Chapitre 39

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Lorsque les achats que les filles avaient faits à l'hypermarché furent rangées, nous nous installâmes dans le jardin. Bien qu'il fut tôt, la grosse bouteille de whisky ne tarda pas à arriver sur la table verte du salon de jardin, elle fut suivie de divers accompagnement et étonnamment, une bouteille d'eau minérale. Je jetais un regard interrogatif à mon amie qui me déclara qu'elle voulait bien picoler avec moi mais qu'il était hors de question qu'elle se mette minable comme l'autre jour, d'où la bouteille d'eau. Une autre bouteille fit son apparition avec Élodie, il s'agissait de coca cette fois. Adeline continua ses explications en disant qu'en rallongeant les verres, nous boirions moins vite. Pour le coup, je fus assez d'accord avec elle. Élodie buvais toujours son diabolo à la fraise, elle m'en proposa une gorgée que j'acceptais de bon cœur, je commençais à me faire à cette boisson rafraîchissante. Elle me demanda ensuite de replacer ma chaise parallèlement à la table, je m'exécutai et elle vint s'asseoir sur moi. Je pensais qu'en nous voyant, Marie aurait encore fait une réflexion gênante. Nous levâmes nos verres pour la première fois de la journée, je n'étais pas fan du whisky-coca mais bu sans faire d'histoires, Adeline déclara qu'elle gérait le barbecue, Ludivine s'occuperait du reste, je proposais mon aide mais en vain, on me dit de rester assise.

« Élo, va chercher la saussaille au frigo et tout ce qui faut, lui dit Adeline. Je vais la couper avant d'allumer le barbeuque. Clairinette, refais le service. Toi mon ange tu ramènes les chips qu'on a pris tout à l'heure. Je vais chercher le journal et le charbon de bois. Allez, action les filles ! »

La jeune blonde fut la première à revenir autour de la table, je la regardais s'approcher de moi, elle était vraiment jolie aujourd'hui, elle portait un T-shirt rose un peu trop petit pour elle, ce qui faisait ressortir ses formes et dévoilait son nombril, et un short blanc en jeans, avec les bords en frange cela lui donnait un air assez rebelle qui n'était pas pour me déplaire. Dire que cette fille magnifique était devenue ma petite amie avec en plus la bénédiction de sa famille, j'étais sur le point de me pincer pour voir si je ne rêvais pas. Je me rendis aussi compte que depuis hier, j'avais tendance à faire abstraction de son âge. Je haussais les épaules en me disant que ce n'était pas si grave tandis qu'elle vint se replacer sur moi, je l'embrassais sur la joue.

« Il t'arrive quoi là ?

- Rien, j'en avais juste envie. On ne va pas être seules souvent aujourd'hui j'ai l'impression.

- Pourquoi on aurait besoin d'être seules ? »

Elle se tourna vers moi et saisit ma tête entre ses mains avant de m'embrasser passionnément. Ludivine revint durant ce temps, elle ne nous dit rien en reprenant sa place, se contentant de sourire comme à son habitude. Je me dis que je pouvais toujours ressortir les suçons d'hier si elle nous disait quelque chose. Adeline fut la dernière à revenir, les bras chargés d'une caisse en bois bien pleine et d'un sac de charbon de bois neuf. Elle déclara fièrement en venant s'asseoir que ce serait probablement le dernier barbecue de l'année et qu'elle avait bien l'intention de fêter ça. Elle se mit à couper la saucisse sèche qu'Élodie avait ramené puis posa les fines tranches faites dans une assiette, Ludivine avait ouvert les chips et les mettait dans un plat tandis que ma copine se servait un verre de soda. Je regardais tout ce petit monde en souriant, me disant que je prenais goût à ce genre de repas entourée de ces gens. Toujours assise sur moi, la jeune blonde s'amusait à me donner à manger, me demandant de choisir entre une tranche de charcuterie ou une chips, elle se chargeait elle-même de choisir dans le plateau à quel goût serait la chips en question, ce qui ne me dérangeait pas vu que j'aimais tout. Marie rentra pendant ce temps, un large sourire aux lèvres, sa matinée dut bien se passer. En s'asseyant à la table elle nous fit tout de même part de l'une de ses réflexions bien acerbe en nous disant que ''les amoureuses sont au taquet dès le matin'', ce qui me fit sourire. Lorsqu'elle eut fait claquer son verre sur la table, mon amie de fac se leva et me dit de nous resservir puis se dirigea vers le petit barbecue métallique et le prépara avant de l'allumer. Elle alla rapidement se laver les mains et avant de retrouver sa place, elle essaya de s'asseoir sur Ludivine qui la poussa en râlant.

« J'hallucine ou tu es jalouse de fille ?

- Qu'est-ce que tu racontes Clairinette ? Même les adultes ont parfois besoin d'affection tu sais.

- T'en as eut assez l'autre jour, lui dit Ludivine.

- Ah oui, fis-je en riant, la soirée des vampires ! »

Pour une fois, Ludivine eut une autre réaction que son petit sourire, elle rougissait ouvertement. Je me dis qu'elle avait enfin une réaction humaine, ce qui changeait radicalement de son petit sourire habituel. Nous bûmes encore un verre Adeline et moi, je nous resservis instinctivement alors qu'Élodie me tirait un peu la tête, nous trinquâmes et bûmes alors que Marie nous faisait remarquer qu'il était rare de voir Adeline aussi joyeuse. Cette dernière demanda à sa copine d'aller chercher la viande au frigo et se leva pour faire cuire le tout, je me levai aussi pour fumer près du feu, en prenant soin d'éviter la fumée. La jeune blonde ne me lâchait pas du regard et sa sœur finit par s'en apercevoir.

« Elle va pas s'envoler ta meuf Élo.

- Je sais bien grande sœur, heureusement même.

- Ça pourrait être marrant cela dit.

- Nan, trop pas ! Ou alors je vole avec elle, comme ça plus besoin de voiture.

- Je n'imagine pas la tête des autres au collège, dis-je, si on arrive du ciel en volant.

- Ahah ! Je sais pas pour ton gros cul mais tu peux au moins faire voler ton esprit, dit Adeline, sers nous un verre Clairinette. »

Cet autre surnom, pourtant bien plus appréciable que ''Bouffeuse de meufs'', me prenait la tête à la longue. J'allai tout de même lui servir son verre et prit le mien pour le finir.

« Tu reviens pas t'asseoir ? »

Élodie me regardait avec ses yeux larmoyants, je reposai mon verre, alla donner le sien à mon amie et revint prendre ma place. Ce fut toute souriante qu'Élodie se reposa sur moi, posant sa tête contre mon épaule.

« T'es vraiment à fond sur ta meuf, dit Marie. Mais bon, au début on est toujours à fond.

- Dans vingt ans je serais toujours à fond.

- Ouais, on verra bien.»

Conclut la jeune brune avant de plonger sa main dans le plat de chips et d'en prendre une grosse poignée. J'étais contente de voir qu'elle ne nourrissait plus d'animosité envers moi et remarquais que derrière sa timidité, c'était une personne très franche, et gourmande elle aussi, même si elle ne partageait pas le même sang, Marie et Élodie avaient des points communs. Adeline nous informa que la viande était bientôt prête et qu'elle voulait un autre verre avant que l'on ne range la bouteille ''comme les traîtresses que vous êtes'' précisa-t-elle en riant. Ludivine fit ce dernier service, remplissant d'une bonne grosse dose d'alcool les trois verres puis porta celui de sa copine et partit remettre la grande bouteille de whisky à l'intérieur, elle avait déjà diminué de plus de la moitié. Je fus choquée de voir que l'on avait descendu plus d'un litre et demi de whisky à nous deux en deux soirée, de vraies poivrotes. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant