Arrivées un peu plus tôt que prévu là aussi, je trouvais l'établissement bien calme comparé à ce qu'il pouvait être à huit heures trente, en pleine effervescence. Je me pris un café en passant puis regagnais ma salle, suivie d'Élodie. Nous étions seules mais les autres ne tardèrent pas à nous rejoindre, Sarah en tête du groupe. Nous parlâmes rapidement de nos soirées respectives puis la discussion dériva sur Aya et son amie. Sarah se méfiait aussi de Tatiana, Marine et Noa semblaient ne pas s'en faire.
« À ce sujet les filles, dis-je, j'aimerais que ma relation avec Élodie ne s'ébruite pas trop.
- Pourquoi ça ? Demanda Sarah.
- Parce que c'est pas une relation normale, ça choque et si cela vient à se savoir au niveau du principal ou même du CPE, on aura des ennuis toutes les deux.
- Je comprends, fit Marine. Mais comme elles seront là souvent et que vous n'hésitez pas à roucouler peu importe ce qui vous entoure, elles auraient au courant un moment ou à un autre.
- On ne roucoulait pas, on parlait juste de notre soirée.
- Ça revient au même. C'est pas bizarre un prof qui demande l'avis de son élève pour savoir s'ils vont faire des courses ce soir ou demain à votre avis ?
- Tu n'as pas tord sur le coup Marine. Nous devrions être aussi plus discrètes.
- Au moins ne pas parler de vos plans tant que d'autres élèves que nous sont là.
- C'est compliqué, fit Élodie. Faut pas se faire de bisou même sur le parking, faut pas se parler si il y a d'autre gens, faut pas trop se rapprocher en classe même pendant les pauses...
- Tu en as marre ?
- Un peu. Pas de toi hein ! Mais plutôt de la situation. J'ai l'impression qu'on doit toujours se cacher, c'est chiant.
- C'est ça de sortir avec une prof, dit Sarah en riant. Franchement même si madame Dumur est jolie, ça ne me serait jamais venu à... Aie ! »
Elle venait apparemment de se faire pincer le bras par sa petite amie.
« Ce ne sont pas non plus des choses à dire Sarah, dit Noa faiblement. Pense un peu à ce que les autres ressentent avant de dire ce que tu pense comme ça.
- On a l'habitude de la Sarah franche et un peu tête en l'air, dis-je pour défendre la petite blonde. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'elle parle sans réfléchir.
- Elle sait réfléchir au moins ? »
Ma petite amie venait d'enfoncer le clou que je m'évertuais à enlever. Le début des cours mit fin à cette conversation en laissant une Sarah boudeuse et une Marine toute souriante, j'accueillis ma classe de quatrième pour une heure de cours. Elle passa rapidement, les heures de cours passent toujours rapidement quand les élèves travaillent sérieusement, et avant de m'en rendre compte, je me retrouvais seule dans ma salle de classe vide. Je partis fumer rapidement une cigarette derrière l'abri à vélo, me tenant debout cette fois, me moquant bien de savoir qui pouvait me voir depuis les bureaux quand une voix se fit entendre.
« Tu devrais quand-même te baisser un peu la lolilesb. Si on te choppe c'est un avertissement. »
Je me tournais en direction de la voix pour voir qu'il s'agissait de madame Penel, la professeure de sciences.
« Alors quoi de neuf la prof de Français, reprit-elle, t'es toujours avec cette gamine géante ?
- Oui, je le suis toujours.
- Et, entre nous, ça se passe bien ?
- Magnifiquement bien. On revient tout juste d'un week-end sur la côte dans la résidence secondaire de mes parents. »
Je voulais me la péter un peu, histoire qu'elle ferme sa bouche alors je n'ai pas mentionner volontairement que nous n'étions pas seules.
« Ah ouais, madame a une résidence secondaire, carrément !
- Pour l'instant, elle appartient toujours à mes parents mais la famille peut en jouir quand elle le veut.
- Donc t'as passé un bon week-end.
- Oui, très agréable, en plus il faisait beau on a pu se détendre deux jours sur la plage ensoleillée c'était vraiment bien.
- Pour les vacances de Noël tu comptes aller au ski aussi ? »
Je n'aimais pas son ton plus que sarcastique, pour dire la vérité, elle me tapait sur le système.
« Je n'ai encore rien de prévu pour les vacances de décembre mais pourquoi pas. Une de mes connaissance habite pas loin d'une station en Savoie, ça peut être fun aussi.
- T'as des bons plans partout toi hein ? C'est une de tes ex ?
- Absolument pas. Il s'agit du fils d'un ami de la famille, je suis certaine qu'il pourrait nous trouver un séjour agréable et pas trop cher.
- Vous seriez donc au calme toutes les deux. Je t'envirais presque si ta meuf n'avait pas douze ans.
- L'âge importe peu, seule la maturité compte et Élodie est très mature et responsable malgré son jeune âge.
- Je n'en doute pas, j'ai hâte de l'avoir en cours... Dans deux ans.
- Je suis certaine qu'elle y sera brillante, comme dans toutes ses autres matières.
- Dit la meuf totalement love. Bon j'y retourne, à plus ! »
Énervée, j'avais allumer une seconde cigarette sans même m'en apercevoir, je la terminais rapidement puis allais me chercher un café tout en me rendant compte que je venais de gaspiller avec cette désagréable personne une demi-heure de mon précieux temps. De retour dans ma salle, je me mis derrière mon bureau et étudiais mon planning afin de préparer mes cours. Je fus si absorbée par mon travail que je n'entendis pas la sonnerie retentir et Sarah me fis sursauter en ouvrant la porte.« C'est déjà la pause ?
- Et ouais madame, Élo vous prend un café avec Marine, elles arrivent. »
Aya et son acolyte silencieuse firent aussi leur entrée, elles se mirent sur les chaises de la première table devant le bureau, juste derrière Sarah et Noa qui elles, étaient assises sur la dite table. Nous parlâmes un peu littérature tandis que Marine et Élodie revinrent avec mon gobelet de café, Aya relança les hostilités en demandant si c'était son rôle de petite amie de m'offrir un café ou si c'était pour se faire bien voir, ma petite amie la regarda tant qu'elle parla puis détourna le regard sans même prendre la peine de lui répondre.
« C'est toujours comme ça, dit Sarah, à chaque pause Élo offre un café à madame Dumur.
- Donc c'est son rôle de petite amie alors. Ça doit couter cher à force.
- Qu'est-ce que ça peut bien te foutre, explosa une nouvelle fois Élodie. C'est pas ta thune ! Lâche-moi la grappe.
- Oula, nerveuse la petite.
- Je suis plus grande que toi, connasse !
- Élodie, intervins-je, les noms d'oiseaux ce n'est pas ici qu'il faut les dire.
- Mais elle m'énerve toujours à me provoquer là !
- Ce n'est pas une raison pour être grossière. Tu es si adorable d'ordinaire. Et toi Aya, mêle toi de ce qui te regarde.
- Oui madame. »
La blonde aux cheveux frisés se mit à bouder dans son coin alors que Marine la dévisageait en souriant. Je trouvais aussi son comportement suspicieux. Nous finîmes notre pause tout en parlant à nouveau de littérature puis elles s'en allèrent toutes lorsque la sonnerie se fit entendre. Je soupirais en les regardant partir.
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AMOUR INTERDIT
Romanceune collégienne, une professeure, une famille un peu bancale... Et alors... Voyons où leurs vies trépidante va nous mener.