Chapitre 14

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Je pris mes deux sacs toujours sur le siège arrière et allais doucement retrouver ma salle de cours en pensant à ce que m'avait dit Élodie. Les surnoms que donne Adeline sont stupides mais jamais dénués de sens, j'en avais pour exemple le mien : ''Bouffeuse de meufs'' c'est à force de multiplier les relations brèves que je l'eus. Que savait-elle au sujet de ma petite amie que j'ignorais ? Bref, il fut temps de mettre tout ça de côté, ma journée de boulot commençait. La classe de cinquième était assez calme dans l'ensemble, nous finîmes rapidement les présentations pour faire place au cours, il se déroula sans autre soucis que quelques bavardages intempestifs que je réussis à gérer sans difficulté. Lorsque la pause sonna, je profitais de ces quelques moments de calme pour souffler un peu, la question de Julie n'avait pas totalement quitté mon esprit malgré ma volonté et autre chose me titillait aussi, ce qu'avait dit Élodie concernant sa sœur, elle descend manger et remonte dans sa chambre, la vie ne devait pas être toute rose pour Adeline et Ludivine. J'entendis les filles arriver de loin, elles ouvrirent la porte en coup de vent et entrèrent dans la salle tout aussi rapidement. Je leur demandais si elles étaient poursuivies, elles me dire que deux garçons de leur classe les collaient un peu trop depuis ce matin, je décidais alors de prendre les choses en main.

« À partir de demain, on formera un groupe de lecture, je dirais à Élodie quel livre nous liront et il faudra vous le procurer, ça devrait décourager ces garçons de vous poursuivre, au moins le temps que vous êtes au collège, pendant les pauses.

- Oui mais Mademoiselle, il y a toujours le temps du midi, dit Marine, on ne peut pas rester à la cantine tout le temps, les femmes qui y travaillent nous pressent de sortir dès qu'on a fini notre plateau.

- Et puis on aimerai prendre l'air aussi, rajouta Sarah, on va pas rester tout le temps enfermées à cause d'eux. T'en pense quoi Noa ?

- Je sais pas mais ils sont flippants. Bryan m'a parlé dès que je suis arrivé, il voulait savoir pourquoi on été toujours ici, je lui ai dit que ça le regardait pas mais apparemment ça l'a pas découragé. Et toi Élo ? Non toi tu aimerais rester avec Mademoiselle toute la journée... Oublies ma question.

- Hé t'es méchante ! Mais d'un autre côté j'aime pas les garçons, je me demande ce qu'on peut faire d'autre.

- C'est qui votre prof principal ?

- Monsieur Verten, le prof d'histoire.

- Je vois. Donnez-moi le nom de ceux qui vous embêtent... Non, ne dites rien, sinon on va dire que c'est vous les délatrices. J'irai voir monsieur Verten avant de partir.

- Les déla quoi ?

- Délatrices... Le féminin de délateur... Quelqu'un qui dénonce ses camarades.

- Ha, une balance quoi, résuma Sarah. Ouais ça le ferait trop pas.

- Quoi qu'il en soit, mettons en place ce club de lecture, ça nous permettra de souffler pendant les pauses avec une bonne excuse et calmera tout le monde sur le pourquoi vous êtes toujours ici. Même si les détails restent à peaufiner, on a une idée de départ.

- On vous cause du soucis Mademoiselle...

- Non, ça ne me dérange pas du tout. J'avais un club de lecture à la fac et c'était très intéressant. Qui sait, on aura peut-être du monde par la suite... on peut toujours rêver.

- Vous êtes prof jusqu'à l'os Mademoiselle, ricana Sarah, mais les prof investis sont rares, continuez !

- Merci, je suppose.

- Sarah qui complimente un prof, renchérie Marine, demain c'est la fin du monde. »

Je leur distribuais le reste des friandises achetées la veille, bu mon café et mis fin à notre petite réunion pour ce matin, après m'être renseignée de la salle du dit professeur d'histoire. J'accueillis mes sixièmes et comme nous nous connaissions déjà, je nommais celle qui était devant de le bureau pour surveiller la classe en leur disant que j'avais quelque chose à régler puis leur donna un texte à lire dans le livre, ainsi que de répondre aux questions, leur disant bien que ce travail ne sera pas noté en voyant leurs visages devenir blêmes, puis sortis pour aller voir le professeur principal d'Élodie et ses amies. ''Encore des escaliers'' pensais-je alors que je me rendais à l'étage, je trouvais facilement la salle là où les filles me l'avaient indiquée et frappa de manière assez forte, une faible voix me répondit par-dessus le brouhaha habituel d'une classe pleine d'élèves surexcités. Je fis mon entrée sous quelques sifflets, plus dégradant que gratifiants personnellement, puis demandais au professeur si je pouvais avoir un peu de son temps dans le couloir. Un vieil homme à la chevelure blanche me suivit, il était grand et vif, bougeant rapidement malgré son apparence de vieux. Je lui expliquais le cas des filles qui se faisait harceler par les garçons afin de savoir pourquoi elles venaient dans ma salle, ça allait même jusqu'aux insultes, certes sans gravité... Pour le moment. Il se montra compréhensif et me félicita même pour l'idée du club et me promis de leur en toucher un mot lors de leur prochain cours mais en attendant, il ne fallait pas garder cette idée de club secrète, ça ne faisait qu'attiser l'affaire. Je le concevais bien et me dit de faire passer le mot aux filles. Le club de lecture fut lancé à ce moment-là. De retour dans ma classe je dus calmer tout le monde, ils discutaient ouvertement entre eux et je pouvais les entendre à l'entrée du couloir. Après cela nous corrigeâmes les questions que je leur avais données en partant mais la plus part n'avait rien fait et n'en avait rien à faire, ce qui eut le don de m'agacer.

« D'accord, sortez un feuille, nom, prénom et classe en en-tête. Puisque vous avez l'air de vous en fiche, on va le noter cet exercice. »

Les visages blêmes devinrent décomposés, ils ne pouvaient s'en prendre qu'à eux même et je fis donc ma première interrogation écrite, cela me rajoutait du travail mais il fallait qu'il comprennent qu'ils ne pouvaient pas se permettre de glander quand je leur demandais quelque chose. Ainsi l'heure passa, corrigeant chacun leur tour les questions de l'interrogation, je leur conseillais de prendre des notes pour voir où ils avaient eu faux et pourquoi. Je n'écoutais la correction que d'une oreille tout en commençant à corriger les copies et désigner après chaque bonne réponse l'élève qui répondrait à la question suivante. L'état des copies n'était pas folichonne, peu eurent la moyenne. Un peu déçue, je les libérais à la sonnerie et attendis Élodie dans ma salle.

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant