Chapitre 22

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« On va passer chez toi ?

- Pourquoi faire ?

- T'as pris des surgelés, ils vont pas tenir jusqu'à ce soir que tu rentres.

- Ce n'est pas faux. Mais je n'ai pas fait le ménage, ça me gêne un peu.

- Oh, t'inquiète. »

Nous prîmes donc la direction de mon appartement. Je n'étais pas inquiète de la propreté, je range et nettoie régulièrement, mais plutôt du fait qu'un élève vienne chez moi. Malgré tout, Élodie avait ma pleine confiance donc ce fut sans hésiter que je l'invitais à entrer. Je rangeais les courses tandis que la jeune fille fit le tour, elle me dit qu'elle reconnaissait mon ordinateur, même si elle ne l'avait vu qu'hier, je l'entendis aller dans la salle de bain, elle furetais vraiment partout. Je me retournais pour lui offrir un esquimau à la fraise mais ne vu personne par-dessus le comptoir de la cuisine, elle était sortie de la salle de bain puisque je l'avais entendu claquer la porte, j'en étais sûre. Celle de ma chambre était entre-ouverte, chose que je ne faisais jamais. Je posais les glaces sur la table de salon et entra dans la pièce qui était, à cause du volet fermé, plongée dans la pénombre, Élodie était bien là, allongée sur le dos, heureusement qu'elle avait l'habitude d'enlever ses chaussures à l'entrée.

« Que fais-tu ? Tu es fatiguée ?

- Non, je joue à être Claire.

- C'est amusant ?

- Non mais le lit a la même odeur que toi, c'est agréable.

- J'ai sorti des glaces mais on ne mange pas dans ma chambre.

- Alors j'en veux pas.

- Tu es vraiment capricieuse parfois, dis-je en m'asseyant sur le bord du lit.

- Je suis une enfant, tu l'as dit toi-même.

- Tu es une enfant quand ça t'arrange hein.

- Allonge-toi avec moi, juste un peu. On mangera tes glaces après.

- Je vais les remettre au frais d'abord, fais-moi une place, c'est pas un grand lit. »

Je revins après avoir remis les deux esquimaux au congélateur, elle s'était poussée au fond, je m'allongeais juste à côté d'elle, elle vint se coller contre moi, je commençais à m'y faire.

« Quand j'y pense, il n'y a toujours eu que moi dans ce lit. Jamais personne d'autre ne s'y est allongé.

- Pas même Julie ?

- Non. On va chez elle d'ordinaire, elle est peut-être venue deux ou trois fois mais n'a jamais resté.

- Oh, ça veut dire que je suis la première alors. Ça me fais plaisir.

- Ouais, je ne vois pas pourquoi.

- Ça fait toujours plaisir d'être la première quelque part. Dommage qu'on doive y retourner, j'aurais bien fait une petite sieste. Au fait t'as même pas une console ?

- Je te l'avais dit que je ne jouais pas. Mais j'ai des sites de streaming où je peux regarder tous les animés que je veux gratuitement.

- Des dessins animés, ça fait pas très prof.

- Mes passions ne sont pas forcément liées à mon métier tu sais. Même si j'aime mon boulot je vis pas vingt-quatre heures sur vingt-quatre en mode professeure. Quoi en ce moment j'ai l'impression de faire des heures supp, on se demande pourquoi...

- Han ! Tu ne fais pas la différence entre le collège et ta vie perso ! Tu me vois toujours comme une élève en fait, c'est laid.

- Je te taquine, dis-je en me retournant sur elle. Heureusement que je distingue ma vie professionnelle de ma vie personnelle. Sinon je serais toujours en train de reprendre ta façon de s'exprimer. Tu as un très mauvais niveau sortie du collège.

- Ouais bin je suis pas tout le temps obligée de faire attention.

- Voilà ''Ouais bin'' Tu devrais dire oui et bien... ''je suis pas'' je ne suis pas, il y a plein de petites choses comme ça sur lesquelles je devrais te reprendre en tant que professeure.

- Heureusement tu le fais pas hein, t'es gentille. »

Elle me tenait littéralement dans ses bras maintenant, sa tête collée contre mon épaule dès que je me remis sur le dos et tout en l'écoutant je me demandais si cette proximité ne posait pas problème. Pour me convaincre du contraire, je me disais que j'étais juste avec une amie, la surface sur laquelle nous étions n'avait pas si grande un importance, ça aurait pu être une plage ou une bande de gazon. J'étais certaine qu'Élodie ne pensait pas à mal. Elle dit quelque chose mais je ne compris pas, mon esprit s'embrouillait, mes yeux se fermaient, je commençais à m'endormir.

« Claire, ne dors pas, il va falloir y aller. Claire ! »

J'ouvris rapidement les yeux, il s'en était fallu de peu pour que je m'endorme réellement. Je me levais donc mais Élodie m'agrippa par la taille.

« Attends, murmura-t-elle contre mon dos, encore un peu.

- On doit y aller, tes mères vont se demander ce qu'on fait.

- C'est con, j'étais bien moi. Aller, debout. »

Je lui demandais, en revenant dans la salle si les esquimaux l'intéressait toujours, apparemment pas. Dire que je les avais pris à la fraise pour lui faire plaisir.

« En tous cas, dit-elle en descendant les escalier, cette sortie fut luxueuse. Le glacier était top, la librairie si grande, je ne suis pas prête d'oublier tout ça.

- La prochaine fois on fera un peu plus modeste sinon mon salaire ne tiendra pas.

- T'étais pas obligée d'en faire autant hein.

- C'était ta première sortie, autant qu'elle soit inoubliable.

-Pff je te jure toi. »

Nous atteignîmes la voiture, je me dis que je n'avais jamais autant rouler qu'aujourd'hui avant de monter. En démarrant je jetais un œil au niveau du carburant, j'en avais encore assez. Nous fûmes rapidement arrivées, à cet heure de la journée le trafic était assez fluide et je n'avais pas besoin de repasser par la ville, ce qui me permis de faire quelques excès de vitesse sur le longue route droite sans pour autant avoir mauvaise conscience. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant