Chapitre 90

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Nous marchâmes en nous tenant la main, m'empêchant ainsi de fumer une cigarette mais cela ne m'importait peu, j'étais heureuse de pouvoir faire cette balade matinale dans la petite ville calme. Nous arrivâmes rapidement, le magasin aussi était calme, il n'y avait, qu'en plus de la boulangère, une seule personne qui prenait un pain coupé. Lorsque ce fut notre tour, la vendeuse nous fit un énorme sourire.

« Oh, vous êtes la p'tite dernière de Louis ! Qu'est-ce que se sera ?

- Dix pains au chocolats, dix croissant et deux baguettes s'il vous plaît.

- Dix ? On a faim ca matin ahah! Je vous les sépare ?

- Oui s'il vous plait. »

Elle regardait ma petite amie qui faisait le tour de la vitrine puis revint près de moi pour me prendre la main. Je payais et tendis les baguettes à Élodie qui prit aussi l'un des deux sachets de viennoiserie. Nous souhaitâmes à la vendeuse de passer une bonne journée qui nous répondit par son traditionnel ''Bonne dégustation'', chose que j'appréciais grandement dans cette boulangerie. Nous rentrâmes au chalet, où tout le monde dormait encore, toujours en nous tenant la main, je fus donc privée de cigarette sur le retour aussi. Peu m'importait mon envie de fumer en vérité, je voyais ma copine qui me tenait fièrement la main tout en souriant valait bien que je me passe de nicotine pour le quart d'heure où nous devions marcher. Dans la maison silencieuse je me servis un café et vins m'installer à la table tandis qu'Élodie se faisait chauffer un bol de lait au micro-onde, après avoir refusé que je lui prépare un chocolat chaud à la casserole. Elle ne savait pas ce qu'elle perdait, en plus, j'aurais pu en faire pour tout le monde, tant pis. Nous déjeunâmes en tête à tête, silencieusement mais tout en se régalant. J'avais prévu quatre viennoiseries par personne, ce qui me paraissait énorme pour moi qui ne mange jamais le matin mais à la fin, je regrettais de ne pas en avoir une ou deux de plus. Je me surprenais à manger autant depuis quelques jours, je n'aurais su dire pourquoi. Cela ne l'inquiétait pas plus que ça mais il allait falloir que je fasse attention, je ne voulais pas prendre trop de poids. Ma petite amie me tira de mes pensées en me parlant soudainement, elle aussi avait fini de manger et louchait avec avidité sur les sachets de douceurs posés sur la table.

« On mange quoi ce midi ?

- On va attendre que les filles se lèvent et on ira à la criée.

- C'est quoi ça ?

- Un lieu où les pêcheurs vendent directement leur poisson fraîchement pêchés aux gens.

- Ah c'est cool ! On les réveille ?

- Non laisse les dormir encore un peu. »

Je m'installais près de la fenêtre avec une nouvelle tasse de café quand du bruit se fit entendre dans la chambre qu'occupait Marine, elle ne tarda pas à ouvrir la porte, le visage encore endormie.

« Vous êtes déjà levées, dit-elle d'une voix roque.

- Oui, on est allées à la boulangerie, y'a des petits pains ce matin.

- Génial ! »

Elle se réveilla alors soudainement et se mit à table. Je lui demandais si elle voulait boire quelque chose de chaud, elle me répondit par la négative tout en enfournant dans sa bouche la moitié d'une pain au chocolat, je fus impressionnée par sa capacité buccale. Noa fut la suivante à nous rejoindre, Élodie lui demanda si sa copine dormait toujours, la petite brune répondit que non tout en rougissant comme une ampoule, je me demandais bien pourquoi mais ne posais pas la question, après tout chacun son intimité et les connaissant, je me doutais qu'elles n'avaient pas fait grand-chose. La dernière des filles finit par pointer le bout de son nez à la table elle aussi et tout comme sa récente petite amie, elle devint rouge tomate quand Marine lui demanda si elle avait bien dormi, ce qui me rendit curieuse. J'annonçais aux filles notre emploi du temps de la matinée, Élodie me dit qu'on n'avait plus de pommes de terre, il allait donc falloir s'arrêter quelque part pour en racheter, j'optais pour le supermarché, heureusement ouvert le dimanche, et dans lequel je pourrais aussi refaire mon stock de vin. En y pensant, je me dis que j'aurais dû laisser une des caisse d'Adeline pour la stocker ici, mais si mes parents venaient, elle n'aurait probablement pas survécu. J'allais faire un tour dans la salle de bain, suivie bien évidemment par ma petite amie, puis les filles y allèrent chacune leur tour et enfin nous partîmes. La route ne devais pas être si longue, si on ne tiens pas compte du marché installé le dimanche matin et bloquant tout le centre-ville, je dus faire un énorme détour afin de reprendre la route de Boulogne. Nous finîmes tant bien que mal à arriver au supermarché où, comme tous les magasins du genre ouvert le dimanche, il y avait un monde fou. Nous nous hâtâmes de prendre ce qu'il nous fallait puis sortîmes du magasin. Sarah déclara qu'elle n'en pouvait plus mais fut la première de retour à la voiture, nous intimant de nous dépêcher à notre tour. LE retour fut encore plus rapide que l'aller et je dis au filles d'aller à la plage tandis que je préparais le repas, qu'elles soient de retour pour le manger était ce qui m'inquiétais le plus, on ne voit pas l'heure passer lorsque l'on s'amuse. À ma grande surprise pas plus d'une heure ne s'était écoulée avant qu'elle ne me rejoigne à la maison.

« Il y avait des mecs trop chelou, fit Sarah en entrant dans la cuisine, alors on s'est barrées.

- Tu as eu bien fait. Cet après-midi, je serais avec vous, je pourrais peut-être les éloigner.

- J'avais beau leur dire que j'étais déjà en couple, ils n'en avaient rien à foutre. Même Marine a été gavée. »

Pour que la petite Marine s'énerve, ils devaient être vraiment lourds. Je me mis à espérer qu'ils ne seraient plus là lorsque nous y retournerions. Nous mangeâmes rapidement pour partir directement, sans même prendre le temps de faire la vaisselle, je me dis qu'il n'allait pas falloir revenir au chalet trop tard pour la faire et je voulais aussi éviter les embouteillages du dimanche soir. Notre après-midi se déroula exactement comme celle de le la veille, nous avons joué et ris jusqu'à épuisement. Nous rentrâmes ensuite à la maison où Élodie me donna un coup de main pour faire la vaisselle tandis que les filles rassemblaient leurs affaires puis les chargèrent, à contre cœur visiblement, dans le coffre de ma voiture. Je vidais aussi le frigo, ne sachant pas quand j'allais pouvoir revenir alors que ma petite amie s'occupait de nos propres affaires. Tout le monde était bien triste de dire au revoir à la maison mais ce n'était qu'un au revoir, bien que je ne le savais pas encore à ce moment-là. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant