L'après-midi de cours commença par ma classe de cinquièmes, bien que le cours était assez intéressantes, les deux heures que j'avais avec eux passèrent lentement, très lentement même. Comme toujours durant la pause les filles vinrent me voir. Leurs regards avaient quelque peu changés, elles s'attardaient à chaque fois qu'Élodie et moi interagissions ensembles et cela me tapait un peu sur le système. Ma petite amie quand à elle me confirma qu'elle n'avait plus qu'une heure de cours, je fus heureuse de savoir que nos emploi du temps concordaient pour ce qui était des fins de journées. Je pris plaisir à boire ma tasse de café, il fallait dire que j'en avait bien besoin si je ne voulais pas piquer du nez face à ma prochaine classe, la troisième zombie. Je sus que c'était vraiment ainsi qu'on l'appelait, même parmi les professeurs, il n'y avait donc pas qu'avec moi que cette classe était calme. Sarah demanda subitement à son amie si ça ne la dérangeait pas de m'offrir deux café par jour, je répondis à sa place en parlant de la tirelire retrouvée et de la petite monnaie que je lui avait donné. La jeune fille aux cheveux décoiffés conclut en disant qu'elle admirait notre relation, je m'en sentis fière et vis qu'Élodie ressentait la même chose. Elles partirent toutes juste avant la fin de la pause pour rejoindre leur salle, des élèves de mon prochain cours étaient déjà devant ma porte, je les fis entrer et envoyais rapidement un sms à ma petite amie pour lui dire que je l'attendrait au parking et lui demander si elle voulait repasser chez sa mère ce soir. Elle fut rapide à me répondre pour me dire que non, elle n'avait pas prévue d'y passer, nous pouvions directement rentrer à la maison. Bien qu'elle ne l'eut pas dit, je pensais en lisant discrètement son message sous le bureau qu'elle ne voulait pas me voir une fois de plus boire avec sa mère. Je remis le téléphone dans mon sac alors que la reprise sonnait, et bien que j'étais face à des élèves amorphes, j'étais plus enjouée que jamais à l'idée d'une soirée au calme avec ma petite amie. Comparé au précédent, ce cours se passa rapidement et je fus surprise d'entendre la sonnerie. J'avais prévue de leur donné un devoir à faire à la maison mais par manque de temps, je ne pus le faire. Ils seraient restés quelques minutes si je leur avais demandé mais moi aussi j'étais pressée ce soir. Je me hâtais de ranger le peu d'affaires qu'il restait sur le bureau et sortis juste après que le dernier élève, fermai la porte de la classe et pris la direction du parking du personnel.
« Madame ! ... Madame !... Madame Dumur ! »
Je me retournais soudainement d'avoir été interpellée de la sorte et vis Noa qui courrait vers moi, ses courts cheveux noirs, qui allaient si bien avec son teint halé, sursautaient à chacun de ses pas.
« Enfin, je vous rattrape.
- Ne cours pas dans les couloirs. Que se passe-t-il ?
- En fait le prof vient de nous donner un travail de groupe et on comptait le faire avec les autres mais on sait pas où aller pour le faire.
- Et vous comptez le faire ce soir ?
- On voulait profiter qu'on ait pas cours en dernière heure, oui. Les parents ne sont pas là, ceux de Marine ont dit non et chez Sarah c'est compliqué qu'elle nous a dit donc...
- Je vois, il ne reste plus qu'Élodie mais comme chez elle c'est aussi officieusement chez moi... C'est bizarre qu'elle ne m'en a pas parlé elle-même.
- Elle vous a envoyé un message mais vous n'avez pas répondu, du coup, on s'est séparées toutes les quatre pour vous trouver.
- Dis aux autres de nous rejoindre au parking de derrière, on verra ça une fois sur place.
- Merci Madame. »
Je venais juste de remarquer que depuis qu'Élodie avait parlé de notre relation, les filles ne m'appelaient plus mademoiselle mais madame, je n'aurais su dire si c'était conscient ou pas. La jeune fille m'accompagna tout en envoyant des messages aux autres filles, quand nous arrivâmes près de la voiture, deux des trois filles nous y attendaient, Seule Sarah manquait à l'appel mais je pus la voir arriver de la cour arrière en courant. Nous discutâmes rapidement de leur devoir en commun avant de se décider, j'aurais donc les quatre filles à la maison ce soir, leurs parents semblaient être d'accord. En les regardant s'installer à l'arrière de ma voiture, je me demandais si elles auraient reçu aussi rapidement leur accord s'ils savaient que l'enseignante en question était la petite amie de l'une d'entre elles. Je supposais que non. Nous nous mîmes en route vers la maison quand j'entendis mon téléphone vibrer, je demandais alors à ma petite amie de répondre à l'appel pour moi, vu l'heure il n'y avait que deux options : Ma mère ou la sienne et à l'entendre répondre, je sus que c'était la sienne. Elle rit à une remarque puis dit que j'étais en train de conduire, que je ne pouvais pas lui parler, je lui dis de mettre le haut-parleur, tout en oubliant que c'était d'Adeline dont on parlait.
« Alors Bouffeuse de Meufs, fit-elle joyeusement, on s'invente des devoirs pour passer du bon temps avec ma fille ?
- J'ai rien inventé du tout ! Et fais attention à ta façon de m'appeler, nous ne sommes pas seules dans la voiture.
- Ah bon ? Y'a qui ?
- Les copines d'Élo, pour faire leur devoir.
- Oh, tu dois être bien alors, entourée de jeunes filles tu vas prendre ton pied ahah !
- Maman ! »
Entendre ses copines ricaner de bon cœur à l'arrière dut énervé Élodie, cela dit, je pouvais la comprendre, moi-même j'avais du mal à garder mon calme dans cette situation.
« Bon j'arrête de vous taquiner, fit Adeline. Vous passez demain matin alors ?
- Oui, comme d'habitude.
- Au fait Élo, tu veux vraiment garder ta chambre comme elle est ?
- Laisse ma chambre tranquille.
- Pourquoi ? Toi et Ludi comptez faire chambre à part ?
- Hein ! Ça va pas la tête ? Non, c'est juste qu'on parlait ce matin et j'en aurait bien fait une sorte de bureau pour moi et de loisirs créatifs pour Ludi, j'en ai marre de voir ses bouts de tissus traîner partout dans la maison.
- Va falloir supporter mam. Je ne compte pas me mettre officiellement en ménage avant ma majorité donc t'as encore au moins six ans à attendre avant de pouvoir toucher à ma chambre.
- Tu ne veux pas te faire émanciper à seize ans ? On gagnerait deux années.
- Mais comment tu lui parles à ta fille, c'est à la limite du honteux là.
- Ho, ça va je plaisante. Presque. Bon je vous laisse les filles, soyez sage tant que la nuit n'est pas là. À demain. »
Elle raccrocha avant que l'une de nous ait eu le temps de lui répondre. Les filles étaient toujours mortes de rire et Sarah nous fit remarquer que la mère d'Élodie était un phénomène, je ne pouvais malheureusement pas lui donner tort. Nous arrivâmes enfin sur le parking de ma résidence, je garai la voiture et nous descendîmes.
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AMOUR INTERDIT
Romanceune collégienne, une professeure, une famille un peu bancale... Et alors... Voyons où leurs vies trépidante va nous mener.