Chapitre 49

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Nous partîmes dès que j'eus fini ma tasse de café, je n'eus même pas le temps de fumer une autre cigarette alors je l'allumais dans la voiture. Élodie pesta en disant qu'elle allait sentir la clope au collège mais je m'en fichais un peu. En arrivant chez elle, j'entrai et vis qu'une tasse de café chaud m'attendait à la table, il y avait aussi de quoi manger pour ma copine, sa mère avait tout prévu. Nous nous mîmes à table et j'expliquais à mon amie de fac comment ma mère croyait que nous étions ensemble et qu' Élodie avait forte impression auprès de mon père.

« Ahah ! Élo a même réussi à séduire ce vieux grincheux !

- Je ne séduis personne à part ma chérie, dit la jeune blonde. C'est lui qui me trouve bien, moi, il me fait toujours un peu peur.

- Ouais, je vois ce que tu veux dire ma fille, moi aussi il me faisait flipper le daron. Et ta mère qui se fait un film sur nous, heureusement que ma jalouse n'est pas là, elle aurait été mettre les choses au clair avant même d'aller bosser, ahah !

- Elle est jalouse comme ça Ludivine ?

- T'imagines pas ! Au début, quand je parlais de toi, elle faisait la tronche car on s'entendait bien.

- Pourtant il n'y a jamais rien eut entre nous.

- Je sais, elle le sait aussi et maintenant qu'elle te connait mieux, je pense qu'elle est rassurée. »

Élodie alla faire son sac pour la journée alors qu'Adeline me servit une autre tasse de café, je me dis encore une fois que j'allais être une vraie pile électrique ce matin.

« Ça t'a fait plaisir de revoir tes vieux ? T'es toute souriante depuis que t'es arrivée.

- Oui, ça m'a fait plaisir mais ce n'est pas la seule raison.

- Oh ? Ils ont été généreux ?

- Ma mère m'a donné cent balles, mon père dix fois plus.

- Jackpot ! Tu vas en faire quoi ?

- Renflouer mon compte déjà, vu tout ce que j'ai claqué la semaine dernière je suis un peu à sec, et acheter un lit double, ma mère m'a déjà filer les draps.

- Ahah ! C'est Élo qui va être contente. Au fait, ce matin je discutais avec Ludi, si vous continuez ainsi, ça ne serait pas mieux qu'elle laisse quelques fringues chez toi ?

- Elle sera toujours obligée de revenir pour ses affaires de cours. Et puis j'aimerai que ça reste exceptionnel en semaine.

- Mais oui, exceptionnel hein ? Je vais commencer à faire ses cartons ahah ! Et donc tu l'auras quand ton lit ?

- On ira sûrement le choisir mercredi je pense.

- Oh Élo le sait déjà ?

- Oui. Je ne suis pas entrée dans les détails financiers mais elle sait que j'aimerai un plus grand lit. C'est pas terrible de dormir sur le côté sans trop oser bouger.

- Je suppose quand même que ça a ses bons côtés...

- J'avoue. »

Nous rîmes alors qu' Élodie nous rejoignit et voulut savoir de quoi on parlait, Adeline lui révéla le sujet sans détours. Nous partîmes pour le collège ensuite, je commençais ma journée avec ma classe terrible de quatrième, Ils entrèrent et partirent dans leur chahut habituel, ils eurent un sujet de rédaction eux aussi mais je doutais que tout le monde l'eut bien noté. Je partis ensuite pour la banque et le supermarché. Normalement les professeurs n'étaient pas censés quitter l'établissement en dehors des heures de sorties mais comme pour la cigarette derrière le hangar à vélos, je me fichais bien de leur règlement stupide, la banque fermait avant que je ne quitte le travail et n'était pas non plus ouverte le temps de la pause du midi. Je commençais par le supermarché, me servant de ce que ma mère m'avait donné pour acheter des friandises aux filles et de quoi très bien manger ce midi puis remis ma voiture sur le parking du collège pour aller à la banque à pied, elle n'était pas loin. J'y déposais le contenu de l'enveloppe et retournais au travail. Je fus arrivée pile à l'heure de la pause et les filles se ruèrent dans ma salle. Elles avaient l'air excitées je fus contente de ne pas les avoir en cours juste après. Nous passâmes la pause à manger des chocolats, et je pus boire un café qu' Élodie m'avait ramener, je me dis que je devais définitivement lui rendre l'argent, je n'aimais pas trop l'idée que ma copine me paie un café trois fois par jour. Elles partirent à la sonnerie, emportant le reste de la boite de chocolats pour elles après me l'avoir demander. Venant de faire le plein, je leur cédais sans soucis. Ma classe arrivait tout doucement, j'aurais pu être chiante en leur rappelant qu'ils devaient se trouver devant la salle à la sonnerie mais étant d'assez bonne humeur, je laissais couler pour aujourd'hui. J'eus encore une heure creuse après ça, j'en profitais pour manger au calme et allai retrouver le garage à vélos pour fumer. De retour en salle je ne savais pas quoi faire, j'avais toujours des polycopies en attente et j'avais la classe pour qui elles étaient destinées juste après la pause de midi. J'allais donc en salle des professeurs pour la première fois depuis la rentrée et certains d'entre eux me regardaient du coin de l'œil, se demandant qui je pouvais bien être.

« Claire, fit une voix derrière mon dos, c'est rare de te voir ici.

- Ah, Virginie, bonjour.

- Salut ! Tu te sers de la photocopieuse ?

- Oui, je n'en ai pas pour longtemps.

- Oh, tu peux y passer ta journée, je m'en fiche, moi. Tu as cours toute l'aprèm ?

- Oui.

- Dommage, j'ai ma dernière heure, je t'aurais bien dit de venir boire un coup.

- Oh, je raccompagne une élève après les cours donc je ne pense pas que ça soit possible.

- Une connaissance ? Quelle classe ?

- La fille de mon amie de fac. Elle est en sixième trois.

- Pff je ne fais que les classes de quatrième et troisième.

- Ah, tu as la quatrième deux ?

- Je les ai toutes. La deux c'est pas la classe aux démons ?

- Aux démons ?

- Oui, ceux qui ne sont pas capable de se taire plus de cinq minutes. J'ose même pas leur faire de TP.

- Oui ce sont bien eux. Je vois qu'ils ne sont pas turbulents qu'avec moi.

- Ces p'tits cons passent leurs heures d'EPS à se battre, fit une voix d'homme sur le côté.

- C'est la classe de rebuts, dit une femme d'âge mur près de lui. »

Mes photocopies faites, je saluai Virginie et quittai la salle. Je n'aimais pas trop le fait que l'on déblatère ainsi sur les élèves. Certes ce n'étaient sûrement pas des anges mais ce n'était pas une raison pour les pourrir de la sorte. La pause de midi sonna alors que j'entrai dans ma salle, je fus à l'abris juste avant que le flot d'élèves pressés ne déboule en courant dans le couloir. Je rangeai les feuilles dans mon sac et attendis que la situation redevienne calme pour aller au distributeur. Je pris un soda à l'orange cette fois, j'en avais un peu marre du café et je savais qu' Élodie allait m'en rapporter un. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant