Cette fois nous partîmes vraiment en direction de chez Élodie, après m'être assurée que nous avions tout, la jeune femme fit le tour de l'intérieur de la voiture et me confirma qu'il ne manquait rien.
« Ah...
- Quoi ?!
- J'ai oublié mon sac au collège.
- T'es sérieuse là Élo ?
- Non je blaguais. »
Je lui ébouriffais la tête en signe de représailles et elle rit de plus belle.
« Tu penses quoi de la différence d'âge entre mes mamans ?
- D'où sors-tu cette question ? Bref... Ce que j'en pense... Je m'en fiche en fait. Quand j'ai connu Adé on avait dix-huit ans toutes les deux et quand elle m'a dit qu'elle faisait ce master pour bosser avec sa copine qui a vingt-six ans, ça ne m'a pas choquée plus que ça.
- D'accord... Et si il y avait plus ? Genre dix ou quinze ans ?
- Que penses-tu des vieux riches qui sortent avec des minettes à peine majeures ?
- C'est dégueulasse. Mais là c'est pas pareil, c'est pas pour les sous.
- Dix ans ça peut passer, quinze ça fait un peu trop. Tu as prévue de tomber amoureuse de quelqu'un qui va naître dans quatre ans ?
- Non, dit-elle en riant, t'es bête. Je me posais juste la question.
- Tes mamans ne te laisseront pas au premier venu, il a intérêt à avoir un CV irréprochable.
- Pourquoi tu dis ''il'' ça ne pourrait pas être ''elle'' ?
- Il ou elle quelle importance ? Je pense que si c'est quelqu'un de bien et que vous vous aimez le genre ne sera pas un problème. Et ce serait un comble si des lesbiennes devenaient homophobes.
- Homo... Quoi ?
- Homophobe, Quelqu'un qui n'aime pas les homosexuels.
- J'apprends pleins de mots avec toi, c'est cool. Je sais écrire déloyal et j'ai appris délateur aussi ce matin et là, homophobe.
- C'est important de connaître plein de mots pour savoir bien dialoguer.
- Merci mademoiselle Claire, tu es la meilleure des profs.
- En descendant, tu prendras le pain et ton sac, je me chargerais du reste.
- Ça ira ?
- Mais oui ne t'en fais pas. »
En parlant d'arriver, je pouvais voir la maison de mes amies au loin, je me garais devant et nous sortîmes de la voiture. Je fus heureuse de voir que je pouvais prendre les tartes et le cabas, par contre le sac à main restera dans la voiture, mes cigarettes avec, hors, je voulais désespérément en fumer une là maintenant, tout de suite après avoir tout déposer.
« On est rentrées mam ! Hurla Élodie. On est chargées.
- Qu'est-ce que vous avez encore acheté comme bazar ?
- Bin du pain et de la limonade.
- Vous êtes allées à carrefour rien que pour une bouteille de limonade alors qu'il y en a encore tout un pack au cellier ? Tu prends vraiment ta mère pour une cruche.
- Une cruche, ça se remplit non ?
- Fais pas la maligne bouffeuse. Allez, amenez-vous ici.
- Alors, fis-je en posant les tartes sur le plan de travail, ça c'est le dessert et ça, c'est l'apéro.
- Je suis allée en chercher une ce matin au bar, dit Adeline en sortant la bouteille d'alcool. Mais bon, on servira la tienne d'abord.
- Je te préviens, je m'éclate pas la tête, j'ai une sortie de prévue cet après-midi.
- Ho mademoiselle a un rendez-vous ?
- Si je réponds oui à cette question je suis morte. On va juste faire des courses avec Élo.
- Ouais ! Un rencard avec ma prof !
- Pas question ! »
Nous rîmes ensemble puis je sortis chercher mon sac à main et pus enfin m'allumer une cigarette que je fumais tranquillement accroupie sur trottoir en face de la maison quand une brune arriva à ma hauteur, me fixa quelques instant, je lui dis bonjour, ayant reconnue Marie, mais n'eus aucune réponse. À voir, j'étais dans le même panier que sa petite sœur. En parlant de la grande blonde, elle croisa sa sœur dans l'allée et passa sa tête par-dessus le petit muret de brique qui séparait la maison du reste du village.
« Arrête ça, me dit-elle en essayant d'être autoritaire. Tu te ruines la santé Claire.
- C'est ma deuxième depuis que je suis levée, ça va. À la fac j'en descendais trente par jour.
- Et maintenant ?
- Trois, quatre maxi. »
Je n'ai pas osé lui dire que ma mauvaise nuit eut raison du paquet acheté la veille, je traînais mon paquet de secours, il allait falloir trouver un tabac en rentrant chez moi.
« Mais si ta mère me fais boire alors je ne les compterais plus, dis-je en riant.
- Alors bois pas non plus. »
Elle opéra un demi-tour avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, ce côté d'elle me faisait penser affreusement à Julie, ne bois pas, ne fumes pas, ne regarde que moi. Alors qu'elle ne se gênait pas pour regarder ailleurs et allait au bar dans mon dos... Salope ! Je jetais le mégot au loin sur la route, tant pis pour la planète et rentrais.
« T'en tire une tête Claire, me dit Adeline quand j'entrais dans le salon. Ça va ?
- Bof. Dis, tu l'as vu quand Julie ?
- Ah, Élo a encore trop ouvert sa bouche à ce que je vois.
- Ne la dispute pas c'est sorti tout seul sans le vouloir.
- Ouais... Je sais pas je dirais il y a environ un mois. Aller, fais site là et boivons comme des trous !
- Non, j'ai des courses à faire. Et ta fille doit acheter un livre.
- Vous êtes vite devenues proches Élo et toi... Elle a onze ans hein.
- Je vais te frapper. »
Rien d'inhabituel dans nos conversation, rien n'avait changé depuis la fac, elle se mit à rire tout en faisant tinter son verre contre le mien. Élodie revint de la cuisine et s'assit à côté de moi.
« Élo, dit Adeline après m'avoir fait un discret clin d'œil, tu l'aimes bien Claire.
- Oui, c'est une super prof qui m'apprends pleins de mots et une super amie avec qui je peux discuter. »
La sincérité de sa réponse me fit chaud au cœur, et le whisky que je descendit d'une traite alluma un feu dans mon estomac.
« Ah, regardes tu nous l'as toute émue maintenant.
- Ta gueule pilier.
- C'est vrai, renchérie la blonde, tu es rouge comme... Une fraise hihi !
- Je vais pas me faire chier à aller dans la cuisine à chaque fois, je fais péter ta bouteille bouffeuse.
- Ramène des chips aussi pilier.
- Ça marche. »
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AMOUR INTERDIT
Romanceune collégienne, une professeure, une famille un peu bancale... Et alors... Voyons où leurs vies trépidante va nous mener.