Chapitre 54

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Nous installâmes ensemble la couette dans son enveloppe dès que nous rentrâmes, ce qui nous prit plus de temps que prévu, puis l'installâmes sur le lit. Ma chambre avait l'air plus petite avec ce grand lit qui trônait au milieu, mais j'avais tout de même hâte de le tester. Je rangeais ensuite les courses alors qu'Élodie sortait les affaires de son sac, elle y avait mis deux ou trois tenues et ses affaires de cours.

« Sachant que t'aurais pas gueuler, j'aurais dû mettre mes habits dans un autre sac, me dit-elle depuis la salle.

- J'aurais choqué de te voir descendre avec deux sacs !

- Oui mais il va bien falloir y penser, je peux pas ramener mes fringues petit à petit comme ça, ça va prendre des plombes.

- Et alors ? On a le temps. Je fais de la lessive une à deux fois par semaine, tant que tu as une tenue propre pour le lendemain, je peux mettre la machine en route la nuit et la faire sécher le temps que je suis au boulot.

- Ouais, pas faux. Tu me fais une place où ranger ça ? »

J'allais donc dans ma garde-robe faire le tri de quelques vêtements afin de lui laisser une planche du côté des étagères et lui sortis, de l'autre, quelques porte-manteaux. Elle rangea ses affaires elle-même, après avoir refuser mon aide, je la regardais faire, me disant qu'elle en prenait étonnement soin, à son âge, je jetais tout en boule et faisais râler ma mère pour cela. Une fois qu'elle eut fini, nous retournâmes dans la salle, elle avait quelques devoirs à faire et moi, des cours à préparer et des rédactions à corriger. Nous eûmes terminé à temps pour le repas, je passai en cuisine tandis qu'elle appela sa mère, je pouvais entendre sa conversation et dire à cette dernière que son plan avait fonctionné et aussi que j'allais sûrement la disputer demain. Je me dis que sur ce coup là elle n'avait pas tort et me mis à faire le repas. Je ne suis pas une grande cuisinière, avant Élodie, seule Adeline avait goûté ma cuisine et ne la trouvait pas super, je le savais rien qu'en la regardant manger. J'avais envie de m'améliorer et me dis que je ferais mieux d'acheter un bouquin de recettes, je connaissais les bases mais à la maison, ma mère n'avait pas la patience de m'apprendre et je n'en avais pas l'envie non plus. De part mon métier je sais qu'il est très difficile d'enseigner à quelqu'un qui ne le veut pas. Je savais tout de même faire des plats basiques et celui que j'avais en tête pour ce soir était des hamburgers maison. Ma mère prenait des steak hachés chez le boucher, moi par faute de temps et d'argent, je m'étais rabattue sur les surgelés. Je nous fis deux grands hamburgers chacune et une large portion de frites puis nous passâmes à table. Je demandais ce qu' Élodie voulait regarder à la télé, elle me répondit que la suite de la série de la veille lui allait très bien, elle aimait bien l'histoire donc nous la regardâmes. Cette série avait deux saisons, si nous continuions à la regarder au rythme de quatre ou cinq épisodes par soirée, on allait pouvoir tenir le reste de la semaine. Le repas était bon, mise à part pour ses rondelles de tomate, Élodie apprécia elle aussi, ce qui me surpris. Je me dis qu'elle n'était pas difficile. Nous nous servîmes un verre puis nous calâmes dans le canapé pour regarder un dernier épisode avant d'aller nous coucher. Je fus un peu longue dans mon bain, à tel point qu'elle finit par m'y rejoindre. Elle attendit cependant que j'eus fini ma cigarette avant de monter dans la baignoire. Ainsi s'acheva notre second mercredi ensemble, nous nous mîmes au lit, le matelas était dur mais je n'y prêtais aucune attention et le sommeil me gagna rapidement.

Le jeudi commença par un habituel réveil en douceur, nous nous mîmes en route après s'être fait un petit câlin. Élodie semblait ne pas vouloir se lever, elle avait sport ce matin et n'avait pas pris son jogging, volontairement je pense. Je me forçais de la presser à se préparer afin qu'elle ait le temps de le prendre chez elle, elle râla maintes fois ce matin-là mais nous finîmes par partir à l'heure. Ayant vu mon emploi du temps la veille, je savais à quoi m'attendre et je n'étais pas heureuse d'aller travailler tout en sachant que je commençais par deux heures de zombies pour finir la matinée avec la classe la plus bordélique. Chez Adeline, j'eus droit à mon café habituel mais bizarrement, cette dernière ne resta pas à table avec moi et se dépêcha de rejoindre sa cuisine. Qu'à cela ne tienne, je pris ma tasse et allai la rejoindre.

« Hé grosse connasse, dis-je en entrant, ça te prend souvent de balancer tes potes ?

- Oh, tout de suite les grands mots avec toi Clairinette. J'ai rien balancé mais la petite voulais pas que tu te mettes en rogne.

- Franchement, elle en fait qu'à sa tête, je commence à m'y faire.

- Ah, alors tu vas céder ?

- Céder à quoi ?

- La prendre chez toi pour de bon, elle attend que ça.

- Et ses mères, elles en pensent quoi ?

- Elle t'a parler de son foyer ou de sa première famille d'accueil ?

- Non, rien de tout ça. »

Adeline poussa un long soupire et me dit de passer boire l'apéro ce soir, nous aurions alors une longue conversation elle et moi. Élodie changée, nous pûmes partir pour le collège et y arrivâmes à l'heure prévue. Avant de descendre de voiture je dis à la passagère que je devais passer au supermarché ce midi, elle insista pour venir avec moi. J'étais réticente à l'idée qu'elle traîne de moins en moins avec ses copines mais finis par accepter, me disant que de toutes façons, elle les verrait après. Nous nous séparâmes alors jusqu'à la première pause. Elle revint donc une fois ma classe de mort-plus-très-vivants sortie, avec un gobelet de café, j'en bus une grosse gorgée malgré le fait que le liquide était bouillant.

« Ah ! Merci , tu es un ange ! »

Au moment où je prononçais ses mots, la porte s'ouvrit et les trois autres entrèrent.

« Ho ! Fit Sarah en entrant. Élo gagne des points avec la prof !

- Tais-toi donc, lui rétorqua Marine en lui donnant une tape sur la tête. Si on n'avait pas traîné pour que tu puisses boire de l'eau tu aurais pu toi aussi apporter un café.

- Nan, termina Élodie, c'est mon rôle d'apporter le café à Claire. Heu à Mademoiselle.

- Alors comme ça votre prénom c'est Claire ? »

On aurait que la petite brune énergique avait trouvé là un trésor tant ses yeux brillaient de malice, ce qui me fit un peu peur.

« On va vous appeler comme ça quand on est en pause, c'est moins chiant que Mademoiselle tout le temps.

- Hors de question jeune fille. Et toi Élodie, fais attention quand nous sommes au collège. Je t'ai déjà reprise plusieurs fois pour ça.

- Oui, désolée Mademoiselle. »

Elle baissa la tête tristement donc je n'en dis pas plus. Je ne pouvais oublier ce que m'avait dit Adeline à son sujet, le fait qu'elle l'ont prise alors qu'elle était couverte de bleus, sa première famille d'accueil... Je supposais que lorsqu'elle était dans cette dernière les choses n'ont pas dû bien se passer. Perdue dans mes pensées, je n'avais pas écouter un mot de ce que les filles se racontaient et toutes me regardaient.

« Pardon ? Désolée, je pensais et j'ai rien écouté.

- On vous demandait si vous mangiez avec Élo ce midi.

- Ah, oui, le menu ne lui convient pas.

- Pour faire ça, dit Sarah, autant devenir externe. »

Je ne relevais pas le sujet et la sonnerie de reprise se fit entendre. Pour les deux dernières heures de la matinée, j'eus une cinquième assez calme et ma terrible quatrième que je finis par laisser partir peu avant la sonnerie tant ils me tapaient sur les nerfs. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant