Chapitre 35

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Nous arrivâmes chez Élodie et la jeune fille descendit du véhicule avant moi, chargée de son sac de cours. Elle entra comme une furie chez elle en hurlant qu'elle était rentrée, je la suivais de près et entendis Adeline lui dire de ne pas crier depuis l'étage, étaient-elles toujours endormie ? Élodie lui répondit que j'étais là moi aussi depuis le palier et mon amie finit par descendre, à contre cœur apparemment. J'étais étonnée car je n'avais pas vu la voiture de Ludivine en arrivant, je me demandais ce qui pouvait la retenir à l'étage et j'eux ma réponse lorsque je la vis, couverte de traces de suçons.

« T'as passé la nuit avec un vampire ma parole !

- Bah, tu sais ce que c'est... On a un peu trop profité de pas avoir les filles à la maison pour... Se lâcher un peu.

- Là c'est un peu plus que se lâcher.

- Et toi alors ? Vous avez passé la nuit sagement chacune dans votre coin ?

- On a juste dormi ensemble, dormi et rien de plus. »

Je la suivis au salon et acceptai quand elle me proposa un café. JE repris ma place habituelle, dans le canapé de similicuir et sortis de mon sac mon paquet de cigarettes avec l'intention d'aller en griller une lorsque j'aurais fini ma tasse.

« Oh, fit Adeline, tu vas m'offrir un clou ?

- Si tu veux mais le café d'abord.

- Toi aussi tu te sens fatiguée, dit-elle en faisant de grands gestes de la tête comme si elle affirmait quelque chose de logique, je comprends.

- On a fait que dormir je t'ai dit !

- Oui, oui, nous aussi on a fini par s'endormir. Enfin cela dit c'était tôt ce matin. »

Élodie fit son retour et vint me coller tout de suite, elle posa un baiser sur le coin de mes lèvres et Adeline poussa un ''Wou-Hou'' d'encouragement. Je vis qu' Élodie avait le visage tout rouge et je me dis que je ne devais pas être en reste. Une fois ma tasse vide, j'offris une cigarette à mon amie et sortis avec elle. Le trottoir qui longeait son muret de crépi était notre point de ralliement pour fumer et parler sans que personne ne nous écoute.

« Après ce que je viens de voir, tu vas pas continuer à me mentir que vous n'avez rien fait.

- Juste quelques bisous, c'est tout.

- Vraiment ?

- Je te le jure Adé.

- Tu lui a passé des fringues, j'ai pas reconnu son T-shirt.

- Oui. Je n'ai pas envie qu'on la questionne au collège si on la voit dans la même tenue qu'hier.

- Au moins vous êtes prudentes, c'est bien.

- Je ne veux pas qu'on la maltraite parce qu'on s'entend bien. Les jeunes de cet âge peuvent être très cruels entre eux.

- Bof, je pense que l'être humain n'évolue pas en fonction de son âge. Les adultes peuvent être de vrais connards aussi, peu importe l'âge qu'ils ont. On se rentre, vous allez pas tarder à repartir.

- Ouais, j'ai pas envie qu'on soit en retard toutes les deux, ça ferait louche. »

En retournant dans le salon, je vis qu' Élodie avait de nouveau rempli ma tasse, je bus donc mon cinquième café de la matinée en même pas une heure et demi, j'allais être une vraie pile ce matin en cours. Nous partîmes dès que j'eus fini de boire et sur la route, Élodie me demanda de quoi j'avais parlé avec sa mère, je lui dis la vérité. Elle s'inquiéta de savoir si j'avais parlé de son petit incident, je lui rappelais donc que cette histoire resterait entre nous, elle eut l'air satisfaite. Nous nous séparâmes au collège, elle avait cours d'EPS, moi mon autre classe de sixième pour les deux premières heures. En comparant nos emplois du temps ce matin, j'appris que pour elle aussi la dernière heure était vide, nous allions pouvoir quitter l'établissement plus tôt. Bien que j'aimais mon travail, je me sentais fatiguée et en pensant à mon week-end, je n'aurais probablement pas l'occasion de me reposer. Les cours commencèrent et passèrent à une vitesse folle. Les sixièmes étaient travailleurs et concentrés, ce qui me rendait la tâche plus facile. La pause de la matinée arriva et ils partirent, laissant la place au groupe de filles habituel. Après leurs deux heures de sport, Sarah et Marine était surexcitées, je me mis à plaindre leur professeur suivant si elles ne se calmaient pas. Noa était toujours aussi calme mais on pouvait voir à ses joues colorées qu'elle s'était donnée à fond durant le cours. Élodie fut la dernière à arriver et sans que je lui demande quoi que ce soit, elle m'apportait un gobelet de café chaud. Pour l'embêter, Sarah la traita de ''Faillotte'' et rit, je vis que les deux autres avaient le sourire aussi, décidemment, ces filles s'entendaient bien. Elles se mirent à parler de leur week-end, rien d'étonnant pour un vendredi matin. Noa allait en visite dans sa famille, chose qui semblait ne pas la ravir du tout, Sarah n'avait rien de prévu, elle allait sûrement traîner et jouer à la console, peut-être sortir si sa meilleure amie passait chez elle. Marine n'avait rien de prévu elle non plus, elle allait rester chez elle et jouer avec son grand frère et ses deux petites sœurs jumelles. Lorsque ce fut le tour d' Élodie, elle me regarda en rougissant et disant que ses mères avaient prévu un barbecue en famille avec moi en prime. Je fus étonnée de la voir parler de moi sans détour mais me rappelais que les filles savaient que j'étais une amie d'Adeline. Elles me posèrent la question pour la forme, je les taquinais en répondant que je passerai mon dimanche à leurs préparer des tests pimentés pour la semaine prochaine et Sarah râla la première mais fut vite rejointe par les autres. Je souriais discrètement en les voyant réagir ainsi quand la reprise sonna. Je m'engageais maintenant pour deux heures avec une de mes classes de cinquième, la moins calme des deux. Comme je le prévoyais, le cours fut assez mouvementé et quand midi arrive, j'étais épuisée. N'ayant rien pris pour le déjeuner, je dus aller au supermarché. Le monde et l'attente en caisse finirent de me vider de mon énergie, ça aussi je l'avais prévu et avais ajouté au soda, bonbons et trois sandwichs une boisson énergisante. Je retournais manger dans ma salle tout en me disant qu'heureusement que le sac que je prenais pour faire cours était assez grand pour pouvoir y cacher mon repas et même une grande bouteille de soda, ne sachant pas si les professeurs étaient autorisés à manger dans les salles de classe, il n'y avait rien concernant ce point dans le règlement mais je doutais que cela fusse bien vu. Alors que j'attaquais la seconde baguette, les filles revinrent de la cantine. Élodie me demanda encore ''un croque'' que je lui cédais, elle pouvait vraiment être goinfre lorsqu'elle s'y mettait. Cette fois-ci ni Marine, ni les autres ne lui firent de remarque. Je leur distribuais des bonbons, des fraises aujourd'hui et Noa me fit timidement remarquer que je les chouchoutais trop.

« Où est le plaisir d'avoir un club si on ne peut pas grignoter entre nous.

- Ouais ! Cria Sarah.

- Je suis d'accord aussi, avoua Marine. »

Nous continuâmes donc à nous goinfrer jusqu'à ce que les cours reprennent. Pour donner le change alors que les élèves se rassemblaient déjà devant la porte, je dis aux filles que la semaine prochaine nous analyseront le chapitre deux du livre et fis entrer ceux qui attendaient. Il s'agissait de mon autre classe de cinquième, la plus calme et je fis mon cours presque sans interruption. Une heure passe vite lorsqu'on est occupé et quand la sonnerie retentit, ils prirent note de leurs devoirs et partirent, laissant place à ma classe de troisième et ses élèves sans émotions. Alors que je dispensais mon cours dans le silence le plus complet je me dis qu'un petit exercice sur la compréhension des sentiments pourrait leur faire un bon entrainement. Lorsque la pause de l'après midi arriva, ma journée était finie. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant