Chapitre 24

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Une fois changée, Adeline revint au salon alors que ses deux filles étaient toujours blotties l'une contre l'autre, elle nous dis d'un coup qu'elle voulait aller au jardin, idée qui lui sortit de je ne sais où et Ludivine lui demanda pourquoi.

« J'ai envie de fumer, dit-elle, mais pas envie de sortir seule et puis il fait encore bon, on peut bien prendre l'apéro dehors au lieu de rester enfermées. »

Élodie acquiesça, Marie ne dit rien et Ludivine soupira par résignation.

« Voilà comment on va faire, chacun prend son verre et un truc. Élo, tu prends des chips dans la cuisine et de quoi les mettre dedans, Marie tu prends celles qui sont sur la table, Claire tu t'occupes des bouteilles, Chérie tu laves la table dehors vite fait, moi je prendrai le reste et le cendrier au garage. Allez ! »

Toujours enflammée pour trois fois rien mon amie, nous nous mîmes cependant en route pour aller dans le jardin derrière la maison. Ce n'était qu'une bande de gazon, malgré tout bien entretenue, il n'y avait presque pas de mauvaises herbes. Nous laissâmes Ludivine frotter rapidement la table et l'essuyer au sec à l'aide d'un chiffon puis nous installâmes. J'allais m'asseoir sur l'une des chaises de plastique verte quand Élodie me demanda de mettre plutôt ma chaise ''comme ça'' c'est-à-dire parallèlement à la table, je me demandais pourquoi tout en me retenant de rire en la voyant faire le geste de ses mains mais m'exécutais quand-même. Je pensais qu'elle allait s'asseoir comme à son habitude, à côté de moi, au lieu de ça, elle se plaça sur mes genoux, perpendiculairement à la table.

« Regardez ça comme elle se la joue, elle, dit Adeline en arrivant. Tu sais, on peut en faire autant et voir plus, Regarde. »

Elle s'assit sur Ludivine qui ne protesta pas et l'embrassa sur la joue.

« T'as vu ?

- Pff ! Fit la jeune fille. Tu crois que ça me fait peur ? (Elle m'embrassa aussi sur la joue) On a l'habitude de le faire.

- Ah mademoiselle joue les grandes... »

Elle embrassa Ludivine sur la bouche, je vis le visage d'Élodie s'embraser, elle devint rouge tomate. Adeline continuait de fanfaronner et disant que ça, elle ne pouvait pas le faire, je sentis le petit poing d'Élodie se fermer contre mon épaule puis elle me regarda fixement. L'espace d'une seconde j'ai vraiment cru qu'elle allait le faire, j'avais beau me dire dans ma tête qu'elle n'en avait pas l'âge, que c'étaient juste des gamineries dues aux provocations d'Adeline, il n'en restait pas moins que mon cœur battait la chamade.

« Nan, finit-elle par dire, on ne peut pas, c'est ma meilleure amie.

- Ah, dit Marie qui se situait en tête de table, je croyais que vous étiez ensemble moi.

- Nous aussi, renchérit Adeline.

- C'est ma prof et ma meilleure amie, répondit la fille assise sur moi, on fait pas ce genre de truc.

- Pourtant, continua la jeune brune, vu comment t'es assise, on dirait vraiment un couple.

- J'aime être proche de ma meilleure amie c'est tout. Comme tout à l'heure dans le lit... Non rien. »

Je me fis fusillée du regard par les trois personnes autour de la table, toutes s'interrogeaient sur ce que venait de dire Élodie. Je soupirais, elle pouvait parfois être vraiment insouciante. Il fallait que je me justifie mais elle le fit à ma place.

« Quand on est allées chez Claire tout à l'heure, je me suis allongée dans son lit quelques minutes et elle m'a rejoint. On a rien fait de plus que s'allonger sinon j'en connais une qui aurait fini par s'endormir. C'est tout, vous faites pas de films.

- C'est quand même bien proche pour une amie, dit Ludivine.

- Ouais, ajouta Marie, il ne me viendrait pas à l'idée de me coucher avec ma pote.

- Claire, file-moi un clou. »

Le discussion partait vraiment en sucette, je tendis une cigarette à Adeline, puis en mis une à ma bouche mais avant que je ne l'allume, Élodie me l'enleva.

« Plus tard, tu as fumé y'a pas longtemps.

- En plus tu décides de ça... Ma pote me fais ça, je lui dit que je la flûte et je fume quand même.

- C'est pour sa santé, quand tu tiens à tes amis, tu fais attention à eux. Et j'aime pas l'odeur.

- C'est surtout que t'aime pas ça, dit Adeline en me tendant sa propre cigarette, filtre dirigé vers moi. Tiens ma belle, prends une taffe. »

Je tirais sur la clope sous le regard réprobateur d'Élodie et bu une gorgée d'alcool ensuite.

« Ah, tu voulais goûter la fraise de luxe, tiens. »

Elle me tendit son verre de diabolo fraise, je pris une gorgée, le sirop était de bien meilleure qualité.

« C'est mieux que ton sirop chimique, dis-je.

- En tous cas t'as été gâtée aujourd'hui, dit Adeline. Livres, bijoux, glaces de luxe, en fait c'est pas ta meilleure amie mais ta Sugar Mommy...

- J'ai rien demandé de tout ça moi, même si ça m'a fait plaisir, c'est vrai que tu me gâtes un peu trop Claire.

- D'accord, je ne le ferai plus.

- Mais gâte moi un peu quand même.

- Faudrait savoir, souffla Marie. En tous cas, merci pour le livre vous deux. »

Je finis mon verre en même temps qu'Adeline, elle nous resservit et me força à porter un toast avec elle, je le fis tout en voyant Élodie soupirer. Mon amie de fac murmura quelque chose à l'oreille de sa fille ainée et cette dernière partie vers la maison, elle ressortie munie d'une enceinte Bluetooth et la mit en marche avant de rentrer une nouvelle fois. Une musique assez douce d'un artiste que je ne connaissait pas se mit à se diffuser dans la cour. La fille revint les mains chargées d'un plateau, un sachet et un couteau qui avait l'air assez tranchant.

« Aller, fit Adeline, c'est saussaille time !

- Tu ne crois pas qu'on assez des chips ?

- Y'a jamais trop à bouffer pour un apéro, me répondit-elle. T'en veux ?

- Et bien si tu le propose, je vais accepter. »

Avant que je ne me saisisse de la tranche qu'Adeline me tendait habilement sur le couteau, Élodie me la chipa. Elle mordit dedans et me mit le reste dans la bouche.

« Moi aussi j'aime bien le saucisson sec, me dit-elle.

- Mais vraiment vous agissez comme un couple, fit Adeline en éclatant de rire. Allez, tiens, parce que t'en as eu qu'une moitié. »

Elle me tendis une nouvelle tranche que je pus prendre cette fois et se fut à mon tour de donner la moitié de celle-ci à Élodie qui la mangea en rougissant. Mademoiselle aimait bien taquiner mais n'aimait pas trop que l'on lui retourne la faveur, cela me fit sourire. Je n'étais pas la seule à sourire, Ludivine, qui observait en silence, souriait aussi, je me demandais bien à quoi elle pensait. Une nouvelle fois mon verre se remplit de liquide brun alcoolisé.

« C'est le dernier pour moi, dis-je.

- J'aime bien tes blagues bouffeuse !

- Arrêtes de l'appeler comme ça, protesta Élodie, c'est plus une bouffeuse puisqu'elle a décidé de rester célibataire un moment.

- Ouais, fit Adeline, à voir si elle réussi à le rester le temps que tu finisses le collège...

- C'est pas gagné, lâcha Ludivine.

- Et moi je lui confiance. »

Les paroles d'Élodie me réconfortèrent, il était vrai que je n'avais vraiment été célibataire trop longtemps, du moins pas plus d'un mois. Je n'étais pas trop confiante à garder mes distances avec les autres filles puis une pensée traversa mon cerveau, pourquoi je devais me réserver pour elle ? Avant même que je ne m'en rende compte j'étais totalement entrée dans leur petit jeu. Je demandais à Élodie de se pousser un moment que je puisse aller aux toilettes. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant