Chapitre 59

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Nous parlâmes ensuite de tout et de rien, de ma vie au collège, de mes élèves, elle rit quand je lui parlais de mes zombies de troisième et des turbulents de quatrièmes.

« Et la petite, elle s'en sort ?

- Elle est presque aussi pot de colle dedans que dehors, elle vient me voir à chaque pause. Elle ne me dérange pas mais elle force ses copines à venir aussi du coup ça éveille les soupçons.

- Ha merde.

- L'autre jour, il s'en ait fallu de peu pour qu'elle m'appelle ouvertement chérie devant tout le monde, heureusement celle qui nous avait surpris toutes les deux à Auchan le jour du barbeuque nous a sorties d'affaire.

- Surpris à Auchan ?

- Ah, t'es pas au courant ?

- Bin nan. »

Je lui expliquai donc l'affaire de samedi matin, et dans la foulée celle avec Sarah qui, d'habitude, assez simple, avait manqué de peu, elle aussi de nous griller. Adeline avait pris une cigarette et s'amusait à la tapoter sur la table, mettant du tabac sur ma belle nappe bleue ciel au motif floral jaune, je me dis que j'allais devoir la secouer avant de partir. Nous allâmes toutes les deux fumer puis après m'être lavé les mains, je me mis en cuisine. Je vis mon amie se servir un verre d'alcool, la dose était beaucoup plus petite qu'habituellement, je me sortis un verre que je posais sur le comptoir et lui demandai de me le remplir. Elle vint et se posa sur l'un des deux tabourets d'aluminium et de cuir qui faisait face au plan en bois séparant la cuisine de la salle pour me regarder cuisiner. Nous parlâmes un peu cuisine, elle me dit qu'elle se contentait de choses simples, comme les barbecues, les frites et les repas froids. Pour tout ce qui était plus élaboré, Ludivine s'en sortait beaucoup mieux qu'elle. Il fallait dire que la petite brunette avait plus d'expérience que mon amie qui se laissait facilement plus tentée par les fast-foods et les commandes livrables que par la maitrise du fourneau. Pour ma part, je n'eus pas trop le choix, l'éducation de mes parents étant assez voir très vieillotte, les femmes se devaient de faire la cuisine, même les lesbiennes qui n'en avaient pas envie, Adeline explosa de rire à cette réflexion, je me joignis à elle. Lorsque je commençais la cuisson des steaks elle me dit que ça sentait délicieusement bon et que ce n'était pas étonnant que sa fille ait vanté ma cuisine. Je la fis rire une nouvelle fois quand je lui demandai si elle aussi avait des soucis avec les tomates, elle me répondit que non, ni les tomates, ni la salade, ni les oignons et finit par faire le tour de tous les ingrédients présents sur le plan de travail en inox de ma cuisine.

« Par contre les frites, dit-elle entre deux éclats de rire, ça je ne sais plus si j'aime ou pas.

- Il n'y a que les aliens qui n'aiment pas les frites.

- Je viens peut-être pas de cette planète tu sais ?

- Je me suis longtemps posé la question. Déjà à la fac tu étais une Martienne pour la plus part du campus.

- Je les emmerde ! J'étais plus Terrienne que ces bobos coincés qui faisaient semblant d'être débridés les week-ends et jours fériés.

- Oui, je confirme, toi t'es folle tous les jours de la semaine ! »

Nous passâmes rapidement à table après cet échange venant littéralement d'un autre monde et mangeâmes dans le calme. J'en profitais pour goûter le vin d'Adeline, que je devais encore lui payer, pensais-je en ouvrant la bouteille, et elle avait raison, il n'était pas mauvais. Une fois nos assiettes vides, je m'empressai de donner l'argent à mon amie et nous partîmes après avoir fumer une cigarette à la fenêtre que je laissais ouverte le temps de mon absence, ainsi Élodie n'aura pas le loisir de se plaindre de l'odeur de tabac dans la pièce. Cette dernière me sauta dans les bras dès que j'entrai chez elle, heureuse de voir que j'avais tenue ma promesse de ne pas rentrer trop tard. Ludivine me proposa une tasse de café que j'acceptai avec joie et Adeline se joint à la partie des buveurs de la boisson caféinée, ce qui étonna sa petite-amie, pour une fois, une émotion passa sur le visage de la Femme de glace. Ma petite-amie vint s'asseoir sur moi, comme elle le faisait toujours, avec un verre de sirop de fraise pétillant et le bus rapidement. Inconsciemment, elle serrait la taille de mon T-shirt, pas besoin d'être sorcière pour savoir qu'elle avait peur de ce que sa mère avait dû me dire. Je me demandais si le sujet allait tomber ici, dans la voiture ou à la maison. Je pus finir ma tasse sans qu'elle ne demande rien et nous partîmes quand elle eut souhaité bonne nuit à ses mères, disant quelque chose à Adeline d'une voix si basse que je ne compris pas un seul mot. Nous montâmes dans ma voiture en silence, il n'y avait pas comme un froid entre nous, le pole nord s'était installé. Il régnait toujours un froid arctique lorsque nous entrâmes dans mon appartement, après avoir posé au salon clés et sac, je me dirigeais vers la salle de bain pour prendre un bon bain bien chaud histoire de me réchauffer. Je venais de couper l'eau, nue, prête à monter dans la baignoire lorsque la porte s'ouvrit et Élodie fit son entrée, elle aussi en tenue d' Ève.

« Je viens avec toi, dit-elle en s'approchant, t'as pas le droit de dire non, tu me prends contre toi, dans tes bras et si il se passe quelque chose, tu diras rien.

- Tu crois vraiment que je suis d'humeur aux câlins ? T'as pas décroché un mot depuis que je suis rentré avec Adé.

- Je voulais pas parler devant elles.

- On était qu'à deux dans la voiture.

- Tu conduisais.

- Tu veux vraiment me sauter dessus à ce point ?

- Oui et non. Je veux qu'on parle d'abord et si tu me sautes dessus après ça, je ne te dirai rien. Si je te saute dessus, tu ne diras rien.

- Je dois dire d'accord chérie ?

- Oui ! »

Je montai donc dans la baignoire et elle vient se caler contre moi. Je pouvais toujours sentir la sensation du malaise qu'il y avait entre nous mais un moins forte cette fois. Elle prit mes bras et les fit passer par-dessus ses épaules pour que je l'enlace, je la laissais faire tout en me demandant où tout cela allait nous mener.  

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant