Chapitre 37

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Après le repas, Adeline me proposa un café que j'acceptais. J'avais déjà refusé de boire du vin en mangeant et elle se mit à faire un peu la tête alors que je buvais la même chose qu'Élodie, je n'allais pas refuser encore une fois sous prétexte de rentrer tôt. Pendant que sa mère partit me faire une tasse de boisson chaude et l'autre était dans la salle de bain, la jeune fille toucha du bout des doigts les cernes sous mes yeux.

« Tu es vraiment fatiguée, me dit-elle. Tu veux pas dormir ici ? Toute façon tu reviens demain, tu serais déjà sur place.

- Non, je n'ai pas d'affaire de rechange et je ne veux pas déranger.

- Tu déranges pas Clairinette, et puis ça fera plaisir à Élo.

- Je te passerai de quoi te changer, comme tu l'as fait hier pour moi.

- Vous êtes des professionnelles de la prise d'otage, vous le savez au moins ?

- Ouais, mam Adé est redoutable.

- Tu n'es pas en reste non plus princesse.

- Hihi !

- Ho, vous êtes mignonnes ! »

Adeline se moquait ouvertement de nous, je pouvais le voir à son petit sourire en coin, je lui demandai un autre café qu'elle partit faire à contre cœur en me faisant remarquer qu'il aurait été meilleur si je l'avais demandé à ma femme. Sa petite histoire de couple marié me tapais sur le système, je sortis fumer une cigarette pour me calmer.

« Elle peut parfois être lourde mam Adé. »

Je n'avais même pas entendu la petite blonde sortir derrière moi, l'entendre me fit sursauter. Je lui répondis que oui, elle pouvait être lourde ce qui la fit rire. Elle s'accroupit à côté de moi, à l'opposé du vent pour éviter la fumée de ma cigarette et posa sa tête sur mon épaule.

« Je ne dis rien car au fond ça me fait un peu plaisir qu'elle nous voit comme ça, reprit-elle. Je préfère qu'elle nous embête plutôt qu'elle nous rejette.

- Oui, je comprends bien princesse mais bon toujours à répéter la même chose, c'est chiant à force. Et puis je pense que l'on devrait rester discrètes, si elle en fait tout un plat ici, qui dit qu'elle ne va pas en faire autant ailleurs. J'ai peur qu'elle lâche le morceau une fois éméchée.

- La connaissant, c'est bien possible.

- Tu vois. Et il sera trop tard pour faire machine arrière si elle le crie sur les toits.

- Le pire ça serait que ça se sache au collège, mais je pense pas qu'elle ait des relations du collège parmi ses clients.

- Au fait, en parlant de clients, elle bosse quand cette fille ?

- Elle passe au bar tous les jours en début d'aprèm, mais c'est devenue rare qu'elle serve depuis qu'elle l'a acheté.

- Elle a racheté le bar ?!

- Tu ne le savais pas ? Au début des vacances son ancien patron lui a fait une offre et elle a accepté. Tu crois qu'elle aurait pu avoir une si grosse bouteille de whisky si elle ne l'avait pas pris là-bas ?

- Je me doutais qu'elle venait du bar cette bouteille mais je pensais qu'elle l'avait acheté d'elle-même.

- Bin nan. Elle s'est juste servie dans la réserve.

- Oh, je sens que la prochaine fois que j'irai y faire un tour, je boirai à l'œil.

- C'est possible, dit-elle en riant, après tout t'es une amie de maman. »

Je me relevais et lui tendis la main pour la remettre sur pied à son tour. Une fois debout, elle ne me lâcha pas et nos doigts s'entrecroisèrent. Nous entrâmes et j'allai boire mon café rapidement, personne ne semblait être au salon, pourtant, je pouvais entendre un bruit d'eau venant de l'étage, je supposais qu'Adeline était sous la douche, Marie dans sa chambre comme d'habitude, quant à Ludivine, je n'avais aucune idée d'où elle pouvait bien se trouver. Une fois ma tasse vide, je la mis dans la cuisine et Élodie m'emmena dans sa chambre. Elle me dit de faire comme chez moi mais je me sentais tout de même un peu stressée. Elle me tendis le nécessaire pour aller prendre ma douche, Adeline vint nous dire que la salle de bain était libre peu après et Élodie me laissa la priorité. La douche chaude me fit du bien et me changeait de mes bains quasi quotidiens, alors que je coupais l'eau, je pensais même avoir un peu abusé sur la durée et en sortant de la cabine de plastique je tombai nez à nez avec Élodie qui apparemment n'avait pas eu la patience d'attendre.

« Ah ! Je voulais te surprendre en te rejoignant.

- Tu ne penses pas que ce genre de chose c'est un peu tôt pour nous ?

- Non, dit-elle pleine d'assurance, pourquoi tu dis ça ?

- Peut-être parce que ça ne fait pas encore deux jours que nous sommes ensembles et que je ne me vois pas me coller à toi alors que nous sommes nues comme des vers dans un espace aussi étroit que le bac de douche... Par exemple hein.

- Je porte une serviette je te signale.

- Et tu prends ta douche avec ta serviette ?

- Ha, non. Mais bon au pire on se serait mis dos à dos, comme ça tu vois rien.

- Désolée mais je ne suis pas partante. Allez, va à la douche pendant que je m'habille.

- Tu es timide en fait.

- Non, juste pudique. Je n'aime pas être nue devant des gens et nous ne sommes pas encore assez intimes pour se le permettre.

- Pas assez intime ? T'as collé ta langue dans ma bouche je te signale. Il te faut quoi de plus pour être intimes ?

- Du temps. Je sors. »

Je doutai un instant de la réalité de cette conversation, elle venait vraiment de dire que j'avais collé ma langue dans sa bouche, comme-ci j'étais la seule fautive, enfin, je ne m'attardai pas là-dessus et entrai dans sa chambre toujours bien entourée de ma serviette et m'habillai en vitesse. J'eus soudainement envie d'une autre cigarette, je me dis que si je venais à rester ici, mon niveau de stress serait tel que je repasserai aisément à deux paquets par jour. Au lieu de descendre à nouveau pour sortir fumer, j'ouvris simplement la fenêtre. Élodie revint alors que je rangeais mon mégot dans le paquet, ne voulant pas le balancer dans le jardin, même avec l'intention de le ramasser demain. Elle râla brièvement car sa chambre allait sentir le tabac, je laissais la fenêtre ouverte afin de faire partir cette soit disant odeur de fumée et allai m'allonger sur le lit. Elle vint se blottir contre moi en disant une nouvelle fois que je sentais le tabac, j'aurais pu répliquer qu'elle en était principalement fautive mais ne voulant pas jeter d'huile sur le feu, je m'excusai rapidement et fermai les yeux. Je ne sus pas quand je m'endormis pour de bon ce soir là mais en me réveillant, je la tenais toujours dans mes bras. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant