« Tu nous as entendues ?
- Pas en totalité, répondit mon père, mais j'ai saisi les grandes lignes.
- Ah. Et ? T'en penses quoi toi ?
- Que veux tu que je te dise ? Si je te dis romps, le feras tu ?
- Non.
- Alors pourquoi veux-tu mon avis ?
- Tu aimerais quelque chose que je n'imagine même pas dans le pire de mes songes. Je ne quitterais pas Élodie sous prétexte de son âge, de sa position ou de n'importe quelle autre excuse du genre. Si on vient à sa quitter c'est vraiment que ça n'aura pas marché et qu'on aura tout essayé.
- Si tu le penses vraiment, fonce Claire. N'attends la bénédiction de personne, que se soit celle de ta mère, tes sœurs, ton frère ou même la mienne, n'attends rien du monde et vivez pour vous. »
Je le serrais dans mes bras si soudainement qu'il en fut surpris et lui murmurais un merci à l'oreille. Apparemment il avait accepté notre relation telle quelle est et comme à son habitude, il ne se posait pas trop de questions. Nous rentrâmes pour trouver ma mère et ma copine en pleine discussion d'architecture intérieure, Élodie se plaignait de la justesse de mon appartement maintenant qu'il y avait une table et un grand lit, ma mère soulignait l'aspect pratique d'avoir un logement pas trop loin de mon lieu de travail et dans un village fort calme, les deux avis se valaient à mon avis, je jetais un coup d'œil à mon père et le vit sourire. Je me dis que jusqu'ici tout allait bien et me mis à penser à un célèbre film, et pour continuer les répliques cultes, j'ajoutais mentalement que ''le problème c'est pas la chute, c'est l'atterrissage.'' Et Dieu sait combien ce film était dans le vrai ! Je bus mes deux pastis avec mon père avant de passer à table, Élodie était au coca et bien qu'elle n'aimait pas trop ça, elle ne faisait pas la difficile. Nous parlâmes politique avec mon paternel, sujet qui ne me passionnait pas du tout, contrairement à lui qui s'enflammait tout seul en bavant sur notre actuel président surnommé ''le gérontophile'', et bien que je savais qu'il le disait sans en avoir conscience, je me sentais un peu visée. Ma mère mit fin au débat lorsqu'elle lui demanda de l'aide pour apporter les plats, il la suivit dans la cuisine et vu qu'ils tardaient à revenir, je me dis que mon père devait se faire reprendre par ma mère, avais-je fais une tête bizarre durant son discours ? Je le pensais fortement. J'en eus la confirmation lorsqu'ils furent de retour, le surnom avait changé, il s'agissait maintenant de ''l'autre blaireau'' qui désintègre petit à petit les acquis sociaux chèrement obtenus par nos ainés. Je voyais bien ce que mon père essayait de dire et ne pus qu'être d'accord avec lui. Puis vint le refrain du ''il cherche la révolution'', c'est à ce moment là que mon frère arriva, Étienne fut mon sauveur. Il prit place à table après nous avoir salué, Élodie et moi, je lui présentais donc ma petite amie et ma mère s'empressa de révéler son âge, comme si cela était vital mais mon frère ne réagit pas plus que de dire ''ravi de te connaître'', à voir il s'en fichait éperdument. Je doutais que ma copine rencontre un jour ma sœur ainée mais il restait la cadette à lui présenter et elle connaitrait toute la famille. En ayant un peu assez de cette ambiance familiale pesante, nous partîmes, Élodie et moi, juste après le café, prétextant devoir aller chez les parents de ma petite amie, comme elle ne semblait pas avoir compris le subterfuge, elle me demanda en chemin ce que je comptais faire en allant chez elle, je lui expliquais alors que j'avais dit ça totalement au pif et que la seule chose dont j'avais envie pour le moment était un long bain bien chaud, elle me répondit que c'était une merveilleuse idée et nous décidâmes donc de ce que nous allions faire une fois rentrées. Je m'occupais de préparer la salle de bain tandis que la petite blonde rangeait ses nouveaux habits après avoir refuser de les passer à la machine, je me doutais bien que ma mère ne lui aurait pas refilé des vêtements sales. Je pris donc mon cendrier et mon paquet de clopes, sous le regard réprobateur de ma petite amie mais je ne relevai pas, je nous pris aussi de quoi boire, mise à part les deux pastis chez mes parents, j'avais passé mon repas à l'eau et avais terriblement envie d'un bon verre de vin. Pour la bouteille, Élodie ne dit rien, quand bien même elle m'aurait fait une remarque, je buvais dix fois moins qu'Adeline. En attendant que la baignoire se remplisse, je jetais un coup d'œil sur mon emploi du temps de demain, j'avais la classe terrible de quatrième, une heure de vie de classe avec les sixièmes dont j'étais responsable et trois heures de cinquièmes l'après-midi, je me demandais bien ce que l'on allait pouvoir faire ddurant ces trois longues heures.
« C'est pas facile d'être prof, dit Élodie en se déshabillant devant la salle de bain, je pensais que vous n'aviez rien à faire une fois sortis du collège.
- Si, il faut bien préparer les cours et tout le reste... Sinon c'est trop simple, tout le monde serait professeur.
- Allez, viens te détendre, tu penseras à tout ça plus tard.
- Je rêve ou tu me déshabille ?
- Si je t'attends, je vais m'enrhumer. »
Je la trouvais soudainement bien téméraire mais c'était loin de me déplaire, je me laissais donc dévêtir puis nous entrâmes dans la salle de bain qui était pleine de vapeur. La chaleur de la pièce était en quelque sorte rassurante et j'adorais cette ambiance sauna, l'eau était si chaude que j'eus du mal à y entrer et après y avoir trempé un orteil, Élodie décida d'attendre un peu sur le côté. Elle me servit un verre de vin et me le tendis, se servit un soda et nous trinquâmes en riant.
« Ça te manque pas de pas pouvoir faire des trucs d'adulte ?
- Comment ça ? On fait aussi des trucs d'adultes, t'as oublier ce matin ?
- Non, je parle pas de ça, je veux dire des choses comme boire un verre, sortir au café ou ailleurs, comme mes mères le font de temps en temps.
- Oh. Pour être franche je n'y pense même pas, et si on a envie de sortir, on peut toujours aller où on veut, on se fiche de ton âge, c'est pas tatoué sur ton front tu sais.
- Parfois je me demande si ça te gêne pas que je sois si jeune.
- Je mentirais si je te disais ne jamais y avoir pensé depuis qu'on se connait mais maintenant j'y pense de moins et moins et ça me convient. Tu es peut-être jeune mais tu es assez mature, je préfère mille fois plus une fille réfléchie plutôt qu'une femme mûre qui joue les gamines comme Adé.- C'est vrai que maman Adé est douée pour jouer les idiotes.
- Mais c'est ce qui doit plaire à Ludi.
- Je sais pas, elle s'énerve souvent quand maman Adé fait trop l'imbécile. Je me suis déjà demandée si elles s'aimaient vraiment.
- Pour supporter Adé, oui, elle l'aime sans aucun doute.
- Ahah ! Vu comme ça. Et toi, tu arrives à me supporter ?
- On peut pas dire que t'es du genre capricieuse alors oui, je te trouve même assez facile à vivre. La preuve, tu devais rester une nuit, ça fait une semaine que t'es là, t'as même commencer à ramener tes affaires.
- Ouais. Ça te dérange pas mes fringues ?
- Si ça me gênais, je ne t'aurais pas dit oui pour commencer. Bien que je me dis toujours que cette relation va beaucoup trop vite, j'ai appris à faire avec.
- Toi aussi tu es facile à vivre. Et tu dis oui à tout ce que je te demande aussi. Fais-moi une place.
- Parce que tu ne demandes pas grand-chose et tu fais attention à ce que je te dis. Le principal c'est de faire gaffe quand on est au collège, après le reste, on s'en fout, tes mères savent où et avec qui tu es et n'ont rien à y redire donc l'avis des étrangers nous importe peu.
- Pourquoi tu es aussi méfiante par rapport au collège ? Pour ta place de prof ?
- Oui et ta place d'élève aussi. Si ça venait à se savoir on se ferait virer toutes les deux. Sanas compter les rumeurs.
- Parfois j'ai l'impression que tu te soucis plus de moi que de toi.
- Parce que c'est le cas. »
Élodie, qui était assise entre mes jambes se retourna sur moi et m'embrassa si fort que nos dents claquèrent, ce qui n'arrêta pas la fougue dont ma jeune petite amie faisait preuve et continua de m'embrasser un long moment.
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AMOUR INTERDIT
Romanceune collégienne, une professeure, une famille un peu bancale... Et alors... Voyons où leurs vies trépidante va nous mener.