« Excuse-moi, je dois aller aux toilettes. »
Très romantique après un baiser, pensais-je mais je ne dis rien, la lâchant, elle s'y dirigea rapidement, me laissant seule dans la pièce. Je sortis de mon petit sac mon téléphone et mes cigarettes, en alluma une pour calmer un peu cette chaleur malsaine qui naissait en moi. Après tout Élodie n'était ici seulement parce qu'elle n'avait pas le choix, pas pour passer à la casserole. Je me dis que j'étais vraiment une fille lubrique sans espoir lorsque mon téléphone vibra sur le plan de travail, je me demandais, tout en l'approchant, qui pouvait bien m'envoyer un message. Je fus surprise de voir qu'il venait d'Élodie, le lus et fis ce qu'elle m'avait demandé. Je toquais à la porte des toilettes et tendis la main dès qu'elle s'ouvrit.
« Donne-moi ton jeans et le reste, je vais les laver en vitesse. J'ai un sèche-linge donc ça sera vite fait.
- Non ! Je vais le faire moi-même.
- Donne, t'inquiètes pas, ça arrive.
- C'est pas ce que tu crois ! Laisse-moi m'occuper de ça toute seule !
- Je ne sais pas ce que tu imagines mais je suis sûre que tu as tout faux. Allez, donne.
- Non ! Je suis sûre que tu penses que je suis crade mais c'est pas du pipi ! »
Elle se mit à fondre en larme, j'ouvris la porte et entrai dans la petite pièce pour la prendre dans mes bras.
« Je savais bien. Tu as beau dire que je te vois comme une gamine, je sais tout de même que t'as passé l'âge de ce genre de choses.
- Je sais pas ce que ce c'est, dit-elle en reniflant et en tremblant, mais c'est pas du pipi.
- Disons que ce baiser était un peu trop stimulant.
- Et ça va être comme ça à chaque fois ? Trop la honte.
- Non, tu finiras par t'habituer, là c'est juste que c'était la première fois. »
Élodie me serra contre elle en me disant qu'elle était désolée tout en continuant de renifler, elle avait arrêté de trembler, c'était déjà ça. Je pouvais comprendre à quel point c'était déstabilisant pour elle et pour ma part, je ne pensais pas procurer une telle réaction chez une fille avec un simple baiser. Elle finit par me tendre ses vêtement puis enfila le sous-vêtement que je lui avait donné avant de sortir enfin. Elle prit son verre et alla se poser dans le canapé de la salle tandis que j'allais dans la salle de bain pour lancer la machine. Quand je revins au salon, elle était assise, tête basse. Je n'avais aucune idée de quoi dire pour détendre la situation, je lui proposai de manger une glace, elle secoua la tête négativement. J'avais envie de lui demander si elle allait faire la gueule encore longtemps mais je ne voulais pas non plus la brusquer, cette expérience devait lui paraître assez traumatisante. Je sortis ce qu'il me fallait pour préparer mes cours du lendemain, Élodie se mit aussi à faire ses devoirs toujours aussi silencieusement. À choisir, je préférais encore la jeune fille débordant de bonne humeur plutôt que ce spectre silencieux qui était assis à côté de moi. Elle finit par m'adresser la parole pour me demander un conseil de maths, elle avait un peu de mal à écrire les nombres et mettait un s à cent à chaque fois, ne comprenant pas que ce mot pourquoi le mot était invariable. J'ai bien essayé de lui expliquer qu'il représentait une valeur, n'étant pas directement lié au nombre de cette valeur mais plutôt comme huit cent nous indique qu'il y a huit unités de centaine, en vain. Elle continua tout en ne mettant plus ce genre de mot au pluriel, alors que moi j'avançais aussi dans la préparation de mes cours. Une fois qu'elle eut fini, je lui proposai de manger un morceau, je commençai à avoir faim, elle accepta toujours sans dire un mot.
« Tu vas passer la soirée sans même me parler ? (Elle acquiesça) Tu sais que ce n'est pas très agréable pour moi ? J'ai l'impression que tu me fais la tête tout en ne sachant pas pourquoi.
- Je suis gênée.
- Je peux comprendre ça. Tu m'en veux ?
- Non ! Pas à toi mais à moi, oui.
- Tu sais que c'est inutile de t'en vouloir pour si peu, comme je te l'ai dit, ça arrive, ce n'est pas la fin du monde. Allez, viens m'aider en cuisine.
- Je suis pas très bonne en cuisine.
- Pour rajouter du fromage sur une pizza quand je te le dirai, il ne faut pas être un chef étoilé, ne t'en fais pas. »
Elle sourit enfin en me disant qu'elle était d'accord. Je commençais par sortir la pizza bolognaise et la mise au four. En attendant qu'elle finisse de décongeler, je lui servit un verre de sa boisson préférée et me servis également un verre de vin. Elle me demanda si je comptais boire comme hier, je lui dis que non et cela la rassura, elle se fit plus souriante. Elle but un peu et me prit la main, je la tirai contre moi.
« On parlera pas de ça à personne hein ? Me demanda-t-elle, inquiète.
- Non, ne t'en fais pas. Même pas à tes mères.
- D'accord. Je préfère que ça reste entre nous.
- Je comprends, ce n'est pas quelque chose que j'irai crier sur les toits non plus. Comme je te l'ai dit, tu finiras par t'habituer à ce genre de choses, ne t'en fais pas.
- C'est aussi pour ça que j'aimerai être adulte le plus vite possible, c'est vraiment trop la honte.
- On ne va pas passer la soirée la dessus, si ?
- Non, aller, on en parle plus. Tu sens l'alcool, j'aime pas trop ça.
- Désolée. Ça ira mieux après qu'on se sera brossé les dents.
- J'ai pas de brosse.
- Je t'en donnerai une, j'en ai des neuves. Ho, c'est le moment du fromage, je te la sors du four pour ne pas te brûler. »
Je posais la pizza chaude sur le plan de travail en inox de ma cuisine, elle ajouta une grosse couche de fromage au milieu, je lui appris à l'émietté pour qu'il fonde plus vite et plus uniformément puis remis la tourtière au four. Je décidais de m'allumer une cigarette devant la fenêtre de cuisine toujours ouverte, elle vint se coller à mon dos et m'entoura de ses bras. Je pouvais sentir son souffle sur mon cou, elle respirait lentement et profondément. Nous restâmes ainsi jusqu'à ce que j'envoie le mégot au loin d'une pichenette, sa pizza allait être prête, il était temps de sortir la mienne. Je lavai rapidement mes mains puis prépara mon plat et l'enfourna à la place de l'autre que je coupai en part égales. Elle en mit deux dans son assiette et retourna dans la salle, je la suivis après avoir rajouter du fromage sur la mienne également. Nous nous souhaitâmes bon appétit puis elle commença à manger en me disant que ''ça déchirait avec plus de fromage''.
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AMOUR INTERDIT
Romanceune collégienne, une professeure, une famille un peu bancale... Et alors... Voyons où leurs vies trépidante va nous mener.