Chapitre 88

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Nous restâmes dans l'eau jusqu'à midi, un coup d'œil sur ma montre, heureusement étanche, m'indiqua qu'il était l'heure de se restaurer. Je remontais sur le parking pour prendre la glacière restée dans la voiture quand Sarah voulut m'accompagner.

« Tout va bien Claire, me demanda-t-elle alors que nous venions de nous éloigner des autres, Élo peut parfois être insistante quand elle a quelque chose en tête.

- J'avoue mais ça va, moi aussi j'avais envie de me baigner de toute façon. Et toi, tout va bien avec Noa ?

- Je sais pas trop. Pour être franche je sais pas trop ce que je dois faire.

- Déjà tu sors avec elle, c'est un début. Après je pense que c'est à vous deux de voir ensemble ce que vous voulez faire.

- Comment ça s'est passé entre Élo et toi ? C'était aussi compliqué ?

- Non. Élodie est étonnamment entreprenante en privé, on a pas eut besoin de se poser trop de question. Au point où j'en viens même à me demander si je suis sa première petite amie.

- Après ses mères sont aussi homos, je pense que ça aide d'avoir un exemple à suivre.

- Pas faux. C'est vrai qu'elles sont plutôt du genre démonstrative.

- Je ne les connais pas mais l'autre jour, celle que j'ai vu avait l'air d'être une bonne personne.

- Adé ? On était super amies à la fac mais elle a toujours été un peu déphasée. C'était une vraie fofolle à l'époque et l'est restée malgré le fait qu'elle soit casée avec deux enfants.

- Ce n'est pas plus amusant quand l'autre a un brin de folie ? Noa et moi on est deux coincées, j'avais l'impression qu'elle s'ennuie depuis qu'on sort ensemble.

- Elle attend peut-être quelque chose, un geste de ta part par exemple.

- Elle a qu'à le dire franchement.

- Ah, oui, je la vois bien te demander de l'embrasser... Et toi rougir comme une tomate, gênée dans ton coin.

- Ouais, c'est pas top. Donc il faudrait que je prenne les devants c'est ça ?

- Je vous ai mises dans la même chambre exprès pour que vous ayez un moment rien qu'à vous.

- Tu penses vraiment à tout. »

Ce n'était pas que je pensais à tout et franchement, Élodie m'avait bien aidée sur ce coup-là. Après tout, c'est elle qui avait eu l'idée de venir passer un week-end toutes ensembles. Nous mangeâmes sur les tapis de plage, les filles semblaient se régaler, moi aussi d'ailleurs, je n'en avais pas conscience mais je mourrais de faim et je pense qu'il allait en être de même pour ce soir. Nous avions faim et soif aussi, les deux bouteilles de soda partirent rapidement, tout comme ma bouteille de vin, je regrettais de ne pas avoir pris plus de provisions au supermarché ce matin. Je savais qu'il y avait une épicerie pas loin de la plage, une fois le repas prit, je me proposais pour y aller et ma petite amie déclara qu'elle m'accompagnait. Sarah et Noa retournèrent tout de suite à l'eau tandis que Marine continuait à se prélasser sur le tapis de bain, après avoir ranger les emballages des sandwichs et nos divers déchets dans un sac plastique, je le pris pour le jeter en passant alors qu'Élodie se chargeait de la glacière qui était vide à l'exception des deux pains de glace quasiment fondus. Une fois qu'elle fut remise dans la voiture, je m'allumais une cigarette et pris mon téléphone puis nous nous dirigeâmes vers l'épicerie tout en nous tenant la main. Je demandais à Élodie si elle voulait du sirop de fraise et de la limonade pour mettre au chalet, elle me répondit par la négative, précisant qu'elle pouvait aussi boire autre chose, ça ne la dérangeait pas. Je pris des oignons et du vin blanc pour cuisiner les moules ce soir. Ma petite amie me regarda bizarrement lorsque je pris la bouteille, je lui dis donc que ce n'était pas ma boisson préférée, que c'était juste pour cuisiner mais comme elle était loin d'être bête, elle se doutait bien que je n'allais pas laisser la bouteille s'éventer jusqu'à notre prochain séjour.

« On va retourner à la maison pour déposer ça, me demanda-t-elle à la sortie du magasin. D'ici c'est pas si loin.

- On peut le mettre dans la voiture, ça risque rien dans la glacière, même si elle ne réfrigère plus grand-chose, au moins ça sera à l'abri de la chaleur. Au fait, tu savais que ma famille possédait une maison sur la côte ?

- Oui, tu y es allée en juillet, mam Adé me l'a dit.

- Elle ne sait pas tenir sa langue celle-là. Mais rien ne garantissait que nous aurions pu y venir.

- Je sais que tu aurais fait de ton mieux pour.

- Toi aussi tu es un phénomène dans le genre.

- Mais c'est comme ça que tu m'aimes.

- C'est vrai. »

Nous rîmes alors que je mettais nos achats dans la voiture puis nous nous dirigeâmes vers la plage, passant devant un camion de glace Élodie me dit soudainement qu'elle en voulait une et me demanda si j'en voulais aussi. Je me laissais tenter, et allais approcher du camion lorsqu'elle me retint. Elle voulait me l'offrir, prétextant que ce n'était pas à moi de prendre en charge tous les frais de ce séjour qu'elle avait décidé. Je fus fière d'avoir une petite amie si mature pour son jeune âge et me dis aussi que je n'avais pas l'habitude de ce genre de traitement, cela me changeait de mes précédentes relations. Nous dégustâmes nos glaces à l'italienne, toutes les deux parfum vanille fraise, assise sur le petit muret de pierre qui fermait la plage en la surplombant, bien à l'abri du regard et accessoirement de la jalousie des autres filles. Je fumais une autre cigarette après que j'eus fini la crème glacée, j'avais proposer à Élodie de partir avant moi mais elle avait refusé, elle était maintenant collée à moi, la tête posée sur mon épaule. Une fois que j'eus terminé, nous rejoignîmes les autres. Sarah nous fit remarquer que nous avions été longues mais nous n'avons pas relevé. Nous enlevâmes à nouveau nos vêtements pour se retrouver une fois encore en maillot de bain puis nous retournâmes toutes les deux, suivies de Sarah qui tenait un énorme ballon de plage, nous proposant de jouer à se faire des passes dans l'eau. J'acceptais de bon cœur ce petit exercice me disant que je commençais à prendre un peu de poids en ce moment, bien que n'ayant jamais été la première à faire du sport, je ne me déplaçais plus autant à pied qu'avant et cela devait commencer à se voir. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant