Chapitre 60

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« Faut que je te pause la question ou tu vas me parler de toi-même Claire ?

- Si tu ne me demandes rien, Élodie, à quoi veux-tu que je répondes ?

- De quoi t'as parler avec Adé ?

- D'alcool, de toi, de nourriture, du collège, de tes amies, bref de plein de choses.

- Et elle t'as dit quoi sur moi ?

- Tout.

- Mais tout quoi putain ?!

- Ne sois pas vulgaire ou je sors !

- Nan t'as pas le droit. »

Elle resserra mes mains autour d'elle j'eus la désagréable impression de l'étrangler. Elle se blottie encore plus contre moi aussi, je pouvais sentir son dos écraser ma poitrine.

« Dis-moi ce qu'elle t'as raconté, s'il te plaît chérie.

- Elle m'a raconté ton passé, au foyer, en famille, dans quel état tu étais en arrivant chez elles...

- Ha ! La pute ! Elle devait rien te dire !

- Dis pas de gros mots !

- Pardon... Mais... »

Elle se mit à pleurer en reniflant bruyamment, je me félicitais d'avoir dans chaque pièce un paquet de mouchoir en papier mais pour atteindre celui qui était dans la salle de bain, je devais temporairement quitter la baignoire. Je lui en parlais, elle secoua vivement la tête.

« J'en ai pas besoin.

- Tu sais, je ne voulais pas savoir au début, je voulais que ce soit toi qui m'en parle, quand tu serais prête, quand tu en aurais senti l'envie. Tu as dit que tu ne voulais pas que je te prenne en pitié, je sais pas si vas me croire mais je peux te jurer que ce n'est pas le cas.

- Tu veux me faire croire que savoir tout ça t'as rien fait ?!

- Si, bien sûr que si. Personne au monde ne peut rester de marbre quand on apprend tout ce que la fille qu'on aime a traversé. Mais si on est là toutes les deux ce n'est absolument pas parce que j'ai pitié de toi.

- C'est la première fois que tu me parles de tes sentiments aussi franchement, et tu veux que je crois que c'est pas pour me consoler ?

- Non, c'est plutôt pour te rassurer.

- C'est du pareil au même !

- Du tout ! Rassurer veut dire redonner confiance, consoler signifie soulager quelqu'un dans son chagrin, ce sont deux choses différentes

- Tu joues sur les mots !

- Je suis professeure de Français je te rappelles.

- Je te déteste !

- Alors sors de cette pièce. »

Elle se retourna si brusquement que je ne pus rien faire pour l'en empêcher.

« Alors là tu rêves Mademoiselle la professeure.

- Personne ne prend un bain avec quelqu'un qu'il déteste.

- Tais toi.

- Alors là tu rêves ! Je ne vais pas me taire, bien au contraire. Tu sais pourquoi ta mère m'a dit tout ça ?

- Pour me faire chier et elle a réussi !

- Tu n'y es pas du tout. Elle m'a raconté ton passé pour me faire prendre conscience à quel point tu es heureuse en ce moment. Grâce à elles et j'espère un peu grâce moi.

- Tu te trompe de formulation. Grâce à elles, ok mais énormément grâce à toi !

- Si tu le dis... Mais savoir que tu es plus heureuse avec nous qu'au foyer m'a fait énormément plaisir, même si on me l'avait déjà dit.

- Marine ?

- Oui. Elle te connait bien. »

Elle confirma et m'embrassa à pleine bouche, pour la première fois ce fut elle qui en prit l'initiative, Adeline avait raison, elle murissait aussi vite qu'elle grandissait. Nous allâmes nous coucher après nous être lavées l'une l'autre et Élodie s'endormit en se serrant contre moi. En fermant les yeux je priais le ciel de ne pas avoir une envie pressante au beau milieu de la nuit puis soupirant mentalement car cette longue, très longue journée était enfin finie, demain nous serions vendredi et samedi Adeline et Ludivine viendraient chez moi ensemble pour passer la journée. Je regrettais de ne pas avoir une maison avec un jardin comme elles, nous y aurions été à l'aise, pour une fin de septembre l'air était encore chaud et le soleil bien présent. Ce dernier était déjà présent à notre réveil, lorsque celui posé sur ma table de chevet, table que je tenais de mon ancien ensemble de literie, sonna, je constatais qu'il avait presque quarante-cinq minutes d'avances. Élodie ouvrit les yeux sans soucis et à voir la fougue avec laquelle elle m'embrassa, elle était pleine d'énergie.

« Bonjour ma chérie.

- Bonjour mon ange.

- Que fais-tu ?

- Je me lève, logique.

- Tu crois vraiment que tu vas te lever comme ça genre de rien ? J'ai pas avancé le réveil pour partir plus tôt, au contraire.

- T'as avancé le réveil ?

- Oh oui ! Mais pas sûre qu'on parte à l'heure ! »

Ce qui se passa ensuite dans ce que j'appelle inconsciemment déjà 'notre' nouveau lit restera dans ce dit lit. Tout ce que je peux dire c'est que je me levais peu reposée et ayant mal à la mâchoire ce vendredi matin-là. Je bus rapidement mes deux cafés et fumai ma cigarette à la fenêtre de cuisine tandis qu' Élodie prit son petit-déjeuner, nous fîmes un rapide tour dans la salle de bain, un coup d'œil à mon emploi du temps et nous partîmes. Je bus un nouveau café chez Adeline puis nous prîmes la direction du lycée. Mon amie de fac trouva sa fille 'encore plus radieuse ce matin'. J'avais deux heures de la classe de sixième dont j'étais responsable puis deux heures de cinquième, je vus évidemment les filles à la pause et nous mangeâmes des friandises tout en se racontant les dernier potins de leur classe, rien de bien passionnant. Lors de la pause de midi, Élodie revint seule, deux de leurs cours de l'après-midi étaient annulés et les filles étaient reparties, elle me dit qu'aller au réfectoire seule était assez glauque donc je la gardais avec moi pour manger. Nous eûmes la visite de la professeure de sciences physiques qui m'invita 'à notre endroit secret', une vague de jalousie passa sur le visage de ma petite-amie et je me dis que j'aurais droit à un interrogatoire en règle une fois revenue, ce qui ne manqua pas. Elle se détendit lorsqu'elle apprit que l'endroit en question était situé entre le hangar à vélo et les haut buissons qui se trouvaient derrière. Les cours de l'après midi commencèrent, Élodie alla pointer en permanence tandis que je recevais ma seconde classe de cinquième pour une heure, avant qu'elle ne parte, je lui dis qu'elle pouvait, si elle le voulait, venir passer la seconde heure libre avec moi car elle était libre aussi, bien sûr, elle ne refusa pas. Après la pause, elle assista à sa seule heure assurée et j'eus le plaisir de recevoir ma classe de troisième zombifiée mais cela ne fit ni chaud ni froid, ayant eu le temps de corriger les copies durant mon heure libre tandis qu'Élodie attaquait enfin le livre du club, j'étais assez contente de moi. L'heure avec les zombies se passa dans le calme le plus total, à moins de les interroger directement aucun d'entre eux ne parlait de manière plus forte que le chuchotement. Élodie vint rapidement me retrouver après ça et nous quittâmes le collège presque en courant. Je ne le savais pas encore mais quelqu'un nous regardait alors que nous arrivâmes à la hauteur de ma voiture, nous vit monter à l'intérieur et erreur du siècle, embrasser ma petite-amie. 

AMOUR INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant