Sur la route du retour, les filles étaient joyeuses à l'arrière et chantaient des chansons que je ne connaissais pas. Attentive à la route, Élodie ne chantait pas elle non plus. Marine fut la première à descendre et ce fut au tour de Noa, après avoir dit longuement au revoir à sa chérie. La chérie en question fut la dernière à nous quitter, elle me dit merci pour ce week-end et sa voix transpirait la sincérité. J'hésitais à rentrer directement à la maison ou à passer rapidement voir Adeline, je finis par choisir la seconde option. Cette dernière nous taquina dès que nous eûmes franchis la porte, se narguant de notre absence de bronzage et en disant que l'on sentait fort le poisson. Je la fis taire d'un coup de tranche de la main sur son front puis nous passâmes au salon où elle me servit un verre de son alcool préféré.
« Vous avez mangé, me demanda-t-elle négligemment, sinon vous pouvez toujours grailler ici.
- Je pense qu'on va accepter, dis-je. Je suis trop claquée pour cuisiner quoi que ce soit.
- Tu m'étonnes, quatre jeunes filles en fleur, la plage, le bon temps qu'on a eu, tu dois être vraiment HS ma pauvre.
- C'était plus session garderie qu'autre chose. Quoi que j'avoue m'être bien amusée moi aussi. J'espère pouvoir y retourner plus longtemps pendant les vacances d'été.
- Le soucis c'est que pendant la période estivale il doit y avoir du monde...
- On se marche dessus, dis-je, sérieuse. Mais j'ai un petit coin à moi où être tranquille.
- Oh, tu vas faire du naturisme dans ton coin, demanda Adeline, sérieuse, Je peux venir ?
- Certainement pas, ni naturisme, ni pilier de comptoir dans ma zone secrète. C'est réservé à ma petite amie et à moi seulement.
- T'es même pas drôle. Donc vous mangez ici alors, sûres ?
- Oui. Ça fera plaisir à Élodie de voir un peu sa famille je pense.
- C'est surtout que t'as pas envie de rentrer pour cuisiner, ne te sers pas de moi pour justifier ta flemmardise.
- OK, pas de coin secret pour toi. »
Je lui fis une grimace en riant et elle me la rendit tout en riant aussi fort. Adeline nous dit que nous nous entendions toujours aussi bien alors que la porte d'entrée s'ouvrait et que Ludivine revenait du travail. Je sortis fumer une cigarette après lui avoir dit bonjour, m'attendant à être rejoint soit par Élodie, soit par Adeline mais personne ne vint tandis que je balançais mon mégot sur la chaussée, je rentrais à l'intérieur et vis pourquoi je fus seule jusqu'à la fin, ma petite amie était littéralement allongée sur sa mère et cette dernière en profitait. Je repris ma place devant mon verre qui, comme par magie, était de nouveau rempli et le bus doucement, précisant à Adeline qu'après, je n'en voulais plus, j'avais encore de la route à faire et mes cours à préparer pour le lendemain. Adeline tira la tête un bref instant avant de me dire qu'elle comprenait et qu'elle n'allait pas tarder à faire le repas, chargea Élodie d'aller chercher sa sœur afin de la surprendre, ma petite amie s'exécuta en vitesse. En la voyant sourire, je me dis que j'eus bien fait de repasser par ici. Elle mit un moment avant de redescendre, j'imaginais qu'elle dût avoir eu une discussion avec sa grande sœur, elles ne s'étaient pas vues depuis un moment et je me rappelais qu'au début, l'ambiance était plutôt morose entre ces deux-là. Et maintenant, elles descendaient les escaliers en riant et se tenant la main, comme de vraies sœurs. Nous passâmes à table, comme à son habitude, Ludivine était silencieuse, se contentant de nous regarder, Élodie et Marie se disputer un morceau de pain, Adeline me servait verre de vin sur verre de vin, une manie qui ne changeait pas chez elle, et moi qui mangeait calmement. J'avais passé un week-end entourée de monde du début à la fin et parfois, cela faisait du bien. Il faisait nuit noire lorsque nous reprîmes la direction de la maison, après avoir maintes fois refuser l'invitation d'Adeline, qui était fort saoule, à rester pour dormir. J'aurais accepté si nous étions un vendredi ou un samedi mais là nous ne pouvions vraiment pas nous permettre de rester. Je jetais le sac que nous avions pris pour la plage dans un coin en arrivant chez moi, je n'avais plus envie de faire quoi que se soit d'autre mise à part aller au lit et ma petite amie partageait mon opinion. Il en fut de même pour nos vêtements que nous balançâmes dans la corbeille sans même les trier, prîmes une (très) rapide douche et allâmes nous coucher sans prendre la peine de chercher après un pyjama. Je me dis que vraiment, jusqu'à la dernière minute, ce week-end s'était déroulé à cent à l'heure puis je m'endormis. Mon réveil me fit sursauter lorsqu'il sonna, je réveillais rapidement Élodie qui semblait ne rien entendre puis me levais. La routine allait pouvoir reprendre. Comme je n'avais rien fait la veille, je préparais mes cours en vitesse tout en regardant mon emploi du temps, la journée commençait par deux heures avec les turbulents quatrièmes, ce qui ne me réjouit pas forcément. Ma petite amie finit par se lever elle aussi, la tête encore posée sur l'oreiller, elle me dit bonjour et se servit un bol de céréales qu'elle alla manger sur la table de salle. Je décidais de fumer une cigarette à la fenêtre de cuisine tout en buvant un seconde tasse de café. Une fois les deux terminés, je pris la direction de la salle de bain. Je me faisais couler une douche bien chaude, presque bouillante quand Élodie m'y rejoint, elle avait l'air nettement plus réveillée. Je me mis à la savonner doucement sous l'eau, elle se laissa faire un moment puis me demanda si on avait vraiment le temps de jouer, on ne l'avait clairement pas. Nous nous séchâmes, habillâmes à la hâte puis nous partîmes pour le collège tout en n'oubliant pas de s'arrêter chez Adeline, comme tous les matins. Je demandais à cette dernière si elle avait bien dormi, faisant exprès d'élever la voix, tout en sachant qu'elle devait avoir une gueule de bois monumentale vu tout ce qu'elle s'était enfiler la veille. Elle eut la réaction que j'attendais, se prenant la tête dans les mains en poussant un râle et me demandant de la fermer, je ne pus m'empêcher de rire. Nous ne trainâmes pas chez elle, pour arriver un peu plus tôt au collège. Sur le parking Élodie voulu m'embrasser mais je la retins, nous nous étions déjà faites griller par la professeure de sciences, si cela continuait ainsi, tout l'établissement serait au courant. Elle fut déçue mais ne dit rien et descendit de la voiture pour rejoindre ses amies. Je passais par le distributeur de café avant de rejoindre ma salle, puis, tout en buvant le liquide chaud, attendis mes élèves. Je les entendis également, il fallait être sourde pour ne pas s'apercevoir de leur raffut devant la porte. La matinée de cours commença.
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AMOUR INTERDIT
Romantizmune collégienne, une professeure, une famille un peu bancale... Et alors... Voyons où leurs vies trépidante va nous mener.