Chapitre 97

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Ces deux heures furent longues elles aussi, avoir une classe dynamique c'était parfois ennuyeux au niveau de la discipline mais cette classe léthargique m'exaspérait tout autant si ce n'est plus encore. Lorsque la fin du cours arriva j'en fus encore plus heureuse que les élèves eux-mêmes. Je me rendis au distributeur de café afin de m'aérer un peu l'esprit, Élodie fut surprise de me voir alors que les autres attendaient dans la salle, ce qui me permettait de ne pas la fermer à clé.

« C'est rare de vous voir ici à cette heure, me dit ma petite amie feignant de ne pas me connaitre plus que ne le devrait l'un de mes élève. Vous allez vous prendre un café ?

- Oui, j'avais envie de sortir de ma salle quelques instants.

- Vous pouvez prendre le mien alors.

- Merci. Tu viens au club de lecture ? Faisons le chemin ensemble.

- Avec plaisir. »

Durant ce bref échange je me sentis observée par les quelques élèves qui étaient présents dans le hall mais comme ils étaient tous réunis en groupes, il était difficile de savoir qui précisément nous regardait. Une fois la boisson prête, nous prîmes ensemble le couloir qui me ramenait à ma salle pour y voir qu'Aya et son amie n'étaient pas là, avaient-elles décider de ne pas venir cet après-midi ? Les filles en avaient profiter pour déposer leurs affaires à leurs place puisque j'avais deux heures de cours avec leur classe ensuite, je profitais de l'absence des cinquième pour leur fixer rendez-vous, demain après-midi, quinze heures, devant le glacier ou j'avais vu Sarah la première fois, toutes semblaient disponible. La petite blonde énergique fanfaronnait en disant qu'elle allait avoir son premier rencard avec Noa et cette dernière, toujours aussi timide, rougissait en demandant à sa petite amie de se taire, ce qui nous fit rire. Marine semblait toujours se détacher du groupe mais elle ne manquait rien de ce qui pouvait se passer entre nous, une étrange observatrice elle aussi. Les autres élèves commencèrent à se rassembler, vu que notre conversation n'avait rien d'exceptionnel, je les fis entrer afin qu'ils s'installent. À la sonnerie, toute la classe était présente et je pus commencer le cours sans difficulté. Cette classe était des plus agréable, vive sans être pour autant désorganisée, ils répondaient vite aux questions et notaient ce qu'il y avait à noter, bref, une classe comme en rêve tout professeur. Les deux heures passèrent rapidement et après leur avoir donné un court sujet de rédaction sur le texte que nous venions de voir, puis ils partirent tous sauf le groupe habituel de filles qui trainait afin de nous saluer une fois tout le monde parti. Nous finîmes enfin par nous retrouver seules Élodie et moi et, à notre tour, nous quittâmes l'établissement pour aller chez Adeline. Là-bas, après avoir salué sa mère, Élodie monta retrouver sa sœur alors que je restais seule avec mon amie de fac. Elle me proposa un verre que j'acceptais et tout en me servant elle me demanda ce que pouvait bien vouloir ma petite amie à sa sœur. Je me dus d'admettre qu'il était rare de voir ces deux-là se parler, et la précipitation dont Élodie avait fait preuve rendait le tout suspect aux yeux de leur mère. J'expliquais alors brièvement la situation concernant les deux filles de cinquième à Adeline qui m'écouta sans rien dire, pour une fois, et lorsque j'eus fini, elle resta concentrée sur son verre, la tête posée sur ses mains jointes en poing.

« J'ignorais qu'Élodie pouvait se montrer jalouse, finit-elle par dire.

- C'est vrai que ça ne lui ressemble pas trop, elle qui est si calme.

- Si calme ? Élodie ? On parle bien de la même fille là hein ?

- Ma foi oui, moi je la trouve très calme, aussi bien quand je l'ai en cours qu'à la maison.

- Alors elle a bien changée, ici, c'était une vraie tornade, toujours à courir partout et à crier sur tout ce qui bougeait. Enfin bref, pour en revenir à ton histoire avec ces deux filles là, je pense que celle qui se mêle de tout le fait pour sa pote qui, apparemment, n'ose même pas te parler. Autrement dit, Élodie a une sérieuse rivale.

- Tu le penses vraiment ?

- La fille ne te parle pas mais passe son temps à te fixer tu en conclus quoi, toi ?

- Et bien justement, je n'en sais rien.

- Ah ! Ce que tu peux être coincée ! Tu es peut-être une bonne prof mais en ce qui concerne les histoires de cœur t'as jamais été une flèche Claire !

- Et bien je suppose que non. En même temps je suis casée donc cela ne m'intéresse pas le moins du monde.

- Ouais, même à la fac, tu réagissais comme ça, il n'y a que lorsque tu étais célibataire que tu te rendais compte qu'une fille bavait sur toi depuis des semaines... Imagines un peu qu'elle se déclare, tu vas faire quoi ?

- La repousser évidemment.

- Je te ressers ?

- Oui, un dernier, aller. De toute façon je suis épanouie dans ma relation actuelle, même si tout le monde la trouve bizarre, je m'en moque. Nous n'avons rien à prouver aux autres de toute façon.

- Bien dit chérie. »

Élodie était de retour de la chambre de sa sœur, toute souriante, sûrement à cause de ce que je venais de dire à l'instant. Elle prit place à la table après s'être servie un verre de jus de fruit et expliqua à son tour ce qu'elle ressentait par rapport à cette situation.

« Je me fiche bien de cette... Tatiana. Comme l'a dit Claire, on est bien dans notre relation actuelle, je vois pas pourquoi on en changerait. Non, celle qui m'énerve le plus c'est cette Aya, là. Elle a le don de poser les questions les plus indiscrètes possible et ça, ça me met en rogne. Qu'est-ce que ça peut lui foutre que je paie un café à ma copine à toutes les pauses ? Surtout qu'en vérité, l'argent que je mets dans la machine, c'est le sien à la base, ça vient toujours de la tirelire que tes parents lui ont rendu. Et même si c'était mon argent à moi, cela ne la regarde en rien. La prochaine fois qu'elle pose une question de ce genre, je la crucifie sur place !

- Et bien ma fille, c'est la première fois que je te vois t'enflammer autant pour quelqu'un d'autre que ta sœur, fit une voix derrière moi que je reconnus tout de suite. Bonjour tout le monde.

- Bonjour maman.

- Bonjour Ludivine. »

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant