Chapitre 34

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Lorsque nous eûmes fini de manger, elle me dit qu'elle ne pouvait plus rien avaler en riant, sa bonne humeur était revenue durant le repas et elle avait dévoré une pizza et demi et moi les deux que j'avais acheté et, comme elle, je ne pouvais plus rien manger d'autre. Nous regardâmes une série d'animation sur la télé tout en digérant, je savais qu'elle n'était pas très portée sur les animés mais celui que je choisis, ''Asubi ni iku yo !'' était assez sympathique et elle suivit avec attention les trois premiers épisodes. Alors que j'allais passer au suivant, elle bailla longuement, il était temps de se préparer à aller au lit. Je lui sortis une brosse à dents neuve et un de mes T-shirt trop grand pour moi, je fumais une cigarette tout en préparant le canapé pour y passer la nuit. Elle revint juste après que j'eus fini de fumer et me demanda ce que je faisais. En me retournant vers elle, je la vis simplement vêtue de mon maillot et la trouvai terriblement attirante.

« Je prépare mon lit.

- On dort pas ensemble ?

- Heu, je sais pas si c'est une bonne idée.

- C'est que j'ai un peu peur quand je suis seule dans un endroit que je connais pas, dit-elle timidement.

- Je suis juste à côté, ça va aller.

- Non. »

Elle me fit son regard de chien battu, comment résister à ça ? Je pris donc l'oreiller que je venais de poser dans le canapé et le jetai dans le lit avant d'aller, à mon tour, dans la salle de bain. Je passais ma chemise de nuit après m'être brosser les dents et retournai dans le salon. Élodie n'y était plus, elle devait être au lit, je fermai la lumière de la pièce et allai la rejoindre dans la pénombre. Cela ne faisait pas un an que j'avais emménagé dans cet appartement mais je le connaissais déjà assez pour pouvoir m'y mouvoir sans trop y voir. Elle était bien au lit, le drap remonté jusqu'au visage et poussée sur le bord à la limite pour me laisser de la place.

« Tu n'es pas obligée de te pousser autant, dis-je, si tu te retourne en dormant, tu vas tomber.

- Je ne bouge pas en dormant. »

Elle parlait de manière timide, il ne restait plus rien de la fille taquine qu'elle pouvait parfois être, ni de l'assurance dont elle pouvait faire preuve, enfin je le crus quand elle me demanda subitement de la prendre dans mes bras. Je n'avais pas besoin de la voir clairement pour savoir qu'elle me faisait une nouvelle fois son regard suppliant, je ne pus que m'exécuter.

« Je suis vraiment trop bien là. Je veux plus jamais bouger.

- Il va bien falloir qu'on se lève demain matin.

- Non. On reste comme ça pour toujours.

- Sans manger, sans boire, ton toujours ne va pas durer longtemps. Il y a le collège aussi, tes mères, ta sœur, tu ne comptes pas les revoir ?

- Tu sais trop pas rêver un peu ?

- Je suis du genre réaliste. C'est bien beau de vouloir rester ainsi mais l'être humain à des besoins, ce n'est pas faisable de rester comme ça indéfiniment. Mais jusqu'à demain matin c'est possible au moins.

- Ça va me faire bizarre demain de dormir seule à nouveau.

- Genre tu vas t'habituer en une nuit. Tu vas sauter dans ton lit, heureuse d'avoir toute la place pour toi.

- Je préfère manquer un peu de place et être collée à toi.

- Tu sais vraiment te montrer allumeuse parfois, toi.

- C'est mal ? »

Elle venait de parler juste contre ma bouche et son souffle me donna un léger frisson. Je maintenais mentalement ce que je venais de dire, elle pouvait vraiment se montrer entreprenante. Nous nous embrassâmes longuement dans l'obscurité de ma chambre, plusieurs fois.

« Dis, finit-elle par me murmurer, on refait comme tout à l'heure ?

- Tu n'as pas peur que ça finisse de la même façon ?

- Tu m'as dit que je finirais par m'habituer, pour s'habituer il faut pratiquer non ? »

Je répondis à sa provocation par des actes et ainsi nous échangeâmes notre second baiser ''d'adulte'' quelques heures après le premier et il se passa beaucoup mieux. Nous finîmes par nous endormir en se tenant toujours dans les bras l'une de l'autre.

Quelque chose me chatouillait le visage. Un insecte ? Du tissus ? Non, c'était bien plus doux que tout cela mais parfois, la chose qui se promenait se montrait plus dure, comme pour tester l'élasticité de ma peau. J'ouvris doucement les yeux pour voir le visage d'Élodie penché sur le mien, elle faisait courir le bout de son doigt sur ma joue, ce qui me procurait cette sensation étrange.

« Tu te réveilles enfin !

- Il fallait être plus directe si tu voulais que je me lève.

- J'y ai pensé mais j'ai pas osé.

- Tu voulais faire comment ?

- En t'embrassant par exemple ou te caressant. Ça aurait marché ?

- Je pense oui. Donc on se lève ?

- On a encore un peu de temps je pense. »

Je pris mon téléphone pour y regarder l'heure, malgré le jour qui se levait nous avions encore une heure avant de vraiment commencer à se mettre en route. Nous passions ce temps à nous câliner, trainant au lit jusqu'à ce que mon réveil sonne puis nous nous levions en pleine forme. Même moi je dus avouer que je n'avais pas aussi bien dormi depuis des lustres. Nous prîmes notre petit déjeuner en vitesse et après avoir refusé de prendre ma douche avec elle, je fumais une cigarette à la fenêtre tandis qu'Élodie occupait la salle de bain. En repensant à s proposition je me dis que cette fille était vraiment effrontée mais cette fois je ne fus pas tentée de céder face à son regard suppliant. Je bus un second café puis se fut mon tour d'occuper la douche. Elle avait remis ses habits de la veille, il fallait que l'on passe chez elle si on ne voulait pas que l'on remarque qu'elle portait la même tenue. Je lui en parlais en sortant une fois m'être habillée, elle me dit que je n'avais pas à m'en faire mais tout de même, je préférais éviter que l'on s'interroge sur le sujet.

« Tu m'as prêté des sous-vêtements, dit-elle, mon jeans est propre, au pire passe-moi un haut et le tour est joué.

- Tu n'as pas envie de saluer ta mère avant d'aller au collège ?

- Je la verrai ce soir.

- Tu as toutes tes affaires de cours ?

- Ha non, merde, ce sont encore celles d'hier.

- Donc il faut bien passer chez toi.

- Oui. On part un peu en avance du coup ? »

J'acquiesçais, je me fis un dernier café en vitesse, Élodie voulu goûter mais trouva le breuvage trop amer en faisant une grimace que je trouvais plus mignonne qu'autre chose. Nous partîmes dès que j'eus fini ma tasse pour nous diriger chez elle. Sur le chemin, elle me demanda si je comptais descendre une fois arrivées, je n'en avais pas trop envie mais me dis qu'il le fallait bien, je répondis donc par l'affirmative et ma passagère sourit. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant