Chapitre 65

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Elle fut étonnée de me voir en cuisine, moi qui était plutôt du genre à rester picoler avec mon père. Elle dut se douter que quelque chose clochait puisqu'elle me demanda ce qui n'allait pas. Le problème c'est que je ne voyais absolument pas comment lui avouer la vérité. Déjà on va voir de quelle humeur elle est.

« Hier mes amies sont venues manger, tout ça grâce à ma nouvelle table.

- Ha ? C'est bien ça ma chérie, tu t'es amusée ? »

Je constate qu'elle est de bon poil, ça me rassure un peu pour la suite.

« Ouais c'était cool mais préparer le repas pour cinq c'est du boulot.

- Ah tu vois ! Imagine nous quand ta tante et son équipe venait manger, elle, son mari et ses cinq enfants, plus vous qu'on avait encore à la maison, ça faisait douze personnes à nourrir.

- Oui, j'imagine que t'as dû en baver et pas qu'un peu. Moi, Heureusement qu'Élo m'a donné un coup de main pour tout.

- Et sa mère elle faisait quoi ?

- Tu sais que c'est pas sa vraie mère ?

- Évidement. Donc ?

- Elle s'occupait des boissons, La sœur d'Élo était à fond dans un animé.

- Elle a une petite sœur ?

- Non, plus grande, elle est au lycée.

- Et c'est la collégienne qui t'aidait en cuisine et bien bravo.

- Elle m'aidait surtout parce que c'était ses invités aussi. Quand t'invitais tata, personne d'autre que papa t'aidait en cuisine.

- Ne compare pas ce qui n'est pas comparable.

- Si, justement c'est comparable.

- Claire, tu sors avec ton amie de fac, Adeline ?

- Non.

- J'ai peur de comprendre... Claire, ne me dis pas que...

- Si tu ne veux vraiment pas le savoir, je ne te dirais rien. Mais juste arrête de lui demander de t'appeler 'mamie'.

- Oh mon Dieu ! Claire ! Claire ! Claire !

- Oui maman, je connais mon prénom.

- Tu as conscience de ce que tu fais ? Tu joues ta carrière, ta vie là !

- Ne la blâmez pas comme ça m'dame, c'est moi qui ai commencé.

- Peu importe qui commence jeune fille !

- Tiens, c'est plus ta puce ?

- Mais je l'appelais comme ça car je croyais que c'était la fille de ta nouvelle copine, pas ta nouvelle copine elle-même ! Réfléchis deux minutes Claire !

- Pour ma part ça fait deux semaines que c'est tout réfléchis. Maintenant si ça te dérange tant que ça, la prochaine fois je viendrais sans elle mais ça sera en coup de vent.

- Ton père est au courant ?

- Non, pour preuve, ma tête est encore attachée.

- Ne lui dis rien, je le ferais... En temps voulu. Est-ce que sa mère, enfin sa belle-mère est au courant ?

- Évidemment, elles sont au courant mes mamans. Et elles se réjouissent de chaque petites choses avec nous. Elles sont même venues manger à la maison hier !

- Élo, arrêtes chérie, tu vas tuer ma mère là. »

En la regardant, je la trouvais de plus en plus livide et ses yeux s'étaient transformés en soucoupes.

« Mon Dieu quelle époque vit-on ! Et donc, tu aimes ma fille, vit chez elle et toute ta famille le sait ?

- Oui, ma meilleure amie aussi.

- Mon Dieu, mon Dieu !

- Ton Dieu n'a pas trop rien à voir la dedans maman. On est conscientes que c'est pas commun, on sait que ça pourrait nous causer beaucoup de tort, que quatre-vingt-dix-neuf pourcent des gens ne seront peut-être pas d'accord mais notre entourage le sait et le vit bien, on ne demande rien d'autre.

- Tu as toujours été celle avec l'esprit le plus libre de mes trois enfants Claire.

- Merci maman.

- Ce n'est pas forcément un compliment tu sais. En tous cas, là, je tombe des nues.

- Je me doute que c'est pas forcément facile à digérer mais tu fais l'effort d'accepter c'est déjà énorme. Éloise, à ta place, nous aurait simplement montrer la porte. Quand à Étienne... Lui je sais pas, il hausserait les épaules et dirait que ce ne sont pas ses histoires... De façon plus familière. Steph, elle, serait à fond derrière nous !

- Oui, tu les connais bien. Si tu me demandes mon avis là de suite, je dois bien avouer que je suis perdue.

- J'aimerai l'avoir mais après que tu es fait le point, je ne veux pas te brusquer. Je voulais juste te mettre dans la confidence. Sans vouloir te manquer de respect, que tu nous approuves ou pas m'importe peu, mais que tu demandes à ma copine de t'appeler mamie, ça me gêne plus qu'un peu.

- Oui, je comprends, je suis désolée jeune fille.

- Vous pouviez pas savoir m'dame, ne vous en faites pas.

- Bon, maintenant que c'est réglé, je vais aller fumer une bonne grosse cigarette. Ne traumatise pas ma copine hein maman.

- Bien sûr que non, pour qui me prends tu ? Et toi ne dis rien à ton père s'il te suit. »

Je savais bien que ma mère n'était pas du genre à traumatiser qui que ce soit donc je pouvais partir tranquille. Je revins au salon prendre mes clopes dans mon sac, mon père le vit et demanda s'il pouvait sortir avec moi, bien-sûr qu'il le pouvait. Pour tout dire, j'avais même secrètement espéré une invitation dans son garage où il stockait une bouteille d'apéritif occasionnelle, histoire de me détendre autour d'un verre, là, j'en ressentais le besoin. Je compris pourquoi il ne l'avait pas fait dès que nous atteignîmes le trottoir.

« Quand vous voulez garder des choses secrètes entre vous les femmes, vous devriez être plus discrètes. Ou du moins parler moins fort. »

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant