Ludivine ordonna aux filles de dresser la table, Élodie y alla sans rechigner alors que sa sœur traînait les pieds. Quand elles furent entrées dans la maison, Ludivine demanda que quoi on avait parlé alors qu'Adeline remplissait une nouvelle fois les verres en visant un œil fermé, signe qu'elle commençait à être ronde. Elle lui fit un bref résumé en disant que pour leur fille c'était pas oui mais c'était pas non et qu'elles en parleraient toutes les deux plus en détails ce soir.
« Ouais, si tu t'en souviens, lâcha la femme brune. Mais bon elle n'a pas l'air malheureuse c'est déjà ça.
- Je savais que Claire aurait mit des gants. Ah, chut les revoila. Clairinette files-moi une cigarette !
- Clairinette, ça faisait longtemps que je ne l'avais pas entendu tiens.
- Merci et ouais, je vais éviter de t'appeler Bouffeuse maintenant sinon Élo va m'en vouloir.
- Personnellement, ça me convient aussi. »
J'allumais une cigarette en même temps qu'elle et avec mon verre nous nous éloignâmes de la table, une habitude qui datait du temps où je vivais encore chez mes parents, mon père aimait les dictons et il disait toujours '' Dès qu'il y a une assiette, il n'y a plus de cigarette''. Je comprenais parfaitement, rien de plus dégueulasse qu'une cendre dans la nourriture. Adeline me suivit donc afin d'avoir accès au cendrier.
« Ah, t'as pris ton verre toi ! files-moi une goutte. »
Je lui tendis mon verre et elle l'allégea d'une bonne moitié en une gorgée puis tituba un instant avant de reprendre tant bien que mal l'équilibre. Mon amie était passablement torchée. Elle me dit qu'elle m'en remettrait un après, je me dis que je m'en passerais bien et si elle pouvait oublier, ce serait parfait. Je me hâtais de finir ma clope car Élodie semblait attendre que je vienne m'asseoir et donna le cendrier à Adeline qui avait du mal à trouver sa bouche avec la cigarette, elle me remercia et je la laissais là pour rejoindre les autres. Je m'assis et Élodie revint sur moi, à voir, elle comptait bien me faire manger comme ça, Ludivine souriait toujours sans que je ne sache pourquoi, je me demandais bien à quoi elle pouvait penser, à cet instant comme de la relation que j'avais avec sa fille. De prime abord, ça n'avait pas l'air de la déranger plus que ça, mais je ne la connaissais pas aussi bien qu'Adeline donc je ne saurais dire si elle dissimulait quelque chose ou non. Les reste du repas du midi étaient sur la table, Élodie me dit que ça faisait office d'entrée, je me dis qu'il n'y avait pas besoin de faire aussi somptueux mais bon, en même temps, il fallait bien finir. Les tranches de saucisson sec qu'Adeline avait coupé le temps que nous discutions avec Élodie furent rajoutées au plateau de charcuterie restante, carottes rappées, salade de riz et de tomates vinrent parfaire le tout et même si cela datait de ce midi, c'était encore bon. Élodie se défaussait discrètement de ses tomates dans mon assiette, elle se fit réprimandée par Ludivine qui la surprit en flagrant délit et provoqua un nouvel éclat de rire autour de la table. La nuit commençait à pointer le bout de son nez, je doutais que nous allions prendre tout le repas dehors, s'il fallait rentrer, j'aiderais les filles, Adeline n'était clairement plus en état, au lieu de manger, elle cherchait la bouteille d'alcool que Ludivine avait poussé sous la table le temps que nous fumions.
« On a du vin blanc ou du rosé, me dit Élodie. Toi tu peux encore boire, t'as pas l'air d'être soule.
- Je ne le suis pas, l'air frais de la soirée me fait du bien et manger encore plus. Ma foi, je me laisserai bien tentée par le rosé si quelqu'un d'autre en veux.
- Moi ! fit Adeline, moi j'en veux !
- Toi t'as assez bu, lui dit Élodie. Je vais en chercher pour Claire et mam Ludi.
- Pff ! Y'en a que pour Clairinette toute façon avec toi. »
Ne relevant pas la réflexion, Élodie se leva et je profitais de son absence pour mettre deux de mes rondelles de tomate dans son assiette en riant, Marie me regarda faire en souriant elle aussi. Bien que Ludivine n'était pas sa mère biologique, elle avait le même petit sourire indéchiffrable.
« C'est toi qui a payé pour le livre, me dit-elle voyant que je la regardais. Merci.
- Ta sœur m'a demandée de lui avancer l'argent et j'ai refuser qu'elle me rembourse donc c'est uniquement elle qu'il faut remercier. C'était son idée du début à la fin.
- Ouais, j'ai une bonne petite sœur, j'espère que t'en prendras soin. »
Je me dis que dans cette famille tout le monde nous voyait déjà ensemble, cette idée me dérangea un peu mais je me souvins des paroles d'Adeline : ''Ludi a ramené cette petite couverte de bleus de la tête aux pieds'', je me demandais alors ce qu' Élodie avait pu bien traverser dans son foyer. Elle revint avec deux verres et une bouteille de vin que je connaissais pour avoir l'habitude d'en prendre quand je voulais me détendre le week-end chez moi. Adeline disait qu'elle aussi en voulais, que Ludivine et moi faisions bande a part et que ce n'était pas cool, tout en dormant à moitié sur sa chaise. Ce fut l'une de rares fois où le Pilier était bourrée avant moi. Élodie servit le vin et tendis le verre à sa mère puis le mien. Au moment où j'allais m'en saisir, elle en bu un petite gorgée, je regardais alors Ludivine qui haussa les épaules et désigna Adeline du doigt comme pour me dire que c'était elle qui la laissait faire. Quand elle se fut assise de nouveau sur mes genoux je lui dis qu'elle ne devrait pas boire, c'était une mauvaise habitude. Elle me répondit que j'étais mal placée pour lui faire la leçon ce soir, elle n'avait pas tort. Nous décidâmes toutes ensemble de prendre la suite du repas à l'intérieur, Ludivine et Marie allaient cuisiner tandis que je m'occupais d'Adeline qui dormait à moitié tout en mangeant un peu, espérons qu'elle dessoule avant l'arrivée du dessert sinon tant pis pour elle. Les plats vide, les deux filles et moi nous mîmes à débarrasser la table alors que Ludivine rentrait sa petite amie qui voulait rester dehors. Élodie me dit que je pouvais profiter pour fumer, je refusais car je voulais l'aider, elle me sourit et fit le premier voyage avec Marie juste derrière elle. Leur petite dispute ne semblait pas avoir entamée leur complicité, j'en fus heureuse pour elles.
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AMOUR INTERDIT
Romanceune collégienne, une professeure, une famille un peu bancale... Et alors... Voyons où leurs vies trépidante va nous mener.