la brune se nommant Marine, mon vieux est là. On y va les filles. »

Les trois saluèrent Élodie, me dirent au revoir et quittèrent la pièce, nous laissant seule. Je finis par délaisser mon texte pour regarder la grande blonde qui manipulait son téléphone. Elle s'aperçut rapidement que je la regardais, me sourit en posant l'appareil qu'elle tenait .

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant