Chapitre 5

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Nous fîmes le retour toujours en bavardant de tout et de rien, j'appris que sa demi-sœur s'appelait Marie, Élodie insistait bien sur le demi, qu'elle était jalouse d'elle sur chaque petit détail, cette sœur devait sûrement traverser sa période de crise d'adolescence mais cette idée ne réconforta pas la grande blonde. Je pus constater qu'une fois proche du collège, elle se remit à me vouvoyer ce qui me rassura quant aux termes de notre accord. Les élèves des classes supérieures à la sienne nous dépassait tout en lui jetant des regards curieux, je fus persuadée qu'ils la prenaient, elle aussi, pour une enseignante, ce qui me fit sourire. Nous ne nous attardâmes pas dans la cour et allâmes directement dans la salle où j'y avais laisser toutes nos affaires. Elles n'avaient pas bouger, de même que le papier ''6e2'' scotchée sur la porte, ce qui indiquait que nous allions être tranquilles pour le reste de la journée. Nous nous installâmes toutes les deux au bureau et tout en continuant nos discussions je repris l'histoire de ce matin.

« C'est vrai, dit-elle alors que la sonnerie de la seconde heure retentit, vous ne jouez pas du tout Mademoiselle.

- Non, je n'aime pas trop ça.

- Même sur portable ?

- Oui, je n'ai pas d'autres jeux autre que ceux préinstallés.

- Et vous y jouez ?

- Non. Et toi tu joues ?

- Il m'arrive de jouer à la console avec ma mère, avant je jouais aussi avec ma demi-sœur et je joue aussi beaucoup sur mon téléphone. »

Elle m'énuméra ensuite ses jeux, évidemment je n'en connaissais aucun. Elle me parla ensuite de son chat qu'elle avait eu pour ses neuf ans et qu'elle avait nommé chaton, je me dis que vu l'âge il ne devait plus ressembler à un chaton à présent, moi je n'avais pas d'animaux.

« On dirait que votre vie est triste aussi Mademoiselle.

- Non, elle ne l'est pas. Je passe beaucoup de temps au travail, je regarde un peu la télé, je me couche tôt car je me lève tôt, j'aime courir un peu le matin, durant les congés, je sors aussi avec mes amies.

- Oh, on pourra sortir aussi pendant vos congés alors ! »

Je ne vis pas comment lui dire non, face à tant d'optimisme alors je me contentais d'acquiescer.

« Et vous sortez aussi avec votre copine je présume... Vous allez où avec vos amies ?

- Hum... Au ciné, au café, dans des conférences culturelles aussi, tout dépend de qui est l'amie. »

Je ne pouvais pas décemment dire à une élève que je traînais les bars et les boites avec mes deux meilleures amies de formation, qu'on y restait jusqu'au matin où on rentrait à moitié ivre et... Très fatiguées.

« Je ne suis jamais allée à une conférence culturelle, me dit-elle. C'est quoi ? C'est comment ?

- C'est... Une réunion de gens qui aime une certaine personne qui écrit, peint ou autre et ils l'écoutent parler du pourquoi et du comment de ses œuvres.

- C'est intéressant ?

- Tout dépend du qui est le conférencier... Je suis allée en voir une de Senaud, un peintre, car j'ai une amie fan de ses tableaux, elle avait les yeux qui pétillaient et moi je me suis emmerdée pendant tout le long. Mais chacun ses goûts, après ça on est allées en voir une de Bercoff, c'était tout l'inverse.

- Ber... qui ?

- André Bercoff, un journaliste, écrivain et conférencier. C'était sur la littérature moderne, sa vision était vraiment unique et on pouvait ressentir sa passion lorsqu'il parlait de ses auteurs, il...

- OK, OK, stop mademoiselle. Vous êtes vraiment passionnée.

- Oh, oui pardon, je m'emballe facilement sur ce genre de sujet.

- J'ai vu ça. Mais c'est mignon. »

Choquée d'avoir été qualifiée de ''mignonne'' à mon âge, je ne sus pas quoi lui répondre d'autre que...

« Ne te moque pas de ton professeur jeune fille ! »

Elle rit de bon cœur et moi, j'espérais avoir réussi à effacer ne serait-ce qu'un peu toute la tristesse qu'elle avait en elle et qu'elle dissimulait sous ses faux sourires.

Une fois l'heure écoulée, nous attendîmes que les élèves, bien plus bruyant que ce matin, fussent partis et je lui proposais de rentrer. Elle me dit qu'elle devait attendre son bus, je me proposais de la raccompagner en voiture.

« J'aurais l'impression d'abuser, me répondit-elle, ça en plus du repas...

- Oublies un peu le repas, c'est juste que je ne peux pas laisser une élève seule dans l'établissement.

- Seulement ça ? »

Lorsqu'elle prenait son air taquin, elle avait vraiment l'air mature et on pouvait facilement oublier son jeune âge. Elle m'avait expliqué plus tôt qu'elle avait des problèmes face aux garçons, surtout les plus âgés qui n'hésitaient pas à la draguer en public, elle ne savait pas quoi leur dire mise à part ''non'' et ''je vais appeler ma mère'' ce qui entraînait moqueries et brimades de leur part. Cette grande fille blonde jouait la dure mais sa vie n'avait pas dû être facile.

« Si je te dis que c'est pour te remercier de m'avoir tenu compagnie tu ne vas pas y croire...

- Alors là, trop pas ! Mais bon, je vais accepter. Et si par chance ma mère est là, je lui demanderais de vous rembourser pour ce midi.

- Ha ! Laisse tomber ça ! »

Nous nous dirigeâmes vers le parking des enseignants qui était quasiment désert, ils avaient fui l'établissement presque aussi vite que leurs élèves, il ne restait que trois voitures, je n'eus donc pas de mal à reconnaître la mienne. Je prévins Élodie du désordre qu'il devait y avoir et nous montâmes à bord. La chaleur y était étouffante, logique pour une voiture restée en plein soleil toute la journée, j'allumai la climatisation après avoir démarrer mais elle mit un certain temps à se faire sentir alors nous sortîmes de la ville toutes vitres ouvertes. Elle m'avait dit dans quel village elle habitait, je sus donc quelle direction prendre et quand nous y fûmes, elle me guida jusqu'à sa maison

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant