Chapitre 86

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J'étais dans la cuisine lorsque Sarah arriva. Elle se servit un verre de jus de fruit puis allait repartir lorsque je la stoppais.

« Alors, avec Noa, ça avance on dirait. Vous êtes plus proches.

- Ouais, je sais pas.

- Pourquoi tu n'as pas voulu aller te laver avec elle ?

- C'est trop tôt ! On va déjà dormir ensemble. Vous l'avez fait exprès ?

- On peut se tutoyer ici, tu vas pas passer deux jours à m'appeler madame Dumur si ?

- Si vous... Si tu veux. Donc, tu l'as fait exprès la répartition des chambres ?

- Évidemment. Je pensais que ça vous aurait rapprochées encore plus.

- Je sais même pas où j'en suis pour être franche. Et puis y'a mes parents aussi.

- C'est pas avec tes parents que tu fais ta vie.

- Dans le fond je vous envie Élo et vous, toi. Vos parents, votre famille vous acceptent, vous vivez ensemble, dormez ensemble, vous vous lavez même ensemble comme ci de rien, vous êtes chanceuse.

- Ma sœur n'accepte pas mon homosexualité, ça fait trois ans qu'elle ne m'a pas adressé un mot.

- Trois ans quand même !

- On ne se voit plus qu'à Noël. Bref, l'important c'est pas ta famille c'est ce que toi tu ressens pour elle. Vous êtes toujours agglutinées ensembles, tu l'aime bien non ?

- Oui, je l'adore ! Elle est jolie et intelligente, elle aime le sport aussi, comme moi, on a pleins de points communs.

- Alors qu'est-ce que tu attends ? Qu'un ou une autre la drague ?

- Je crois que je me sentirais seule si elle venait à sortir avec quelqu'un d'autre.

- Alors fonce, n'attends pas qu'il soit trop tard.

- Merci mad... Claire. »

Elle regagna le salon en souriant, moi j'espérais simplement avoir fait avancer un peu mon élève dans la bonne direction. Je revins moi aussi dans le salon, repris ma place et Élodie, qui n'attendait que ça, revint s'asseoir sur moi. Je jetais un œil à Sarah qui nous lançait de son côté des regards envieux, dans ma tête je lui dis encore une fois de foncer si elle voulait sortir avec Noa. Justement cette dernière sortait de la salle de bain et nous dit qu'elle allait au lit, la jeune blonde prit sa place et ma petite amie me murmura à l'oreille qu'elle allait voir la fille brune dans sa chambre afin de lui parler un peu. Je me retrouvais donc seule avec Marine. J'allais me rechercher un verre puis alluma une cigarette à la fenêtre du salon, la jeune fille me regarda recracher la fumée dehors puis me dit :

« Vous savez, mes parents fument à l'intérieur.

- Comme j'ai dit à Sarah, vous pouvez me tutoyer quand on est en sortie comme ça, on va pas passer deux jours à se vouvoyer.

- D'accord, si tu veux. Donc on peut t'appeler Claire ?

- Bien sûr. Et pour ce qui concerne la cigarette, c'est une habitude que j'ai pris chez moi, je ne veux pas empoisonner ma petite amie, ni vous d'ailleurs, le tabagisme passif ça te parle ?

- Oui, je connais vite fait. Tu prends vraiment soin d' Élo hein.

- Évidemment. Et toi, il y a quelqu'un de qui tu voudrais prendre soin ?

- Non. Un mec c'est déclaré l'autre jour mais je ne suis pas intéressée.

- Et par les filles ?

- Je ne suis pas fermée mais personne ne m'intéresse non plus.

- Je dis ça car ça doit être chiant d'être la seule célibataire du groupe.

- Je m'amuse en vous regardant, Sarah et Noa qui se rapproche, Élo et toi qui vous affirmez, je trouve ça cool.

- Mais avoir ta propre histoire ne te tente pas pour le moment ?

- Non. En tout cas personne ne me fait vibrer pour l'instant.

- Je vois, dis-je en écrasant ma cigarette dans le cendrier. Bon je vais regagner mon lit aussi moi.

- J'y vais après ma douche mais Sa est longue, non ?

- Elle va dormir avec Noa, elle doit se faire toute propre. »

Nous rîmes alors que l'intéressée arriva nous souhaiter bonne nuit, se demandant sûrement pourquoi nous riions ainsi. Je vis Élodie passer de la chambre des filles à la nôtre, je partis la rejoindre alors que Marine prit son tour dans la salle de bain. Ma petite amie venait de s'allonger lorsque j'entrai dans la chambre, elle tapota le matelas à côté d'elle et je ne la fis pas attendre plus longtemps avant de la rejoindre. Nous nous embrassâmes longuement avant de discuter un peu.

« On est enfin rien que nous deux, dit-elle.

- Dans la salle de bain on était pas à dix, plaisantais-je. Tout c'est bien passé avec Noa ?

- Elle est complètement folle de Sarah. Le peu de temps que j'y suis restée j'ai entendu parler que d'elle.

- Et Sarah qui ne sait pas trop sur quel pied danser. En même temps je peux la comprendre, c'est compliqué de faire ta vie tout en t'opposant à ta famille.

- Heureusement que les nôtres ne sont pas comme ça.

- Je ne me vois pas avec des parents rétrogrades et incompréhensifs.

- Moi non plus. Tu me prends dans tes bras ?

- On dirait un bébé quand tu fais ça.

- Je suis un bébé, le tien. »

Je voyais ce qu'elle voulait dire, j'avais envie de la taquiner mais ne le fis pas et me contentai de la serrer contre moi. Nos baisers se firent plus appuyés, je sentis soudainement sa main glisser son la veste de mon pyjama, je savais ce qu'elle voulait, j'en avais terriblement envie moi aussi mais je me demandais si cela était correcte de faire ça alors que les filles étaient dans les chambres d'à côté. Elle ne me laissa pas le temps de réfléchir et se mit à défaire les boutons de ma veste, lentement, un par un et quand le dernier fut enlevé, elle vient se placer sur moi. Nos lèvres ne se quittaient pas, nos langues dansaient l'une contre l'autre, la température montait dans la chambre, Élodie ne semblait pas vouloir s'arrêter alors nous fîmes délicatement et le plus silencieusement possible l'amour, l'une de nos première fois dans le chalet. Exténuée après cette difficile journée, je m'endormis aussitôt, sans même prendre la peine de me rhabiller. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant