Chapitre 83

51 4 0
                                    

Je n'eus pas le temps de voir ma tasse de café arriver que Ludivine me demanda de la suivre, elle sortit de la maison, je la suivis donc après avoir remis mes chaussures.

« Je suppose que tu as eu vent de ma conversation avec Élo ?

- Oui.

- Je suppose aussi que tu n'as pas sauté de joie.

- Tes suppositions sont correctes.

- Je ne m'excuserai pas. Je pense avant tout au bien être de ma fille.

- Je ne t'ai rien demandé.

- C'est à cause de ça que tu ne veux pas venir ce week-end ?

- Haha ! Bien sûr... Que non. Tu vois, moi aussi je pense au bien être de ta fille, qui est aussi ma petite amie que j'aime et respecte, soit dit en passant. Elle voulait aller à la plage, ses camarades de classe se sont presque invitées, donc c'est week-end à la mer entre filles.

- Ses camarades ?

- Oui, ses camarades. Qu'y a-t-il de mal à ça ?

- Je ne savais pas qu'elle avait des amies proches.

- Oh si, elles forment un petit groupe de quatre et sont très soudées. D'ailleurs, elles savent pour Élo et moi.

- Oh ! Il y a beaucoup de gens qui savent ?

- Non. Hors mis vous trois, il y a mes parents, père et mère seulement, les copines d'Élo et une collègue qui nous a surprises sans le vouloir.

- D'accord. Vu son âge, mieux vaut éviter que cela s'ébruite.

- Je suis on ne peut plus d'accord. »

J'allumais une cigarette tandis qu'elle rentrait. Je fumais en regardant le trottoir, je n'arrivais toujours pas à cerner cette femme, à quoi cette discussion était-elle satisfaisante ? Sur le fait qu'elle ne s'excuserait pas de m'avoir prise pour une perverse ? Savoir que sa fille avait une vie épanouie ? Je ne le savais pas et pour le moment, je ne cherchais pas à le savoir non plus. Je jetai mon mégot sur la chaussée et rentrai boire mon café qui était tiède. Nous partîmes pour le collège après ça, évidemment Élodie voulu connaître le sujet de ma petite conversation avec sa mère alors je le lui dis. Sur le parking des professeurs les fille nous attendaient déjà, de gros sacs posé à leurs pieds, je m'arrêtais près d'elles et leurs fis mettre leurs bagages avec le nôtre dans le coffre de ma voiture. Ma journée commença exceptionnellement par un gobelet de café bien chaud, ne m'étant pas vraiment régalé avec celui bu chez Adeline, je le vidais tout en me dirigeant vers ma salle où j'avais deux heures de cours avec la classe de sixième dont j'étais responsable. Le cours se passa rapidement et sans soucis, à la pause les filles vinrent comme à leur habitude, enfin presque, ce fut Marine et Élodie qui arrivèrent les premières cette fois. D'après les filles, les deux autres avaient à se parler, ce qui devrait ralentir la livraison de mon café, bien que je n'étais pas pressée de le boire. Soudainement du chahut se fit entendre dans le couloir, un bruit sourd contre la porte et des voix.

« Lâches moi fils de pute !

- C'est mort meuf, tu vas être ma go j'te dis.

- T'as vu ta tête ? Même un singe serait... »

Un bruit de gifle, suivi d'une nouvelle insulte de la voix féminine. Je sortis rapidement de la salle pour voir Sarah qui se tenait la joue et un élève de la classe de cinquième que j'avais ensuite penché sur elle.

« Que se passe-t-il ici ?

- Madame ! »

Le garçon sursauta et recula d'un pas, en profitant de l'espace libre, Sarah se dégagea et vint se blottir contre moi.

« Inutile de répondre. Noa, emmène Sarah à l'infirmerie et toi là, tu viens avec moi ! »

Je saisis le garçon par le bras fermement, il tenta de se dégager en vain.

« Vas-y lâches moi tepu !

- Pardon ? »

Encore un élève qui essayait de se la jouer racaille. J'eus un peu de mal à garder mon calme mais je réussis tout de même puis le cancre jusqu'au bureau du principal d'éducation. Je le poussais dans le bureau à la porte ouverte, monsieur Jamzick qui était le CPE en fut surpris. Je lui expliquai brièvement la situation, tout en précisant que pour m'avoir insultée je voulais qu'il ait une sanction, le vieux bonhomme hocha la tête de travers, à tel point que je me demandais si il disait oui ou non, puis fit asseoir l'élève à son bureau tandis que la reprise des cours se faisait entendre. Après en avoir la permission, je les laissais, essuyant au passage un regard noir de la part du kéké de cité, s'il croyait m'intimider, il se faisait de fausses idées. Évidemment les autres élèves étaient agités, je dus réclamer le calme plusieurs fois avant de commencer mon cours qui ne fut que moyennement suivit, nous ne revîmes pas l'élève qui avait été violent de la matinée. Les deux passèrent péniblement, certains s'interrogeaient sur leur camarade, d'autres ne suivaient simplement pas, en un mot j'en avais marre et avais hâte que cette session se termine. Elle bien évidemment fin, je me sentais épuisée par ces deux heures, je regardai rapidement mon emploi du temps, une heure de ma seconde cinquième et la troisième zombis pour finir. Je décidais d'aller manger à l'extérieur, mais pas au parc, je me contentais donc de sandwichs pris à la maison et de l'eau. Personnellement je mangeais sans appétit, je n'avais qu'une envie, que cette journée se termine vite, que je retrouve mon petit chez moi et que je m'y détende avec ma petite amie. Tout en pensant à cela je me dis aussi que je ne retrouverais mon appartement que dimanche soir, ce soir je partais pour le chalet, espérons que tout ce passe bien là-bas, j'avais eu ma dose de conflit d'adolescent pour l'année ce matin. Malgré le manque d'appétit, je me forçais à avaler mon second sandwich afin qu'il ne se périme pas durant le week-end où nous ne serions pas là et finalement, il passa plus facilement que je ne l'aurais cru, je finis même par regretter de ne pas en avoir un dernier. L'appétit vient en mangeant disait toujours ma mère, je commençais à la croire. Une fois ma cigarette terminée, je repris la direction du collège, les filles m'attendaient devant la salle et Élodie partit me chercher mon café tandis que j'ouvrais afin qu'elles puissent rentrer. Alors que ma petite amie venait juste de revenir du distributeur on frappa à la porte, je criais d'entrer alors le petit CPE fit son entrée. Il regarda les filles de travers puis se rapprocha de mon bureau. Il venait juste m'informer des suites de l'incident de ce matin, le délinquant sera convoquer par le conseil de discipline pour violences, il n'en était pas à son coup d'essai, et insulte envers un membre de l'équipe éducative. Ses parents étaient venus le rechercher et d'après ce que me disait le vieil homme, ils n'avaient pas l'air heureux. J'espérais juste que cette fois il comprenne la leçon. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant